Ces derniers jours, j’ai repris l’analyse aussi rigoureuse que possible des premiers registres paroissiaux disponibles en ligne à Beaulieu-sous-Parthenay, à la recherche des patronymes que je trouve en descendant la piste des filles d’Helena : Chaignon, Imbert, Baudet, Bordier … principalement, et en transcrivant systématiquement les actes que j’intégre dans mon arbre.
Je vous avais déjà parlé de Laurant Chaignon, dans le premier épisode de cette saga généalogique.
J’ai reconstitué, petit à petit, une partie du parcours familial de Laurant Chaignon.
Il est mort le 24 décembre 1642, à l’âge approximatif de 75 ans, il habitait le village de la Peignerie sur la paroisse de Beaulieu-sous-Parthenay et a été inhumé dans l’église de Vouhé (1). Une inhumation dans l’église, cela n’est pas anodin.
Je lui connais trois enfants : Marie, Jehanne et Jacques, trouvés grâce au mariage de Marie Chaignon avec Pierre Brissault le 11 janvier 1638 à Beaulieu-sous-Parthenay (2).
pretre soubsigné pierre brissault avec marie
chaignon et ont esté a ce present Laurant
Chaignon pere de ladite marie Jacques et Jehanne
Chaignon [?] mathurin Conctale? notaire demeurant a
Saint Georges et autres qui ont declaré ne scavoir
signer fors les soubsignés
Signature R Archambault pretre
J’ai un léger doute sur le patronyme de l’époux, que je lisais dans un premier temps Lussault, mais j’ai trouvé trois enfants au couple, qui sont baptisés sous le nom de Brissault .. sauf bien sûr si j’ai mal lu le nom …
Pierre et Marie ont donc au moins trois enfants :
- Renée – baptisée le 7 août 1642, et dont les parrain et marraine sont Jacques Bordier et Jeanne Chaignon (3). La marraine est probablement la soeur de la maman, le parrain porte un patronyme que je retrouve ensuite dans mon ascendance. Est ce un indice ou une fausse piste ?
- Pierre, baptisé le 18 mai 1650, dont le parrain est Pierre Coutineau, époux de Michelle Baudet, et la marraine Françoise Thomas (4)
- Jean, baptisé le 20 juin 1655, dont le parrain est Pierre Renoys, officier de monseigneur le duc de la Meilleraye, et la marraine Jacquette Coutineau (5)
Jehanne, quant à elle, épouse le 13 février 1640 René Gaultier (6).
soubsigné espousé René Gaultier avec Jehanne
Chaignon et ont esté à ce présent noble nicollas
V? commandant de l’artillerie de france Laurant
Chaignon Berthelemy Gaultier, michel foucher
Jacques Chaignon Jehan Goudeau Anthoine Aln?
Louis Amyet François Paistrault Louys Olivier
Louis Vaslin Marie Chaignon Laurant ?
René et Jehanne Leigné Mathurine ???
Gaultier et Julien Gaultier et autres qui ??
???
Je pense qu’il s’agit bien de Jeanne fille de Laurant, même si l’acte n’est pas suffisamment explicite sur les liens de parenté entre les époux et les témoins. De cette union naissent deux enfants dont j’ai trouvé les baptêmes :
- Marie, le 13 juin 1643, dont le parrain est messire René Archambault, curé de Beaulieu, et la marraine Marie Boullié (7)
- René le 13 avril 1647 dont le parrain est Michel Renaudon et la marraine Françoise Thomas (8)
Le 30 juin 1648, René Gaultier, âgé de 40 ans, meurt à Beaulieu (9). L’acte ne précise malheureusement pas le nom de l’épouse éventuelle.
Voici à quoi ressemble la famille reconstituée de Laurant Chaignon.
Parallèlement, dans le même village de Beaulieu-sous-Parthenay, qui doit compter un maximum de 500 habitants à l’époque, voici à quoi ressemble la famille élargie de Jeanne Chaignon, mon Sosa 7295.
Si on compare les deux arbres, on trouve quelques noms communs aux deux :
- Louis Imbert, fils de Marie Chaignon et René Imbert, baptisé le 15 septembre 1657, a pour marraine Jacquette Coutineau
- Françoise Thomas, qui est la marraine de Pierre Brissault en 1650 et de René Gaultier en 1647, épouse également le 9 octobre 1645 un certain Jacques Chaignon, frère de Jeanne Chaignon. Oui, mais quel Jacques et quelle Jeanne ? Le patronyme de Thomas apparait assez peu fréquemment dans les registres paroissiaux de Beaulieu-sous-Parthenay au milieu du XVIIe siècle, il est donc vraisemblable qu’il n’y ait qu’une seule Françoise Thomas. Mais peut il y a voir plusieurs Jacques Chaignon et Jeanne Chaignon, frères et soeurs ?
