L’édition 2016 de la conférence RootsTech à Salt Lake City a fermé ses portes samedi 6 février. Cette année, ce sont plus de 25 000 personnes qui ont acheté un ticket pour au moins un des trois jours de l’exposition.
Même si la pratique de la généalogie est une des obligations religieuses des Mormons, qui ont créé la ville en 1847 et continuent à y être omniprésents, avoir autant de participants à une conférence de généalogie, c’est quand même une performance notable.
A titre personnel, c’est la seconde fois que j’assiste à RootsTech. J’ai appris de mon expérience de 2014, et cette fois ci j’ai pu profiter de la conférence d’une façon plus positive.
RootsTech s’articule autour de trois grands axes : des « keynotes » matinales, sortes de grands shows où des intervenants extérieurs, parfois sans beaucoup de rapport à la généalogie, s’adressent à une immense salle de 8 000 personnes, des conférences, beaucoup de conférences, sur des sujets autour de la généalogie, et enfin un salon d’exposition.
Aujourd’hui, je vous propose de vous raconter ce que j’ai pensé des keynotes de la conférence.
FamilySearch a cette année encore reçu avec beaucoup de prévenance les quelques Français présents, et nous avons eu droit pour le premier jour de RootsTech à une place au premier rang du carré VIP. Ce genre d’attention me met toujours un peu mal à l’aise, même si je reconnais que ca peut être agréable. Mercredi 4 février, j’étais donc au tout premier rang pour la seule keynote que j’ai vraiment appréciée, et à laquelle j’ai assisté de bout en bout. En même temps, quand vous êtes au premier rang, il vous est difficile de vous lever et de quitter la salle … du moins sans vous faire trop remarquer.
Mercredi, donc, après l’introduction faite par le patron de FamilySearch International, Steve Rockwood, c’est un biker qui a fait son entrée sur scène en Harley Davidson …
Stan Ellworth est une star dans le monde mormon. Il produit une émission qui raconte l’histoire des Etats Unis, sur la chaine BYUtv, chaine de télévision affiliée à l’Eglise des Saints des Derniers Jours. On peut donc être biker – ou s’en donner l’apparence – et historien – ou raconter l’histoire – , et travailler pour les mormons…. Décidément, le monde est plein de surprises.
L’intervention de Stan Ellworth n’a pas apporté grand chose, c’était plus un joli coup médiatique pour chauffer la salle, et à mon niveau, je reconnais que ça a réussi. Oui, voir à quelques mètres de moi dans une conférence sur la généalogie un biker arriver sur scène en Harley Davidson, j’ai été conquise. Il en faut peu, je sais, mais une bonne surprise c’est parfait pour lancer un événement public.
L’intervenante suivante, Paula Madison, nous a offert en revanche un moment digne de cette ouverture de conférence. Avec beaucoup d’émotion, Paula Madison nous a raconté comment elle avait, elle qui n’avait jamais fait de généalogie jusqu’à il y a peu de temps, retrouvé les traces de son grand père chinois, et pu rentrer en contact avec sa famille chinoise. Sa très belle histoire a ému plus d’une personne dans la salle. Et quand elle nous a expliqué qu’elle avait désormais pu remonter son arbre chinois, en suivant des documents écrits, plusieurs siècles avant JC …. les généalogistes présents ont tous été scotchés … et jaloux. Paula Madison, à travers son histoire touchante, a mis en avant l’importance de l’indexation. C’est grâce à l’indexation faite par des bénévoles que Paula Madison, un jour, a pu retrouver ses origines. Cette indexation de données venues du monde entier, c’est le coeur de la mission que FamilySearch s’est donnée, et l’histoire de Paula Madison était un exemple parfait de ce que cette indexation peut apporter à tout le monde.
