Amy Johnson Crow, une généalogiste américaine, propose depuis plusieurs années aux généablogueurs d’écrire chaque semaine sur une année un article de blog sur un de leurs ancêtres. Ce défi d’écriture, très suivi, porte le nom 52 ancestors in 52 weeks. Je me suis laissée tenter cette année par la version allégée – en douze mois, soit sur l’année. Je vais essayer de vous présenter tous les mois cette année un des ancêtres de mon arbre.
Le thème de février, en anglais, est Branching Out, que Sophie Boudarel, du blog La Gazette des ancêtres, propose de traduire par Les ramifications. J’ai choisi de prendre l’expression anglaise dans le sens d’une branche/ramification (branching) qui « sorte » du territoire français (out). C’est assez fréquent dans ma généalogie paternelle, et dans la généalogie du père de mes enfants. C’est à la branche issue des Pays-Bas de l’arbre de mes enfants que je vais m’intéresser, en vous racontant ce que je sais de Daniel Donker van der Hoff, né et mort en pays flamand – Pays-Bas et Belgique – Sosa 174 de mes enfants, et dont une des filles, Jeanne Arnoldine, a quitté définitivement les Pays-Bas pour la France vers 1813-1814, après son mariage avec Alexandre Pelletier de Chambure.
Quand j’ai commencé à écrire mon article, je ne connaissais pas la date de naissance de Daniel, ni la date et le lieu de son mariage. A l’heure où j’essaie d’en finir la rédaction, je connais enfin le nom des parents de son épouse, leur date et lieu de décès, la date et le lieu de naissance des frères et sœurs de cette épouse, et de nouvelles pistes s’ouvrent devant moi pour continuer mes recherches. Mais il n’est de bonnes recherches que quand on prend le temps de se poser et de faire le point. Voici ce que je sais à ce jour de Daniel Donker van der Hoff.
Les ancêtres néerlandais de la famille Donker van der Hoff
Si j’ai pu remonter aussi loin l’ascendance de Daniel, c’est parce qu’il appartient à une famille connue et dont les origines sont très étudiées, la famille Patijn. Je vous en avais parlé dans l’article ci-contre.
Maria Cornelia Patijn, la mère de Daniel, est la soeur de Gisbert Adrian Patijn (1721-1790) et de Johannes Patijn (1723-1776), bourgmestre de La Haye. Dans la descendance du premier Patijn connu, le Sosa 5584 de mes enfants, on compte entre autres plusieurs ministres et premier ministre, quelques maires d’Amsterdam ou d’autres villes importantes.
Les parents de Daniel Donker van der Hoff se marient à Breda le 22 septembre 1748. L’époux est Mattheus Donker van der Hoff, il a 25 ans, l’épouse – Maria Cornelia Patijn – en a 18. J’ai trouvé en ligne dans les archives d’Amsterdam et de la province de Hollande du Nord un certain nombre d’actes notariés qui pourraient me permettre d’avancer dans l’ascendance de Mattheus, mais mes recherches sont ralenties par le fait que je ne lis pas assez bien le néerlandais pour bien comprendre la teneur d’un acte notarié.
Maria Cornelia Patijn meurt jeune, le 7 novembre 1764, à Haarlem. Elle n’a que 34 ans, et elle laisse au moins cinq enfants, qui sont encore en vie en 1778, quand leur père meurt :
- Susanna Everdina, née le 30 décembre 1749 à S’Hertogenbosch – Bois-le-Duc en français
- Cornelia Adriana, née vers 1752
- Daniel, le seul fils de la famille, né le 6 janvier 1756 à La Haye
- Theodora Johanna, née à Haarlem le 20 novembre 1757
- Johanna Maria, la plus jeune, née à La Haye, sans que j’ai encore pu retrouver l’acte de baptême.
J’ai retrouvé un nombre important d’actes notariés concernant la famille de Daniel aux archives de Noord-Holland, mais la barrière de la langue rend leur exploitation longue et compliquée.
