Hasard ou prédestination ?
Quand je travaille sur l’arbre paternel de mes enfants, je rencontre régulièrement des branches familiales qui parlent à l’imagination de la petite fille ou de l’adolescente que j’ai été : les bourgeois parisiens qui ont côtoyé dans les études des notaires Voltaire, Diderot, ou le père du navigateur de Bougainville ; les ancêtres russes qui ont fui la révolution, comme les héros de Tant que la terre durera, la saga romanesque d’Henri Troyat, lue et relue ; et la branche néerlandaise, au 17è et 18è siècle, qui me rappelle Les Patins d’argent, un des livres fétiches de la petite fille que je fus.
Par TH Schuler — Numérisation personnelle, Domaine public, Lien
L’action des Patins d’argent, livre pour la jeunesse écrit en 1865 par une américaine, se passe au 19è siècle, dans une famille pauvre des Pays Bas. Les ancêtres de mon mari appartenaient plutôt à la bonne bourgeoisie, voire au patriarcat des provinces néerlandaises, et leur dernière représentante dans l’arbre familial, Jeanne Arnoldine Donker van der Hoff, a quitté son pays pour la France après son mariage en décembre 1812 à Amsterdam avec Alexandre Pelletier de Chambure. Le rapprochement que je fais entre mes recherches généalogiques et un roman pour enfants est semble t’il des plus hasardeux.
Et pourtant ….
Rassurez vous, les petits héros du livre n’ont rien à voir avec ma famille. En revanche, les patins à glace, de fer plutôt que d’argent, sont eux bien présents, du moins dans l’héraldique familiale.
Mais avant de parler blasons, rappelons à qui sont ces blasons.
La famille Patijn appartient à l’ascendance de la branche Karcher de mes enfants, depuis Jan Andries Patijn, qui quitta vers 1573 la ville de Rombeke, en Flandres, avec femme et enfants, pour rejoindre Haarlem et la communauté mennonite importante qui y vivait. Jan Andries Patijn était vendeur de liqueurs – les mennonites sont non violents, mais apparemment pas abstinents … – et appartenait à la congrégation mennonite Haarlem Flemish, selon l’Encyclopedie anabaptiste mennonite en ligne. Mais le mennonisme n’a pas duré longtemps dans cette branche de la famille, puisque le fils d’Andries, Daniel Patijn, sosa 2792 de mes enfants, épousa une bonne protestante, Jannetje van den Bergh, qui éleva leurs enfants dans la foi protestante traditionnelle, ce qui permit à son époux d’être inhumé le 21 mars 1681 dans la Grote Kerke d’Haarlem, l’imposante église qu’on peut encore admirer dans la ville.
Passionnantes origines qui me donnent envie d’en savoir plus sur ces époques où l’Occident cherchait de nouvelles façons de vivre sa foi, et qui ont fortement contribué à la construction de l’Europe et de l’Amérique.
C’est grâce à l’aide d’un membre néerlandais de Geneanet que j’ai pu trouver, sur internet, la numérisation d’un document très utile : Le Nederland’s Patriarcaat, qui reprend la liste des familles néerlandaises qui ont pendant un certain temps joué un rôle dans la vie du pays. Et j’ai eu la chance d’y trouver mes Patijn, comme mon correspondant l’avait mentionné dans son arbre.
J’ai retrouvé ma lignée Patijn dans les volumes 1 de 1910 et 9 de 1918, consultables en ligne.
Et j’ai découvert le blason de la famille.
En farfouillant sur le site Centrum voor familiegeschiedenis, un site incontournable si vous avez de la famille originaire des Pays-Bas, j’ai fait d’autres découvertes passionnantes.
Voici les armoiries de la famille Patijn
Le CBG me propose également différents sceaux aux armes des Patijn, dont celui de Giesbert Adrian Patijn, ci dessous, frère ainé de Maria Cornelia Patijn, l’ancêtre directe de mes enfants, celle avec laquelle ils quittent la lignée.
Je ne connais pas grand chose en héraldique.
Grâce à quelques sites spécialisés – mais comment faisait on de la généalogie avant internet, grands dieux ??? – je vois que la forme du blason des Patijn correspond à une forme en usage aux Pays-Bas à partir de 1688. Il s’agit d’un blason écartelé – c’est à dire composé de quatre quartiers. La traduction automatique de la légende en néerlandais est approximative, mais j’ai trouvé sur internet une explication en néerlandais des termes utilisés dans la notice.
Les armes, sur le bouclier, sont donc un blason écartelé avec en I et IV en argent trois fers à moulin noirs et en II et III en azur trois patins dorés. Voici mes patins, des patins à glace sur le blason d’une famille Patijn. J’ignore d’où viennent ces symboles, des ailes de moulin, des patins, mais ca fait très néerlandais tout ça. Et bien sûr, ca me plonge dans le souvenir de ce livre de mon enfance …
Je ne sais pas non plus à quoi correspondent vraiment les couleurs, ni pourquoi un casque, ni quand ces armes ont été attribuées, auquel de mes Patijn, pour quelle raison.
Mais je me suis régalée en écrivant cet article, et j’ai très envie d’en savoir plus à présent sur les lignées néerlandaises de mes enfants, mais aussi sur l’héraldique, une branche que j’ai pour l’instant totalement laissée de coté. Et pour cause, à part dans la famille maternelle de mon mari – mon vivier d’histoires un peu moins banales – il n’y a que peu de blasons dans mon arbre ….
Sources et liens
- Nederlands Patriciaat – Het Blauwe Boekje
- Site sur l’héraldique : Le hérault d’armes
- Origine des blasons et de l’art héraldique, par Michel Mauguin
- Wikipedia – NL – Wrong
- Global Anabaptist Mennonite Encyclopedy Online – The Patijn family
- Global Anabaptist Mennonite Encyclopedy Online – Haarlem
- Wikipedia – Anabaptisme
- Geschiedenislokal023.nl, un site sur l’histoire d’Haarlem à travers les sources des archives et des musées de la ville
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