A l’été 2015, j’ai fait tester mon ADN chez FamilyTreeDNA – enfin celui de mon frère – dont j’ai pu confirmer en 2016 en testant moi même mon ADN auprès de la même société lors de Rootstech 2016 que j’étais bien sa soeur ….
Voici ce que donne mon analyse autosomale chez Ancestry – notez que j’ai acheté le kit pour faire cette analyse lors de mon voyage à Salt Lake City, il n’est actuellement pas possible de le recevoir directement en France, pour une raison qui m’échappe.
Les résultats sont équivalents, même si ceux de FTDna et d’Ancestry ne sont pas totalement correspondants dans mon cas, ce qui ne m’étonne pas. La détermination des origines dans les tests autosomaux est faite en comparant l’ADN que vous envoyez en analyse avec des échantillons représentatifs mis en base de données par les sociétés qui font les tests. On teste l’ADN de la population considérée comme la plus « ancienne » de chacune des régions pour faire cette relation ADN-lieu d’origine, puis on teste votre ADN par rapport à cette base de données.
Par exemple, dans mon cas, 35% de mon ADN testé par Ancestry présente des correspondances avec l’ADN qu’Ancestry a noté comme étant plutôt d’origine ibérique, parce que c’est un ADN présent actuellement de façon dominante dans la population vivant en péninsule ibérique depuis un grand nombre de générations. Un grand nombre de générations, mais pas depuis les origines du peuplement de l’Europe.
En fait, quand on observe le graphique proposé par Ancestry, il ressemble fortement à mon arbre généalogique personnel, mis à part la tache – 34% quand même – sur les iles britanniques. En effet, la tache dite « espagnole » couvre tout le sud de la France jusqu’au Poitou. Ces deux répartitions entre l’Espagne et l’Italie sont tout bonnement ce que j’ai reconstitué à ce jour de mes origines lointaines.
Mais quid des iles britanniques ? Et pourquoi FamilyTreeDNA, qui procède selon le même principe, nous trouve t’il à mon frère et moi des origines scandinaves ?
Une analyse d’ADN autosomal sert principalement à retrouver des cousins potentiels vivants aujourd’hui, avec lesquels vous pourrez peut-être retrouver un lien de parenté et compléter votre arbre. C’est possible, ça m’est arrivé, comme je vous le raconte ici.
Mais comment en savoir plus sur ses origines, ou du moins l’origine de certaines branches précises de son arbre ? Pour cela il faut recourir à d’autres analyses : l’analyse du chromosome Y, qui vous permettra de remonter votre lignée paternelle, ce que je vous raconte ici, et l’analyse de l’ADN mitochondrial, qui vous permettra de remonter la branche agnatique de votre mère.
Je vous avais expliqué que j’ai la chance d’avoir pu remonter ma lignée maternelle par les femmes, de suivre mes XX en somme, jusqu’au début du 17è siècle, à probablement Jeanne Chaignon, épouse de Gabriel Imbert, dans le village de Beaulieu-sous-Parthenay, à quelques lieues de Parthenay, dans l’actuel département des Deux Sèvres, jadis province du Poitou.
Je retrouve cette famille jusqu’au milieu des années 1750, sur les terres du Duc de la Meilleraye, dont ils ont semble t’il été plusieurs fois métayers.
La piste des actes ne me permettra pas de remonter plus loin dans ma lignée agnatique, mais c’est déjà une belle précision: au plus loin que remontent les actes officiels, mes ancêtres féminines en ligne directe viennent de la Gâtine Poitevine.
Mais avant, puis je remonter plus loin dans le temps ?
C’est là que les résultats de l’analyse d’ADN mitochondriale, faite auprès de FamilyTreeDNA, interviennent. L’haplogroupe auquel ma lignée agnatique me fait appartenir est le H5a2.
Mais qu’est ce que le H5a2 ?