J’ai malgré tout transcrit – en utilisant Transkribus, qui fonctionne plutôt bien sur le néerlandais du XVIIIe siècle, très bien écrit – le testament que dicte le 18 avril 1778, dans sa maison située au cœur du port de Haarlem – Mattheus Donker van der Hoff. Il n’a que 55 ans, mais il est semble t’il très malade, si on en croit sa signature tremblée et hésitante. Ses cinq enfants sont mentionnés dans le testament, ils vont hériter à part égale du patrimoine de leur père et de leur mère. Seule Cornelia Adriana est mariée. Daniel est mentionné comme étant avocat « Advocaat voor de Respective Hooren van Justitie », il a un peu plus de 22 ans. Le père de famille demande que soient désignés comme exécuteurs testamentaires et responsables du bon déroulement de la succession ses deux beaux-frères, Gisbert Adrian Patijn et Johannes Patijn, qui sont chargés de veiller aux intérêts des enfants mineurs – et qui sont d’ailleurs tous les deux les parrains de Daniel. Les deux dernières filles de Mattheus et Maria Cornelia sont probablement mineures en 1778, Theodora n’aura 21 ans que le 20 novembre suivant.
Quelques jours plus tard, le 30 avril 1778, Mattheus Donker van der Hoff décède, et il est inhumé le 1er mai 1778, dans la Grote Kerk, l’église centrale de Haarlem, dans la tombe 70 où son épouse repose probablement déjà.
Si vous visitez un jour Haarlem et la Grote Kerk, peut-être serez-vous impressionné comme je l’ai été devant toutes ces pierres tombales qui recouvrent la totalité du sol de l’église.
Légende :
1 – Le Sleepershoofd, sur les bords de la rivière Spaarne. C’est là qu’habite Mattheus au moment de son décès
2 – La Groote Kerk de Haarlem
3 – La JanStraat où travaille et vit Daniel autour de 1800
Daniel Donker van der Hoff, éléments de biographie
C’est à La Haye, dans la Grote of Sint Jacobskerk, que Daniel est baptisé le 7 janvier 1756. Ses parrains sont ses deux oncles maternels, Gysbert Adriaan Patijn et Johann Patijn.
Mattheus Donker van der Hoff est dans les affaires, probablement en lien avec la Compagnie des Indes, et il semble que la famille bouge un peu dans le pays – mais les distances entre les grandes villes des Provinces-Unies ne sont pas vraiment importantes, et une partie des transports de voyageurs comme de marchandises se fait par voie navigable, rivières et canaux.
Daniel a déjà deux sœurs aînées quand il vient au monde, et la maison est tenue par au moins une servante, Gertruida Goebbels, qui doit avoir une vingtaine d’années.
Si je connais Geertruida, c’est parce que quand elle va mourir à 87 ans, en février 1821, un des fils de Daniel, Ferdinand Théodore Donker van der Hoff, va faire passer un article dans le journal d’Anvers.
Après avoir servi mes parents et grands-parents fidèlement pendant plus de 70 ans est morte ce matin dans ma maison, après un lent déclin de ses forces, GEERTRUIDA GOEBELS, à l’âge juste atteint de 87 ans.
Geertruida, née vers 1734, a probablement commencé à travailler pour Mattheus Donker von der Hoff et son épouse Maria Cornelia Patijn, vers 1751, avant la naissance de Daniel. Sa présence constante dans la famille, et cette annonce, montrent l’attachement de la famille pour la vieille dame, un petit élément qui donne plus de poids et d’émotion au récit de leur vie.
Daniel a ensuite deux autres sœurs, Theodora Johanna et Johanna Maria. La famille habite à Haarlem quand le 7 novembre 1764, la jeune mère de famille, qui n’a que 34 ans, décède. Elle laisse son mari et leur servante avec cinq enfants, Suzanna 16 ans, Cornelia 12 ans, Daniel 8 ans, Theodora 7 ans et la petite Johanna.
Le père de famille ne se remarie pas.
