Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres et moi échangeons beaucoup au quotidien sur notre pratique de la généalogie. Dernièrement, comme je cherchais comment mieux gérer les actes notariés que je récupère – que je collectionne, devrais je dire – et que je galérais à transcrire le contenu des armoires d’un ancêtre parisien, Sophie m’a expliqué qu’elle arrêtait de transcrire. Voilà, elle qui quelques années plus tôt m’avait persuadée de transcrire l’acte dans son entier – oui, même les chemises élimées – voici qu’elle est passée à une méthode plus pragmatique, qu’elle vous a décrite récemment.
J’ai mis en place il y a quelques temps une méthode un peu similaire, que je vous avais exposée lors du ChallengeAZ de 2016 : le résumé de l’acte.
Tout en continuant à transcrire en totalité certains documents – surtout les documents plutôt courts, je l’avoue – j’utilise régulièrement le résumé de l’acte pour les documents plus longs genre inventaire après décès ou contrat de mariage. J’y vois l’avantage qu’au lieu de me noyer dans les promettant, nonobstant et autres formules alambiquées, je cherche à noter tous les éléments importants pour mes recherches :
- les « coordonnées » de l’acte bien sûr, donc la date, le notaire, la cote
- les participants – avec leurs relations familiales telles que décrites dans l’acte
- tous les éléments chronologiques trouvés à un emplacement quelconque de l’acte
- les éléments principaux, et particulièrement tout ce qui concerne les papiers éventuellement mentionnés.
Voici par exemple le résumé que j’ai fait de l’inventaire après décès d’Anne Angéllique Goret, à Paris le 9 novembre 1747.
Au fur et à mesure que je trouve des documents, je vérifie si je les ai déjà répertoriés dans mon journal de recherches, présenté dans un autre article du ChallengeAZ. Si c’est le cas, je surligne le document, s’il ne m’était pas encore connu, je l’ajoute à mon journal de recherche, et je le souligne.
Une fois l’acte résumé, je copie l’information que je viens de mettre en forme dans la note de la source dans le logiciel Heredis.
Le résumé de l’acte se trouve dans le même répertoire que les photos de l’acte, et éventuellement les autres documents qui m’ont servi : la transcription, ou la carte mentale si j’ai eu besoin d’en faire une. Et comme je mets le résumé de l’acte dans les notes de la source, tout est exporté dans mon Gedcom que je mets ensuite en ligne sur Geneanet. Les cousins qui consulteront la fiche d’Anne Angélique Goret vont donc avoir la cote de l’acte et sa substantifique moelle.
Ne vous y trompez pas, je suis obligée malgré tout de lire tout le document, mais mon attention se porte sur le sens de l’acte, sur les points importants, et non sur les mots seuls, les formules juridiques ou la structure. Et si je décide ensuite de compléter ces résumés en faisant la transcription totale des actes que j’ai rassemblés, ce sera juste du bonus, une mise en pratique de mes cours de paléographie, pour le plaisir.
J’ai actuellement environ 170 actes déjà récupérés, sur les différentes branches de ma famille. Dans mon Journal de recherches, dans lequel je répertorie à la fois les actes à chercher, les actes trouvés, et où j’en suis de leur traitement, j’ai une colonne « Transcrit », qui peut recevoir différentes qualifications : Oui – Oui sauf quelques mots – En cours – A finir – A reprendre – Aide nécessaire – Résumé ….. Bref, un beau bazar. Si on part du principe qu’une transcription est terminée quand tous les mots ont été transcrits, pour les actes antérieurs à la révolution je n’ai pas un seul acte totalement transcrit …. Pourtant pour certains d’entre eux, je peux considérer que j’ai récupéré toutes les informations importantes. Alors ai-je vraiment tort de ne pas aller au bout et de me contenter de mon résumé aussi complet que possible ? Après tout, je ne prépare pas une thèse d’histoire, j’essaie juste de reconstituer l’histoire de la famille de mes enfants, pour pouvoir la transmettre et faire vivre le souvenir de leurs ancêtres.
Puristes de tous bords, rassurez vous.
Pour pouvoir résumer un acte il faut impérativement
- l’avoir lu, de la première à la dernière ligne, et donc oralement l’avoir transcrit, dans sa tête, avec quelques impasses éventuelles sur des mots non compris dans des passages descriptifs peu porteurs d’informations importantes
- l’avoir compris, avoir compris son objectif, sa structure, la volonté des participants de l’acte, ce qui implique là aussi de l’avoir lu en totalité
Alors oui, je ne fais plus forcément de transcription de A à Z de tous les actes notariés que je collectionne, mais quand j’ajoute un événement notarié dans Heredis, et que dans la source de l’événement, je note le résumé que je viens de faire de cet acte, même si l’étape « transcription » n’a pas été matérialisée, elle a bien eu lieu, et j’en ai récupéré ce qui est pour moi sa « sustantifique moelle ».
Laisser un commentaire