Bruce Feiler, journaliste et écrivain, lui a succédé sur scène. Même s’il a fait rire l’assistance, puis l’a ensuite émue en parlant ouvertement de son combat contre le cancer – la relation de certains américains à leur vie privée n’a de cesse de m’étonner – son intervention a été longue, fort longue, un peu trop à mon sens. Son message était qu’il nous appartient, à nous qui racontons l’histoire de notre famille, de mettre autant en avant les malheurs de nos familles que leurs réussites. C’est à travers la connaissance des épreuves qu’ont traversées nos ancêtres que nos enfants trouveront les clefs de la résilience qui leur sera nécessaire leur vie durant. Si le message transmis était à mon sens intéressant, la forme et le discours bien bien long l’ont un peu desservi.
Je ne vous parlerai pas des keynotes de vendredi et samedi en détail. Disons que je suis restée en fond de salle, parce que les conférenciers ne me passionnaient pas. Tenir un blog sur lequel on met en ligne et en scène sa vie de tous les jours, et en venir à faire de l’argent avec, décidément ce n’est pas ma tasse de thé. J’avais donc très peu envie d’assister à la présentation de Love Tazza. Le couple n’était pas sur scène depuis cinq minutes que j’avais déjà quitté la salle. Néanmoins, leur présence était en phase avec le thème sous jacent et non officiel de cette conférence de 2016 : la journalisation de notre histoire quotidienne à travers Facebook, Instagram et autres applications de partage immédiat. Plusieurs fois, que ce soit lors de l’Innovator Summit mercredi ou en traversant le hall d’exposition, j’ai constaté que le nouveau dada technologique actuel, c’est la conservation des partages que nous faisons sur nos comptes sociaux, comme des éléments de notre vie et de notre histoire à conserver pour l’avenir …. Moi qui avais eu du mal il y a deux ans avec le Story Telling à l’américaine, vous imaginez à quel point la journalisation de notre histoire quotidienne m’a enthousiasmée …
Samedi, la conférence se terminait avec deux conférenciers célèbres ici : Mike Leavitt, ancien gouverneur de l’Utah, secrétaire d’état de Georges W Bush, et Doris Kearn Goodwin, historienne spécialisée dans les présidents des Etats Unis. J’avais très envie d’entendre parler Doris Kearn Goodwin, alors j’ai fait l’effort de venir et d’assister au début de la keynote. Mais Mike Leawitt était le premier conférencier sur place, et je ne sais pas encore ce qu’il voulait faire passer comme message. Il a proposé au public de choisir quelles anecdotes il nous conterait, en envoyant par SMS un chiffre à un numéro …. surtaxé ? Si vous voulez que je vous raconte comme on riait bien dans le bureau ovale avec W, tapez 1. Si vous préférez que je vous raconte comment on a gagné les JO d’hiver en 2002, tapez 2 …. Je résume avec un peu de mauvaise foi, mais j’ai rapidement quitté la salle.
Je suis revenue quelques instants plus tard pour écouter Doris Kearn Goodwin, qui n’a pas souhaité être enregistrée et rediffusée ….. Je suis perplexe, comment n’y a t’il pas une clause dans les contrats de ces conférenciers, disant que leur présentation sera retransmise et visible par tous sur YouTube ? Pourquoi acceptent ils de venir en exigeant des conditions spéciales ? Et pourquoi RootsTech joue t’il leur jeu ? Je suis d’autant plus perplexe que l’historienne, dont j’attendais beaucoup, a lu son intervention.
Une universitaire pure et dure, et pas du tout une show woman. Difficile de s’émouvoir ou de s’enthousiasmer. J’ai choisi de quitter la salle, bien trop déçue pour boire le calice jusqu’à la lie.
Comme tous les ans, les différentes keynotes ne se valent pas. La force d’une intervention, le souvenir ou l’inspiration qu’on en retire, sont dus uniquement au conférencier. En 2014, Spencer Wells était venu nous parler du projet The Human Journey du National Geographic, et il avait conquis la salle. En 2015, Tan Le nous avait parlé de sa grand mère et j’avais pleuré devant mon écran d’ordinateur. Cette année, c’est Paula Madison dont je vais garder l’histoire précieusement en mémoire, et c’est en pensant à elle que je continuerai régulièrement d’indexer sur FamilySearch ou ailleurs, et de mettre en ligne toutes les données généalogiques que je collecte.
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