En 1772, quand il atteint l’âge de 16 ans, si l’on en croit le Herenboek que j’ai consulté aux archives de Haarlem, Daniel devient ‘grote burger’ ce qui lui donne un rang de premier ordre dans la ville. Il est bien jeune pour un tel honneur, qui signifie qu’en tant que descendant de plusieurs lignées patriciennes des Provinces Unies, il est appelé à de grandes fonctions. Mais je n’ai pas trouvé pour l’instant d’information sur la façon dont le statut de bourgeois était attribué dans la ville de Haarlem. Peut-être un statu aussi cossu est-il dû aux origines de Daniel, dont un des ancêtres maternels, Hendrick van der Schalke, appartenait déjà à la classe patricienne de la ville.
Registre des noms des seigneurs du gouvernement de la ville de Haarlem, de ses ministres, et de leurs commissions, ainsi que d’un certain nombre d’offices et de bureaux au sein de celui-ci, Haarlem.
La même année, en juillet 1772, Daniel quitte Haarlem pour Leyden, où il fait ses études de droit à la célèbre université de Leyden, fondée en 1575, une des universités prestigieuses de cette époque.
Album Studiosorum Academia Lugduno-Batavae – éléments retrouvés par Yvette Hotlink, merci à elle
Cette thèse est dédiée à son père, ses deux oncles maternels, et un certain Caspar Byleveld, médecin, que je ne connais pas encore.
Au meilleur des pères, Mattheus Donker van der Hoff, autrefois centurion de la cohorte civile de Haarlem
A Gisbert Adriaan Patijn, docteur en droit, sénateur et échevin de la ville de Haarlem, et membre de son collège, qui supervise les affaires de la Compagnie des Indes Orientales, dont le siège est à Amsterdam, et en collecte les impôts.
A Johannes Patijn, docteur en droit, questeur général des impôts, échevin et consul de la ville de La Haye
A Caspar Byleveld, docteur en médecine mes oncles, qu’ils soient toujours honorés de mes hommages pieux et respectueux D. Donker van der Hoff a laissé flotté à l’aventure ces prémices sacrés
Traduction du latin mise en forme par Cécile du blog Jadis et Naguère. Merci à elle
Daniel Donker van der Hoff passe la première partie de sa vie d’adulte à Haarlem, où il occupe des postes à responsabilité, probablement des fonctions plutôt honorifiques.
Voici la fiche de Daniel Donker van der Hoff dans le Herenboek consulté aux archives à Haarlem.
En 1777-1778 Daniel occupe pour la première fois des fonctions de juriste à Haarlem. Il est « commissaris » dans la « kleine bank van justitie », c’est à dire la première juridiction de la ville. A cette même époque, il est mentionné dans le testament de son père, où il est indiqué qu’il est avocat dans la cour de justice de la ville.
En 1778, il est lieutenant dans la guilde de St. George – St. Jorisdoelen – Il y reprend probablement la place de son père. La guilde de St George est une des milices civiles de la ville, dont l’origine remonte au début du XVe siècle. Les différentes guildes de Haarlem assurent la défense de la ville, même si à la fin du XVIIIe siècle la fonction était plus honorifique que militaire. Frans Hals, peintre célèbre de Haarlem, a consacré plusieurs tableaux à la guilde de St George, vers 1650, qui sont pour la plupart exposés au musée Frans Hals, à quelques pas de la Saarne. Un des collatéraux des ancêtres de Daniel Donker van den Hoff, Abraham Cornelisz van der Schalke – probable cousin germain ou frère de Hendrick von der Schalke – figure sur le tableau de 1638, au second rang, le second à partir de la droite.
Appartenir à cette guilde, aussi jeune, avec le grade de lieutenant, montre que la position du jeune Daniel est plutôt bien assise dans la société de la ville.
Le 7 mars 1782, Daniel épouse à Bruxelles, dans la chapelle de leurs Hautes Puissances les Etats-Généraux des Provinces Unies, Marie Catherine Ernst, fille ainée de Johan Arnold Ernst.