Notons déjà qu’il n’y a actuellement dans la base de données chez FTDna qu’une seule personne qui possède le même ADN mitochondrial que moi. Je l’ai contacté, il vit aux Etats Unis, et sa plus ancienne aïeule agnatique connue est une certaine Marie Bernardini qui vivait au début du 19e siècle en Italie, sans qu’il puisse pour l’instant m’en dire plus. Notre cousinage – parce qu’il est certain – est probablement bien loin dans le temps, nos arbres généalogiques ne vont pas nous permettre d’en retrouver la trace. Tant pis.
L’haplogroupe H5a2 est une mutation de l’haplogroupe H5, sur lequel on trouve un peu plus d’informations.
Voici une répartition actuelle de l’haplogroupe H5 dans la population européenne
Selon cette carte, environ 3 à 5% de la population française serait H5. Sauf qu’il n’y a pas eu d’étude suffisante en France pour qu’on puisse avoir de chiffres probants à mon sens …
Par curiosité, j’ai regardé qui parmi les gloires du passé appartenait à l’haplogroupe H5a2, ou plus communément à l’haplogroupe H. Voici les informations trouvées sur AncestralJourneys.org :
- Margrethe, alias Estrid, reine du Danemark au 11e siècle, appartient à l’haplogroupe H5a2. A un moment donné dans l’arbre généalogique humain, nous avons elle et moi une ancêtre directe féminine commune dans nos lignées agnatiques. Ou pour faire simple, Jeanne Chaignon, paysanne de Gâtine poitevine des années 1600, descendait par sa lignée maternelle directe de la même femme que cette Margrethe reine du Danemark dans les années 1000. Une ancêtre commune que je ne sais placer ni dans le temps, ni dans l’espace.
- Sven II Estriden, roi du Danemark, mort en 1074, appartient à l’haplogroupe H. Son ancêtre agnatique commune avec Jeanne a peut être vécu cette fois à la fin de l’âge de glace.
- En Suède, Birger Magnusson, mort en 1266, appartient lui aussi à l’haplogroupe H.
- Plus près de nous, on a déduit de l’ADN mitochondrial des descendantes féminines de la reine Victoria qu’elle appartenait elle aussi à l’haplogroupe H. Sur Geneanet, Olivier Soudet a remonté l’arbre généalogique agnatique de Victoria jusqu’au 13è siècle, à une certaine Agnès de Navarre de Blois, fille de Thibault IV de Champagne, roi de Navarre, comte de Brie, comte de Bar-sur-Seine. On n’est clairement pas en Allemagne, dans les terres des Sachsen-Coburg, dans ce milieu du Moyen Âge.
Est ce la présence d’un ADN mitochondrial H – et très probablement toutes les traces dans le reste de mon génôme qui vont avec – qui pointerait vers une origine en Scandinavie et dans les iles britanniques ? Ma compréhension des résultats des analyses génétiques est actuellement bien trop limitée pour que j’en sache plus. Je vais continuer à me documenter pour essayer de comprendre ce que les graphiques reçus veulent vraiment dire.
Si on remonte à l’origine de l’haplogroupe H, il serait le plus représenté en Europe, à hauteur d’environ 40% de la population. Là encore, j’attends des données portant sur plus de monde. L’origine de cet haplogroupe remonterait à environ 25 000 à 30 000 ans, ce qui le placerait avant le dernier âge glaciaire, qui a eu lieu entre 26 500 et 19 000 avant notre ère. Les populations humaines en Europe à cette époque avaient probablement trouvé refuge dans le sud de la France, en Espagne, en Italie. C’est probablement là qu’a vécue la femme dont descendent les porteurs de l’haplogroupe H, et donc de l’haplogroupe H5a2.
Brian Sykes, généticien qui a le premier travaillé sur l’ADN mitochondrial, a publié en 2001 un livre sur ses recherches, absolument passionnant, intitulé The Seven Daughters of Eve: The Science That Reveals Our Genetic Ancestry. La traduction de ce livre n’est pas disponible actuellement en France, mais j’ai pu me procurer la version Ebook en anglais sur un site de vente en ligne très connu.
