J’ai été invitée hier 5 décembre en fin d’après midi dans les locaux de Genealogie.com, société commerciale bien connue du monde de la généalogie. Toussaint Roze y rassemblait des acteurs du monde professionnel de la généalogie pour y présenter un nouveau service.
Après les remerciements à toute son équipe qui s’imposent dans ce genre d’événements , il nous a présenté le projet secret sur lequel ils travaillent depuis des mois – au moins – et qui avait été bien gardé : sous la nouvelle appellation de Filae.com, tout l’état civil français métropolitain, tel qu’on peut le consulter dans les archives départementales en ligne, a été indexé avec lien à l’image correspondante du registre.
Des écrans étaient à notre disposition, j’ai testé quelques recherches, et très vite j’ai abandonné le champagne et les petits fours pour retourner à la maison, devant mon écran, pour y tester en vrai les possibilités de ce nouvel accès.
J’ai depuis quelques mois mon arbre généalogique chez genealogie.com. La totalité de mon compte, mes accès délivrés, mon abonnement, mon arbre, tout a été correctement transféré sur Filae.com. Je ne me faisais pas vraiment de souci, c’est la partie très simple du changement de noms et de serveurs. Mais c’est toujours bien de vérifier que tout fonctionne.
Je me suis ensuite rendue dans la zone de recherche, pour essayer d’y retrouver quand et où Marie Lapouyade, épouse de Laurent Dabzat, avait bien pu décéder …. Et là, en quelques clics, j’ai retrouvé les données que je cherchais – et j’ai retrouvé un frère de Marie, et une orthographe variante du nom de sa mère, Anne Villotte, indiquée dans l’acte de décès comme Anne Violet, qui pourrait m’ouvrir d’autres pistes de recherche.
Si j’en crois mon fil d’actualité, je ne suis pas la seule à avoir fait des découvertes grâce à ce nouvel accès. Voici un petit florilège des réactions de la soirée.
Bien sûr, ca ne marche pas à tous les coups …
Pourquoi est ce que ça ne marche pas à tous les coups en fait ?
Précisons déjà que n’a été indexé que ce qui est numérisé et en ligne. Donc si vous cherchez quelqu’un dans une région où tout ou partie de l’état civil n’a pas été numérisé, par exemple mon arrière arrière arrière grand père Paul Moustelon à Tourouzelle dans l’Aude après 1880, vous ne pourrez pas le trouver, parce que la matière première, c’est à dire le registre numérisé, n’existe pas encore.
Ensuite, l’indexation n’est qu’une indexation, et il peut y avoir des erreurs de lecture, de transcription, ou tout simplement une orthographe défaillante de l’officier d’état civil qui a rédigé l’acte. J’ai ainsi mis la main sur l’acte de mariage d’un Alexandre Louis REAU – petite danse de victoire – qui en fait se nommait Alexandre Louis NEAU à la lecture attentive de l’acte, avec une majuscule prêtant à confusion. Donc si vous ne trouvez pas votre ancêtre, tentez des orthographes approchantes, utilisez le caractère joker * à la place d’une lettre qui peut poser problème …..
Enfin, votre ancêtre peut avoir vraiment disparu, être mort loin de chez lui, sans personne pour dire comment il s’appelait. Il peut être parti loin de l’endroit où vous le cherchiez, et se trouver dans l’Aude quand vous l’aviez rencontré dans le Nord jusqu’alors. S’il s’appelle Jean Martin, retrouver le bon Jean Martin dans les registres de la France entière peut s’avérer à peu près impossible ….
C’est aussi ça la généalogie, on ne retrouvera pas tout le monde, même si toutes les bases sont disponibles, en ligne et indexées.
Alors que penser de cette nouvelle avancée de la généalogie, que la technique et la volonté d’un petit groupe de passionnés ont rendue possible ?
Tout d’abord, oui, c’est payant, et c’est normal, non ? Bien sûr l’accès aux archives est gratuit, mais cet accès il existe toujours, sur les sites des archives départementales en ligne, comme avant. En revanche, le travail d’indexation, les serveurs, la matière grise qui a composé les programmes, l’infrastructure, tout cela a un coût, et tout ce qui a un coût doit avoir un prix. Ce prix, quand vous croyez qu’il n’existe pas, parce que vous ne déboursez pas d’argent immédiatement pour avoir accès à votre information, vous le payez à travers vos impôts, les écrans de publicité, votre abonnement internet, le billet de train pour vous déplacer dans la salle des archives. L’équipe de Filae a fait un énorme travail, à partir d’une volonté que Toussaint Roze affiche depuis longtemps, contre vents et marées. En conséquence, le fait que l’accès aux données soit payant me semble totalement logique. Quant au prix, de façon objective, il n’est pas exhorbitant. 7 euros par mois, c’est moins cher qu’un paquet de cigarettes, qu’une place de cinéma, qu’un livre de poche ou qu’un abonnement mensuel à un jeu en ligne.
Ma seconde interrogation concerne le rôle des associations en face de cette nouvelle avancée. On pourrait s’inquiéter de voir leur fonds de commerce disparaitre. Après tout, pourquoi adhérer à des associations partout en France, pour accéder à leurs bases de données, alors qu’avec un seul abonnement, on a la France entière? En fait, Filae n’a indexé que l’état civil disponible, donc que le 19è siècle, et la plupart du temps les associations ont plutôt travaillé sur les registres paroissiaux. Les deux approches restent complémentaires. Un certain nombre d’associations ont confié leurs bases de données à des sociétés commerciales de généalogie, et elles sont rémunérées par rapport à la base clients payante de ces sociétés commerciales. Donc quand vous prenez un abonnement payant à Filae ou Geneanet, vous participez un peu – un tout petit peu – au financement de toutes les associations qui leur ont confié leurs bases de données. Du coup, si vous ne pouvez plus vous permettre de rester abonné à telle association à cause du coût de votre nouvel abonnement Filae, dites vous – un peu hypocritement je l’avoue – que vous participez quand même encore un peu à leur financement.
Ma dernière réaction c’est l’enthousiasme que je ressens en voyant la vitalité, l’énergie et l’innovation dont font preuve les sociétés commerciales qui travaillent en France dans le domaine de la généalogie. Que ce soit Geneanet, Filae, Famicity, Heredis, Geneatique, et les autres, je pense que nous pouvons nous réjouir de leur existence et de leur travail. Si seulement des sociétés commerciales de cette ampleur existaient en Italie, en Espagne, en Suisse, en Belgique, en Allemagne, en Ukraine, je pourrais enfin travailler sur les branches exotiques de l’arbre de mes enfants. Alors au lieu de critiquer, comme nous aimons tellement le faire, si cette fois ci nous nous réjouissions ? Champagne …….
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