Il est temps de parler un peu de l’histoire des Pays-Bas pour comprendre à la fois ce mariage et l’impact que l’histoire va avoir sur la vie de Daniel et de sa famille. J’avoue avoir eu du mal à m’y retrouver, et je continue à m’y perdre régulièrement.
Jusqu’en 1477, toute la partie de l’Europe formant actuellement les Pays-Bas, la Belgique, une partie du nord de la France et le Luxembourg a fait partie du Saint-Empire romain germanique, puis des Pays-Bas Bourguignons. Par héritage, ces régions passent à la maison des Habsbourg, et à Charles Quint.
Lorsqu’il abdique en 1555, Charles Quint lègue cette région à son fils Philippe à qui il donne ensuite l’Espagne.
Philippe II est alors roi d’Espagne, et les 17 provinces qui constituent les Pays-Bas sont connus comme Pays-Bas espagnols.
Une longue guerre de soulèvement – 1568-1648 – appelée la guerre des Quatre-vingts ans – est menée par une partie des provinces – avec Guillaume d’Orange à leur tête – contre la monarchie espagnole. C’est aussi en partie une guerre pour la liberté religieuse, puisque les provinces rebelles sont principalement les provinces réformées du Nord.
Dès janvier 1579, ce qu’on appelle désormais les Provinces-Unies – et qui correspond à une partie des Pays-Bas actuels, se constitue en nation indépendante, reconnue en 1596 par la France, puis enfin en 1648 par l’Espagne.
Après la guerre de Succession d’Espagne – 1701-1713 – les Pays-Bas espagnols sont cédés à la branche autrichienne des Habsbourg, et deviennent les Pays-Bas autrichiens, entre 1714 et 1794.
Marie Catherine Ernst est la fille du secrétaire de la légation des Provinces-Unies – qu’on appelle souvent par simplification la Hollande même si ce n’est qu’une des provinces – auprès du gouvernement autrichien des pays-bas autrichiens, dont la capitale est Bruxelles. Pour être clair, il est le secrétaire de l’ambassade des Provinces-Unies à Bruxelles, un poste relativement important. Son épouse Marie Catherine Bodde/Bodden/de Bodde – je travaille encore sur le sujet – est probablement originaire des Pays-Bas. Tous les enfants du couple naissent à Bruxelles. Marie-Catherine est l’aînée des enfants, comme l’indique l’acte de mariage, née probablement avant 1761, puisque Johanna Theodora, sa sœur, est née le 5 octobre 1761.
Il est probable que les familles Ernst / Bodde / Donker van der Hoff se connaissent. Un Johann Ernst qui pourrait être le père de Marie-Catherine apparait dans des actes notariés, concernant la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Les recherches continuent pour en savoir plus.
Depuis 1781, c’est l’empereur d’Autriche Joseph II qui est à la tête des Pays-Bas autrichiens. A une date encore inconnue, Johanna, la sœur cadette de Marie Catherine, épouse Ferdinand von Weissenwolf, qui appartient à la cour de l’empereur d’Autriche, et au moment de sa mort en 1813 sera le chambellan de l’empereur d’Autriche François Ier, père de Marie-Louise, future épouse de Napoléon Ier, et ennemi de la Révolution Française puis de Napoléon.
Johanna et Ferdinand ont une fille vers 1795, Maria Anna von Weissenwolf. Quand Maria Anna décède en 1866, ce sont ses cousins germains, les enfants de Daniel et Marie Catherine – et donc Jeanne Arnoldine, la sosa 87 de mes enfants – qui héritent de leur cousine.
Je vous avais raconté cette histoire d’héritage dans l’article ci-contre.
Mais revenons à Haarlem en 1782, quand Marie Catherine rejoint son domicile conjugal. Elle y trouve Geertruida Goebbels, la domestique fidèle de la famille, et peut-être aussi Théodora Johanna, la seule soeur encore non mariée de Daniel.