Après avoir expliqué en détail pourquoi et comment il a commencé à travailler sur l’ADN mitochondrial, avoir expliqué ses recherches de façon claire pour la béotienne que je suis, Sykes expose la théorie qui a médiatisé ses recherches : presque toute la population européenne descendrait par les mères en ligne matriarcale directe de 7 femmes, 7 seulement, 7 clans correspondant aux 7 haplogroupes mitochondriaux qu’on trouve majoritairement dans la population d’origine européenne. Pour rendre sa présentation plus parlante, à chaque lettre caractérisant l’haplogroupe, méthode qui avait été mise en place par un autre chercheur en biologie, il a donné un prénom: Ursula, Xénia, Helena, Velda, Tara, Katrine et Jasmine.
Je descends donc d’Helena, représentation fictive d’une femme réelle, une seule, qui a réellement vécu il y a …. en gros 20 000 ans, juste à la fin de l’âge de glace.
Helena est née sur les côtes de la Méditerrannée, dans l’actuel Languedoc. Elle appartenait à une tribu de chasseurs cueilleurs, venus bien sûr d’Afrique via le Moyen Orient, mais avant la découverte de l’agriculture, que l’on date de l’haplogroupe J aussi bien au niveau masculin que féminin. Au plus fort de l’âge de glace, seules les côtes de la Méditerrannée étaient habitables. La glace et les terres gelées descendaient jusqu’à la hauteur de l’actuelle ville de Bordeaux. Avec le réchauffement de la Terre, peu à peu les glaciers ont reculé, et la tribu d’Helena s’est enfoncée dans les terres, pour venir s’installer dans la vallée de la Dordogne et de la Vézère. En art pariétal, c’est à dire quand on parle des dessins réalisés sur les parois des grottes par nos lointains aïeuls, -20000 c’est l’époque dite solutréenne, celle de la grotte de Lascaux, dans la vallée de la Vézère.
Les enfants d’Helena ont suivi l’impact sur Terre du réchauffement climatique, et ont petit à petit peuplé les contrées du Nord de l’Europe, jusque dans les Iles Britanniques, qu’ils ont atteint probablement vers – 12 000 , et en Scandivavie. Une de leurs branches s’est installée au Pays Basque, où l’haplogroupe H est semble t’il particulièrement présent.
Comment les filles d’Helena dont je descends sont elles allées de la vallée de la Vézère à la Gâtine, toute proche ? Sont elles restées là à essayer de survivre, pendant des milliers d’années ? Si tel est le cas, une analyse un peu plus conséquente des descendants des habitants de Gâtine montrerait peut être une proportion « importante » d’appartenance à l’haplogroupe H5a2.
Sont elles plutôt revenues lors des invasions vikings ? Ce serait aussi une explication non seulement pour mon haplogroupe H5a2, mais aussi pour mes origines « scandinaves » ?
Peut être en saurai je plus un jour ….
Helena, tout comme les six autres « filles d’Eve », n’était bien sûr pas la seule femme de sa tribu. Elle avait une mère avant elle, des cousines, d’autres femmes dans la même communauté qu’elle. Elle n’était pas une femme particulière à son époque. Elle a juste, par le plus grand des hasards, été la seule à avoir deux filles parvenues à l’âge adulte qui ont eu chacune une descendance ininterrompue de filles jusqu’à aujourd’hui, et jusqu’à ma fille, qui peut-être un jour transmettra son ADN à d’autres filles.
Cette notion de lignée ininterrompue de filles m’a interpellée, et je vous raconterai bientôt le résultat de mes recherches en généalogie descendante : Ma Jeanne Chaignon, combien a-t’elle aujourd’hui de descendantes porteuses de l’ADN mitochondrial H5a2 et susceptibles de le transmettre à leur tour. Les résultats vous surprendront, comme ils m’ont surprise.
En attendant, savez vous de quelle Eve vous descendez ? Avouez que même si ce n’est pas de la « vraie » généalogie, c’est intriguant et passionnant.
Note : Je ne suis pas une biologiste, pas une scientifique, je ne vous rends compte que de ce que j’ai compris. Si j’ai fait des erreurs, merci de m’en informer.
Sources et liens
- Forum Les couloirs du temps
- Site de Lascaux
- Site d’analyse génétique de Bryan Sykes – Oxford ancestors
- Haplogroup.org
- Wikipedia – Haplogroup H5
- Ancestral Journeys
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