Nous avions quitté la famille Snejkovsky lorsqu’ils quittaient New York le 9 août 1919 à destination de Eddystone à bord du Vladimir (1).
Je vous emmène les retrouver à Constantinople, en 1922, lorsqu’ils obtiennent un laissez passer pour rejoindre la ville de Goldap, en Prusse Orientale.
Sur le site The Shiplist (2), j’ai appris que le Vladimir, le navire que commandait Michel Snejkovsky et qui a été le foyer de la famille pendant quelques années d’errance, a été vendu par la Russian Volunteer Fleet à Instanbul autour de 1920.
Istanbul, c’est le nom que porte depuis le 28 mars 1930 la ville de Constantinople (3), où la famille Snejkovsky réside, et où elle obtient un laissez passer – valable pour un seul voyage – pour se rendre en Allemagne y rejoindre de la famille.
En 1920 – 1922, Constantinople appartient à l’empire ottoman, qui a participé à la première guerre mondiale allié à l’Autriche Hongrie et à l’Allemagne. Sa défaite entraine le démantelement de l’empire. Les forces alliées, à savoir la Grèce, l’Italie, l’Angleterre et la France, occupent Constantinople. Un Bureau Interallié, composé justement de sections grecque, italienne, française et anglaise, contrôle les déplacements des étrangers, anciens ressortissants de pays ennemis. Une attention particulière est apportée aux anciens ressortissants de Russie, dont on craint toujours qu’ils soient des agents bolchéviques.
Michel Snejkovsky et sa famille ont obtenu un passeport provisoire auprès du consulat des Pays Bas. Depuis qu’ils ont quitté le Vladimir, ils ne sont plus reconnus comme citoyens russes. En effet, la nouvelle république soviétique ne reconnait pas la nationalilté soviétique aux émigrés, et la russie n’existe plus officiellement. A leur arrivée en France, quelques années plus tard, ils vont obtenir un passeport Nansen (5). Pour chacun de leur déplacement, qui vont être nombreux à travers l’Europe jusqu’à ce qu’ils arrivent en France où ils vont finalement rester, ils doivent multiplier les papiers, les documents, les démarches.
C’est grâce au laissez passer ci dessus que je connais quelques unes des étapes du voyage :
Départ de Constantinople le 8 avril 1922, à destination de l’Allemagne via l’Italie.
Entre le 30 avril et le 2 mai 1922 : différents tampons attestent du passage à Trieste : tampon italien, autrichien autorisant la traversée du pays, et visa du consul allemand indiquant comme but du voyage « Installation ».
Le 3 mai 1922, un tampon indiquant Salzburg confirme leur passage. C’est là que la famille va probablement entrer en Allemagne pour gagner Goldap, aujourd’hui en Pologne, mais appartenant à la Prusse Orientale en 1922. Si la famille avait pris un autre chemin, j’aurais probablement d’autres passages de frontières sur le laissez passer, mais ce n’est pas le cas.
Le 27 mai 1922, le tampon de la police de Goldap indique que la famille est arrivée à destination.
J’ai positionné ces différents repères sur la carte ci dessus. J’en conclus qu’il est probable que le passage entre Istanbul et Trieste a dû se faire par la mer. Michel avait probablement suffisamment de relations dans le milieu maritime pour trouver un passage pour sa famille et lui sur un navire quittant Istanbul. De Trieste à Salzburg, puis de Salzburg à Goldap, le voyage a dû avoir lieu en train via Munich, Berlin, Danzig ( Gdansk ) puis Goldap.
Si les conditions de ce voyage n’avaient pas été aussi dramatiques, pour cette famille à la recherche d’un lieu où reconstruire sa vie, cela aurait été probablement une superbe aventure …
[Michel_Snejkovsky_Sosa_8][Boris_Snejkovsky_Sosa_4][Adele_Kuehner_Sosa_9]
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