En 1783-1784, Daniel est échevin de la ville.
Son épouse met au monde Marie Magdeleine Gijbertine le 15 décembre 1782, qui comme tous les autres enfants est baptisée à la Waalse Kerk d’Haarlem, une église luthérienne dont le culte est célébré en français. Dans le milieu de Marie-Catherine et de Daniel, il semble qu’on parle français tout aussi couramment que néerlandais.
Le 20 avril 1784 est baptisée la seconde fille du couple, Catherine Everdine Theodore. Son parrain est son grand-oncle Everhard Donker van der Hoff, sa marraine sa grand-mère Marie Catherine de Bodden.
En 1785 et 1786, Daniel est à nouveau juriste auprès de la première juridiction de Haarlem.
le 18 décembre 1785, Marie Catherine met au monde le premier fils du couple, qui est baptisé – toujours à la Waalse Kerk – le 1er janvier 1786. On lui donne les prénoms de Marthe Matthieu Evrard.
En 1787, on trouve Daniel sur la liste des lieutenants de la guilde de Saint-George.
Le 17 avril 1787 a lieu la naissance à Haarlem de Jeanne Arnoldine Catherine Donker van der Hoff, qui porte les prénoms de son grand-père et de sa grand-mère maternels. C’est la Sosa 87 de mes enfants. Elle est baptisée le 22 avril 1787 à la Waalse Kerk. Ses parrain et marraine sont ses grands-parents maternels.
En 1788 et 1789, Daniel est sur la liste des juristes de la 1ère cour de justice d’Haarlem.
En 1793-1794, il est sur la liste des échevins de la ville.
Le 6 mars 1793 nait le second fils de Daniel et Marie Catherine, il est baptisé le 10 mars 1793 et reçoit les prénoms Daniel Ferdinand Théodore. Son parrain est Ferdinand von Weissenwolf, sa marraine Johanna Ernst, ce qui me donne une indication sur la date de leur mariage – avant mars 1793 – mais sans aucune idée du lieu.
Depuis quelques années, l’environnement politique a changé en Europe. En 1793, la Convention Nationale française déclare la guerre aux Provinces-Unies. Le général Dumouriez réussit à envahir le Brabant et la Hollande en 1795. Les patriotes néerlandais – aussi appelés bataves – se soulèvent et les administrations municipales sont modifiées. Le Herenboek d’Haarlem ne va pas au delà de 1794 mais il est probable que Daniel Donker van der Hoff n’a plus les mêmes prérogatives qu’auparavant. La République batave est proclamée entre 1796 et 1806.
Daniel et Marie-Catherine ont encore une fille, Cornelia Maria Johanna Catharina, qui nait le 10 décembre 1798 à Haarlem.
L’histoire européenne est agitée en ce début de 19ème siècle, et bientôt la jeune république batave est balayée par les armées de Napoléon, qui annexe tout simplement les Pays-Bas autrichiens qu’il transforme en départements et les Provinces-Unies en Royaume de Hollande à l’été 1806. A la tête de ce nouveau royaume se trouve Louis Bonaparte, le frère de Napoléon Ier. Et dans la suite des administrateurs de Louis Bonaparte, maintenant Louis Ier se trouve Claude Denis Bonaventure Pelletier de Chambure, inspecteur des postes, qui prend la direction des Postes du nouveau Royaume de Hollande et qui est en charge de réorganiser un service postal qui semble t’il n’est pas à la hauteur des exigences françaises.
C’est à cette époque – fin 1806 début 1807 – que Daniel Donker van der Hoff demande et obtient une audience auprès du nouveau roi. Il y obtient que son plus jeune fils, Ferdinand, 13 ans, soit intégré à la cour, en tant que page. Et il y demande pour lui une position plus rémunératrice. La lettre qu’il a adressée au roi a été conservée dans les archives du ministère des Postes, et j’ai pu la consulter – avec le rapport de Claude sur l’état des postes du Royaume de Hollande – aux Archives Nationales à Pierrefitte.
