L’histoire de la famille Reau en Gâtine poitevine commence avec l’arrivée, entre 1776 et 1784, de Pierre RAULT et Louise DIXNEUF, mes ancêtres à la 8ème génération, sur la paroisse de Gourgé. Avec leurs neuf enfants, dont l’âge s’étalait entre une vingtaine d’années pour la plus âgée et quelques mois pour la plus jeune. Ils ont quitté les environs de Cholet, dans le Maine et Loire, pour aller s’installer dans ce bourg de Gâtine.
Cette migration est un des mystères que j’essaie de résoudre depuis une dizaine d’années, je lui ai déjà consacré quelques articles.
Je ne sais toujours pas pourquoi ils sont partis. Il est probable qu’ils ont suivi une autorité religieuse ou civile, mais je n’ai pas encore découvert qui.
Une chose en revanche me semble sûre, ils ne sont pas partis à l’aventure sans savoir où ils allaient. Car ce n’est pas dans le bourg de Gourgé qu’ils ont posé leurs balluchons, mais dans une métairie le long du Thouêt, au sud de Gourgé, isolée en pleine Gâtine.
Début octobre, à l’occasion des Journées de la généalogie organisées par le Cercle Généalogique des Deux-Sèvres, à Saint-Maixent, je me suis enfin rendue sur place, dans ce lieu dit de la Gandinière, auquel les actes concernant la famille Reau sont attachés depuis leurs premières années sur place. C’est en parcourant en voiture ces toutes petites routes, où deux véhicules doivent être au pas pour se croiser, que j’ai enfin pris la mesure de l’isolement de la Gandinière.
Sur les cartes, on voit plusieurs bâtiments, on imagine un hameau.
Quand on arrive sur place, force est d’admettre qu’on n’arrive pas par hasard à la Gandinière. D’ailleurs le regard curieux, presque inquiet, que l’agriculteur sur sa bicyclette nous a lancé en nous croisant posait clairement la question : Qui diable êtes-vous et que faites-vous ici?
Je n’ai pas osé m’avancer davantage, aller au delà du panneau Propriété privée. Je ne m’étais pas annoncée, et personne n’était dans la cour, à qui j’aurais pu adresser la parole, à qui j’aurais pu dire que je venais pour la première fois sur les lieux où ont vécu mes ancêtres. D’ailleurs, quel accueil aurais je reçu ?
Alors, en bon généalogiste, j’ai voulu savoir qui occupait et cultivait actuellement les terres autour de la Gandinière. Combien de temps les descendants de Pierre et Louise étaient ils restés sur place ?
Je savais que leur fils Louis REAULT, mon arrière-arrière-arrière-arrière grand-père, y était mort à 85 ans, le 9 juillet 1848. Je savais aussi que son fils ainé, mon arrière-arrière-arrière grand père, François Louis REAU, qui y était né le 3 juin 1812, avait quitté la maison familiale probablement à l’époque de son mariage avec Marie Anne DELAITRE, le 9 novembre 1841, pour s’installer à La Peyratte, sur la rive est du Thouet, puis continuer plus à l’est jusqu’à Chalandray, où la famille a fait souche et où ses descendants cultivent encore des terres.
Mes ancêtres directs n’habitaient plus à la Gandinière depuis environ 1850, mais qu’en étaient ils de leurs cousins ?
Dans la lignée Reau, les épouses sont souvent fécondes, et faire la généalogie descendante des neuf enfants de Pierre Rault et Louise Dixneuf n’est pas un mince travail, même si certaines branches ont été partagées sur Geneanet. Alors j’ai parallèlement entrepris de partir du recensement de 1936, et de remonter la généalogie des familles qui habitaient alors à la Gandinière.
Il n’a pas été difficile de trouver la connexion avec mes ancêtres Pierre et Louise.
René BIRONNEAU, le chef de famille, est bien le descendant de Pierre Rault et Louise Dixneuf, par deux de leurs enfants.
Il m’a fallu un peu plus de temps – et de recherches diverses sur internet – pour identifier une des descendantes de René, la contacter, et apprendre enfin par son père que oui, l’exploitant actuel de la Gandinière était son cousin et que oui ils descendaient bien de René BIRONNEAU.
Imaginez mon émotion.
J’avais la preuve que la ferme de la Gandinière est exploitée sans interruption depuis environ 1780 jusqu’à nos jours par une même famille. 240 ans sans interruption.
Pour moi, c’est une première. Je n’ai pas retrouvé dans ma généalogie de racines nobles, de seigneurs anciens dont les héritiers occupent toujours le château ancestral depuis des siècles. Qui plus est, il s’agit d’une famille qui travaille sur des terres qui au départ ne leur appartiennent pas. Ils sont fermiers, métayers, laboureurs, mais pas propriétaires, sur les actes que j’ai trouvés. Une telle longévité sur des terres qu’on ne possède pas me semble exceptionnelle. Peut-être mon émotion est-elle trompeuse.
Pour travailler sur cette famille, j’utilise différents outils :
- une frise chronologique pour représenter la vie des différents membres de la famille, de 1780 à 1936
- une chronologie faite avec Xmind pour représenter tous les événéments concernant la famille, ayant eu lieu à la Gandinière, ou concernant des personnes vivant à la Gandinière
- un arbre généalogique descendant fait avec LucidChart reprenant les relations de tous ces cousins
Ce travail est encore en cours, mais il fera l’objet d’autres articles, pour vous le présenter, l’expliquer, et approfondir certaines découvertes faites en le préparant.
240 ans au même endroit, ce projet mérite bien que je lui consacre une série d’articles.
Quant à la petite idée de cousinade qui me trotte dans la tête depuis cette découverte, je vais la laisser reposer, et éventuellement grandir. Qui sait …..
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