Etape 1 – L’interface MyHeritage
En ce début d’année 2019, il est probable que de nouveaux généalogistes – ou juste des curieux – vont avoir fait un test récréatif d’ADN. Je ne reviendrai pas ici sur le débat de la légalité, de la pertinence ou du bien fondé de cette analyse. C’est fait, vous avez sauté le pas, et vous avez reçu vos résultats ….
Youpeeee …….
Vraiment ? Une fois passées vos interrogations sur vos prétendues origines géographiques – sur lesquelles j’ai déjà dit à quel point ce ne devait pas être une raison de faire un test – vous ouvrez la page des correspondances – parce que c’est LA partie sympathique voire passionnante de ces tests : retrouver grâce à vos lointains cousins aussi curieux que vous des ancêtres communs, potentiellement encore inconnus …..
Mais pratiquement, comment faire, quelles sont les différentes situations que vous pouvez rencontrer et comment pouvez vous les utiliser ?
Plusieurs personnes m’ont récemment demandé comment s’y prendre. Je vous propose donc sur les semaines qui viennent une série d’articles pratiques pour partager avec vous ma petite expérience sur le sujet, pour savoir ce que vous pouvez espérer trouver, à quelles questions vous pouvez éventuellement répondre – avec une probabilité de réussite plus ou moins forte, et comment vous y prendre.
Je suis toujours en phase d’apprentissage, parce que le sujet est en évolution constante, de nouveaux outils sont développés, qu’il faut apprendre à utiliser, mais les quelques petites choses que j’ai comprises pourront vous aider à entrer plus vite dans le vif du sujet.
Tous les exemples sont pris à partir de MyHeritage, qui semble avoir fait une grosse entrée auprès des potentiels clients français. Commençons donc aujourd’hui par faire le tour des fonctionnalités que MyHeritage vous propose.
Vue globale
Sur ce premier écran, vous trouvez une présentation globale de vos résultats ADN : les origines ethniques estimées par l’analyse, un récapitulatif de vos correspondances ADN – c’est à dire des gens ayant fait eux aussi le test et présentant sur une partie plus ou moins grande de leur genome une correspondance avec vous, indiquant que probablement, il y a quelque part dans votre arbre et le leur un couple d’ancêtres commun.
MyHeritage vous présente ensuite vos correspondances ADN, classées à partir de votre pourcentage d’ADN commun avec eux, dont est déduit un niveau de parenté.
Si comme moi, des membres de votre famille génétique ont été testés et que vous les connaissez, vous ne serez pas surpris de les trouver dans la sous rubrique famille proche. En revanche, si vous trouvez dès cet écran des correspondances dans la rubrique Famille proche ou Famille élargie, commencez par faire des recherches sur ces correspondances. Vous pourriez y découvrir des secrets de famille, y retrouver la trace d’un parent proche inconnu, bref, si vous devez faire une découverte majeure sur votre famille génétique proche, ce sont dans les cercles Famille proche et Famille élargie que vous trouverez les correspondances qui vous intéresseront.
Mais la majorité de vos correspondances apparaîtront dans le cercle Parents éloignés, ce qui ne vous empêchera pas d’utiliser ces correspondances pour lancer de vraies recherches généalogiques, parfois avec succès.
Les pays dans lesquels vivent actuellement vos correspondances ADN sont indiqués sur une carte. Si vous souhaitez commencer à étudier vos cousinages possibles par vos compatriotes, cet écran est pour vous.
Sur le même principe, MyHeritage vous propose une distribution de vos correspondances ADN par « origines ethniques » si d’aventure vous en trouvez l’utilité.
Origines ethniques
MyHeritage vous présente ensuite vos « origines ethniques ». Vous pouvez à partir de cet écran visualiser à nouveau la vidéo d’introduction. Vous pouvez également afficher sur cette carte le nombre d’événements de votre arbre généalogique ayant eu lieu dans chacune des zones – si bien sûr vous avez un arbre généalogique sur MyHeritage.
A titre de comparaison, voici l’analyse « ethnique » que me propose Ancestry, avec exactement le même échantillon d’ADN, puisque les données traitées par MyHeritage sont celles que j’ai importées après analyse et traitement chez Ancestry … Je vous laisse juger de la pertinence actuelle de ce genre d’analyse.
Correspondances ADN
C’est sur le troisième écran que vous passerez probablement le plus de temps, celui de vos correspondances ADN. Par défaut, elles sont classées par ordre descendant selon votre ADN partagé.
J’ai saisi une partie de mon arbre dans MyHeritage et j’ai relié ma famille aux tests ADN pratiqués. MyHeritage calcule à partir de nos correspondances génétiques ma relation estimée – 1 – et précise la relation familiale que j’ai indiquée dans mon arbre – 2 – .
La notion d’ADN partagé – 3 – est déterminante pour vos recherches. Vous voyez que j’ai 49,6% d’ADN commun avec maman – donc je déduis que je dois en avoir 50,4% avec papa – et j’ai 40,5% d’ADN en commun avec mon frère et 38,3% avec ma sœur. Mon frère a un peu plus d’ADN commun avec maman – 49,8% – et un peu moins avec ma sœur – 36,8%. Quant à ma sœur, elle a exactement 50% d’ADN commun avec maman.