Monsieur Donker van der Hoff expose que depuis 25 ans il exerce dans la ville de Harlem l’emploi de Directeur des Postes et demande que dans la nouvelle organisation des Postes Sa Majesté veuille lui confier une place supérieure à celle qu’il occupe.
(emploi dans les postes)
A joindre aux papiers sur les postes.
Sire,
En répondant aux intentions que votre Majesté a bien voulu manifester à l’audience qu’elle m’a fait l’honneur de m’accorder, je prends la liberté de lui exposer que depuis 25 ans j’exerce dans sa ville de Haarlem l’emploi de Directeur des Postes et que cette place est loin de suffire aux moyens nécessaires pour soutenir ma nombreuse famille.
Déjà, Sire, Votre Majesté vient de placer au nombre de ses Pages le plus jeune de mes fils, j’espère que sa bonne conduite justifiera le choix que votre Majesté a daigné faire de lui.
Qu’il me soit permis, Sire, de réclamer encore un nouveau bienfait. L’habitude du travail, les connaissances que je me flatte avoir acquises dans les postes et le désir de donner à des enfants encore jeunes l’éducation qu’ils ont droit d’attendre de moi, tout me porte à recourir aux bontés de Votre Majesté et à solliciter près d’elle, dans la nouvelle organisation des postes qui doit avoir lieu, une place supérieure à celle que j’occupe. Ce sera Sire adoucir la position gênante où je me trouve, calmer mes inquiétudes sur l’avenir et me mettre à même de prouver mieux encore mon zèle et mon dévouement à Votre Majesté.
Daignez, Sire, recevoir l’hommage des sentiments du plus profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être,
Sire,
de Votre Majesté
le très humble et très fidèle sujet.
Signé D. Donker van der Hoff
Daniel est donc directeur des postes de Haarlem, probablement depuis 1780, et c’est ça bien plus que les fonctions honorifiques qui lui sont accordées, qui fait bouillir – difficilement – la marmite.
Daniel a t’il eu gain de cause ?
Il semble qu’il vive à Amsterdam en 1812, quand sa fille Johanna Jeanne rencontre et épouse Alexandre Pelletier de Chambure, le neveu du Directeur des Postes de Hollande. Pour que les jeunes gens se soient rencontrés et qu’on ait songé à les marier, c’est probablement que Daniel a eu la promotion souhaitée.
Et d’ailleurs, il est à Amsterdam en 1813, quand il fait paraitre un entrefilet dans le journal pour annoncer le décès de son beau-frère Ferdinand von Weissenwolf.
Les Français quittent les Pays-Bas en 1813, et le nouveau Royaume des Pays-Bas est confirmé lors du Congrès de Vienne, en 1815. Le Royaume des Pays-Bas englobe alors la future Belgique et le duché du Luxembourg.
Daniel est probablement à nouveau promu, directeur des Postes de la ville d’Anvers.
C’est là qu’il meurt le 6 juillet 1821, à l’âge de 65 ans. Son épouse Marie Catherine lui survit jusqu’en 1831, où elle décède dans la ville de Mons.
Plus de deux cent ans plus tard sont nés à La Haye, au hasard des mutations professionnelles de leur père, quatre descendants de Daniel Donker van der Hoff, dans la ville où il avait vu le jour en 1756. J’espère qu’ils auront l’occasion de lire l’histoire de leur lointain ancêtre, que je compte bien compléter un jour en retrouvant davantage d’actes notariés concernant cette branche hollandaise dont descendent aussi mes enfants.
Sources et liens
- Universitaet Leiden
- Wikipedia – Université de Leyde
- Google books – Dissertation Juridica Inauguralis de Daniel Donker van der Hoff
- Wikipedia – Garde civile de Haarlem
- Wikipedia – Etats généraux des Provinces-Unies
- Wikipedia – Provinces-unies
- Archives Nationales Pierrefitte – AN_AF_IV_1811
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