Cette année, nous célèbrerons le 70ème anniversaire des débarquements alliés sur le territoire français, qui à l’été 1944 ont permis de libérer la France et de mettre fin au 3ème Reich. Tout le monde connait la date du D-Day, du Jour le plus long, ce 6 juin 1944 où les alliés ont pris pied sur les plages normandes. Mais moins nombreux sont ceux qui connaissent l’histoire du débarquement en Provence, le 15 août 1944.
Mon grand père, Achille Reau, fait partie de la classe 1923. Fils de paysans, il s’engage en novembre 1923, part dans la cavalerie et va faire une belle carrière militaire.
Le 1er septembre 1939, deux jours avant que la France entre en guerre, Achille est promu sous lieutenant. Cette promotion est publiée le 15 septembre 1939 dans le Journal Officiel (1)
Le 1er janvier 1940, alors que la France attend, cachée derrière la ligne Maginot, Achille est affecté au 12ème régiment de cuirassiers, et part aux armées le 1er février 1940. C’est dans ce régiment qu’il va vivre la déroute de l’armée française en mai – juin 1940. J’ai quelques photos prises par mon grand père à cette période.
Les légendes sont celles écrites par lui à la main derrière les photos . Peut être un de mes lecteurs y reconnaitra t’il un de ses ascendants …
Rayé des cadres du 12ème cuir le 31 juillet, il reste en tant que civil dans l’administration de l’armée. En janvier 1941 il est affecté à l’Ecole de Cavalerie d’Alger comme adjoint administratif trésorier. Parti de Port Vendres, il arrive à Alger le 24 février 1941. Sa femme et ses trois filles le rejoindront quelques semaines plus tard. Il est promu au grade de lieutenant le 1er septembre 1941.
Le 8 novembre 1942 – 15 jours après la naissance de son fils Claude, né à Alger – les Américains débarquent à Alger, qui devient la capitale de la France libre. Achille est muté au 5ème régiment de Chasseurs d’Afrique le 12 août 1943 et prend le commandement provisoire de l’Escadron Hors Rang du régiment.
Mais revenons aux opérations de libération de la France.
Parallèlement à l’opération Overlord, qui va à partir de l’Atlantique reprendre le contrôle de l’Europe, les Alliés veulent attaquer à partir du Bassin Méditerrannéen. L’option Italie est abandonnée, au grand dam de Churchill qui la privilégiait, et les Alliés montent une opération de débarquement sur les côtes de Provence, à laquelle ils donnent le nom de Anvil Dragoon. Opération d’envergure, elle intègre une importante participation française, la 1ère armée française, commandée par le général Delattre de Tassigny. Sur les 11 divisions qui s’embarquent en Afrique du Nord à destination de la France, soit 350 000 hommes, 230 000 sont français.
Le 5ème Chasseurs d’Afrique appartient à la 1ère division blindée (1ère DB), au Corps de Combat 2 (CC2).
Du 1er au 4 juillet 1944, le régiment se rassemble à Assi ben Okba, dans la zone d’attente 1.
Le 1er août 1944, le matériel est embarqué sur plusieurs navires.
(2)
Mon grand père commande le Peloton d’approvisionnement en vivres. (2)
Il embarque le 8 août 1944.
Le 9 août à midi, le régiment est entièrement embarqué et la vie s’organise à bord. Le 10 août 1944, à 18h30, l’escadre quitte la baie de Mers el Khebir pour une destination inconnue. Le convoi longe les côtes d’Afrique, et passe le 12 août devant Alger. Le 13 août à hauteur de Philippeville, le convoi bifurque vers le Nord Est et remonte le long des côtes de Sardaigne et de Corse, à destination semble t’il de Gênes.
A 19 heures le 15 août, les bateaux jettent l’ancre face à la baie de la Nartelle, à Ste Maxime.
C’est à la Nartelle, sur une plage où j’ai quelques habitudes de vacances, que mon grand père a débarqué le 16 août 1944.
Ce monument, érigé en souvenir du 2ème RCA, un des autres régiments de la 1ère DB, débarqué au même endroit, je l’ai souvent vu sans savoir que c’était là que mon grand père avait débarqué.
En quelques jours, Toulon est libéré. La 1ère DB remonte le Rhône et sera la première armée à arriver au Rhin.
Le 5ème régiment de Chasseurs d’Afrique va gagner la Croix de guerre 1939-1945 avec deux palmes pendant la campagne de libération de la France.
En mémoire de ces hommes, de ces Français venus d’Afrique, de ces Algériens que la France a ensuite oubliés, de tous ces soldats des colonies françaises qu’on a utilisés avant de les jeter, je ne résiste pas à finir ce récit sur une strophe d’un chant militaire qui a symbolisé l’avancée de ces armées d’Afrique pendant la fin de la seconde guerre mondiale, le Chant des Africains.
» De tous les horizons de France / Groupés sur le sol africain / Nous venons pour la délivrance / Qui par nous se fera demain »
[Achille_Reau_Sosa_14]
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