Ma Jeanne Chaignon épouse le 31/05/1629 Gabriel Imbert. Ses frères Jacques, Léger, Michel, Jean et Jacques à nouveau sont cités dans l’acte de mariage, mais pas de père, pas non plus de Laurant Chaignon. Si on reprend la chronologie de certains événements, on fait des constatations troublantes.
- 11/01/1638 : mariage de Marie Chaignon, fille de Laurant Chaignon
- 13/02/1640 : mariage de Jeanne Chaignon, fille de Laurant Chaignon
- 24/12/1642 : inhumation de Laurant Chaignon
- 09/10/1645 : mariage de Jacques Chaignon avec Françoise Thomas
- 13/04/1647 : baptême de René Gaultier, marraine Françoise Thomas
- 30/06/1648 : décès de René Gaultier
- 31/05/1649 : mariage de Jeanne Chaignon avec Gabriel Imbert
- 18/05/1650 : baptême de Pierre Brissault, marraine Françoise Thomas
Alors je me demande si Jeanne Chaignon, « ma » Jeanne, quand elle se marie avec Gabriel Imbert en 1649, n’est pas la récente veuve de René Gaultier. Bien sûr, à ce stade de mes recherches, ce n’est qu’une hypothèse, mais après avoir épluché le registre de l’époque, il n’y a semble t’il à Beaulieu qu’une seule famille Chaignon autour de 1650. Ce n’est qu’une hypothèse, mais je vais me fier à mon intuition pour l’instant et partir du principe que le patriarche de tous ces Chaignon est bien Laurant Chaignon, mort en 1642.
Voici à quoi ressemble maintenant, après la prise en compte de mon hypothèse, la famille de Laurant Chaignon, dont je vous rappelle que l’épouse me reste inconnue.
Laurant Chaignon aurait donc eu 8 enfants parvenus à l’âge adulte …. Huit enfants dans la première moitié du XVIIe siècle, huit enfants de la même femme ? Une femme qui aurait accouché statistiquement une bonne douzaine de fois sur une période de plus de 15 ans, dans les conditions difficiles de cette époque ? C’est difficile à croire, possible certes, mais assez peu probable. Et si en fait les enfants de Laurant Chaignon n’étaient pas tous de la même mère ? Plus je regarde cet arbre et plus je doute qu’une seule femme soit la mère de ces enfants.
Et ce doute remet en cause le travail que je fais et que je vous raconte depuis quelques semaines. Je cherche en effet à reconstituer la descendance par les femmes d’une femme inconnue, qui fut l’épouse d’un certain Chaignon et la mère de Jeanne Chaignon, mon Sosa 7295, ma seule certitude. Je suis partie du principe que les soeurs de Jeanne étaient de la même mère qu’elle. Et à ce point de mes recherches, je n’en suis plus sûre du tout. Qui sont les soeurs utérines de Jeanne ? Marie Chaignon, qui a épousé René Imbert lors de la même cérémonie de mariage que celle de Jeanne et Gabriel, est elle bien sa soeur utérine? Et qu’en est il de la nouvelle Marie Chaignon, épouse de Pierre Brissault, que je viens à l’instant de rattacher à mon arbre? Est elle aussi une soeur utérine de Jeanne?
J’ignore si j’aurai un jour une réponse à ces questions.
Les archives des Deux Sèvres ont mis en ligne de nouveaux documents le 18 octobre, mais ces documents ne remontent pas assez loin dans le temps pour me permettre de retrouver un contrat de mariage ou un inventaire après décès concernant la famille Chaignon. Je ne sais même pas s’il y en a dans les minutes des archives notariales ….
Quelles conséquences pour mon analyse me direz vous ? Je vais continuer mon travail de recherches en le mettant à jour à partir des hypothèses que je viens de vous exposer et que je choisis de prendre en compte. Si je trouve un élément pour contredire mes hypothèses, je ferai machine arrière. Quant aux doutes sur l’épouse de Laurant Chaignon, je la garde précieusement dans un coin de ma tête, en espérant pouvoir résoudre un jour ce mystère. En attendant, je vais continuer de travailler sur la descendance féminine, si j’y arrive, des deux Marie Chaignon, soeurs au moins germaines de Jeanne …. Et si par miracle je retrouve une descendante féminine vivante d’une de ces branches, je lui proposerai de faire un test d’ADN mitochondrial pour savoir si son ancêtre féminine appartient à l’haplogroupe H5a2. Une réponse positive serait un élément supplémentaire indiquant que Jeanne et la soeur en question ont bien eu la même mère, alors qu’une appartenance à un haplogroupe différent confirmerait que Laurant Chaingnon a bien eu ses filles avec des épouses différentes.
Qui a dit que les analyses génétiques ne permettent pas de faire de généalogie ?
[Jeanne_Chaignon_Sosa_7295]
Sources et liens
- BMS Beaulieu-sous-Parthenay 1637-1665 – vue 148/157
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