La répartition génétique qui est faite au moment de la conception, entre les gênes du père et ceux de la mère, n’est pas une opération mathématique exacte : on reçoit en gros la moitié – de façon aléatoire – des gênes de chacun de ses parents. Les termes « en gros » et « aléatoire » soulignent bien le caractère imprécis et hasardeux de cette répartition.
A chaque nouvelle conception, une nouvelle répartition génétique est faite, qui ne prend pas les mêmes segments génétiques chez chacun des parents, ce qui explique les variantes multiples d’ADN partagé entre chaque membre d’une fratrie, et entre chacun d’eux avec chacun de ses parents biologiques.
Autre notion qui va avoir de l’importance, celle de Segments partagés. – 4 – Rappelons comment se transmet l’ADN. Au départ, vous recevez la moitié de votre ADN hors chromosome 23 – le chromosome qui porte la différenciation sexuelle – de chacun de vos parents, soit 22 segments de votre père, et 22 de votre mère. Mais l’ADN de vos parents, que vous recevez pourtant a priori comme un tout, est composé de l’ADN de ses propres parents, composé de l’ADN de leurs parents, et de leurs grands parents, et ainsi de suite sur globalement 6 ou 7 générations de façon à peu près identifiable. Quand cet ADN vous est transmis, il se sépare à nouveau pour ne vous donner que certaines parties du tout. Un petit bout de l’ADN du père inconnu d’Edvige Colnay, mon arrière arrière grand mère maternelle, est probablement encore quelque part sur l’ADN de maman, et peut être encore en proportion infime sur celui de mon frère, de ma sœur ou le mien. Cet ADN qui semble un tout quand je le reçois de mes parents est en fait une mosaïque de l’ADN qu’elle a reçu de façon aléatoire de ses parents avant elle, et dont elle me transmet la moitié. Quand la cellule sexuelle – ovule ou spermatozoïde – se forme, cette moitié de génome – ces 22 segments de génome correspondant à 22 chromosomes qui vont former la moitié de l’ADN du futur bébé – a été recomposée à partir d’une mosaïque d’éléments, recombinée à l’infini …. Et c’est cette recombinaison qu’on voit dans chacun des enfants d’une fratrie.
Alors oui, mon frère, ma sœur et moi avons bien 22 segments en commun avec maman, mais nos segments communs sont le résultat d’une recombinaison totalement aléatoire. –5–
Là je sais que je vous ai perdus – je me suis un peu perdue aussi … – mais cette notion de segment partagé pourra nous être utile plus tard, lors de nos « travaux pratiques ».
Vous avez sur la droite de l’écran, en haut, des options de filtre, de tri et de recherche. Utilisez les au maximum, vous pourriez vite être dépassé par le nombre de vos correspondances … et ne plus savoir par quoi commencer.
Examiner une correspondance ADN spécifique
Entrons dans le vif du sujet avec les correspondances ADN individuelles.
Plusieurs rubriques sur cet écran :
- Un premier cartouche avec vous à gauche – vous serez toujours indiqué à gauche lors de toutes les représentations – et votre correspondant à droite : ses informations patronymiques, ou son pseudo ; les informations de la personne qui gère son ADN; son appartenance ou non à un arbre en ligne sur le site, avec accès à cet arbre, un bouton de contact et la possibilité de prendre des notes, qui vous resteront personnelles.
- Le second cartouche présente votre relation « estimée » à partir de votre correspondance ADN, exprimée en nombre de segments et en cM ou centimorgan.
- Le cartouche suivant compare les noms des ancêtres que vous avez mentionnés dans votre arbre avec ceux communiqués par votre lointain cousin. Vous pourriez avoir une bonne surprise et retrouver facilement votre lien à partir de cette information.
- Vient ensuite un cartouche indiquant les lieux de vie de vos ancêtres. A chaque lieu est associé un ou plusieurs patronymes. Tout dépend bien sûr des informations entrées dans l’arbre de votre correspondance – et des votres.
- Le cartouche suivant concerne les Correspondances ADN partagées, et c’est l’outil qui va vous être clairement le plus utile si vous n’avez aucun indice vous permettant de lancer votre recherche.
Les correspondances d’ADN partagés sont des personnes génétiquement liées à vous et à votre correspondance ADN. Les résultats d’ADN partagés peuvent accroître la confiance dans votre lien d’ADN et vous aider à apprendre de quel côté de la famille votre lien ADN est rattaché à vous. ( Extrait de l’aide MyHeritage)
Cet écran est fondamental pour vos recherches futures, si vous n’avez aucune vraie piste. A gauche, les données qui vous concernent, à droite, les données de votre correspondance, et en dessous sont listées les correspondances communes. C’est le petit symbole de triangulation, à droite, qui va vous intéresser. Il signifie qu’il est hautement probable que vous êtes trois – vous, votre correspondance, et la troisième personne, à partager un couple d’ancêtres communs. Intéressant, non ?
Sur l’écran ci dessus, que j’ai pris dans les résultats de mon mari, et sur lequel je travaille en ce moment, les cinq personnes concernées – mon mari, et chacune des quatre correspondances – partagent en fait une seule et unique triangulation. Quelque part, il y a un couple d’ancêtres communs à nous cinq, qui nous attend.
Lors du prochain article, je reviendrai justement sur cette recherche, pour vous expliquer comment j’ai retrouvé le premier couple commun pour les deux cousines issues de germain, qui partagent 433 cM, sachant que seule l’une d’elle avait un arbre en ligne, sans accès aux vivants. L’aventure continue …
Laisser un commentaire