Jusqu’au début de l’année 2013, j’étais une généalogiste « virtuelle », je me contentais de visiter assidûment les différentes archives en ligne, aussi bien celles des départements français que les archives indexées mises à disposition par FamilySearch. La grande profusion des sources en ligne auxquelles nous avons accès en France permet de travailler et d’avancer sur son arbre pendant très longtemps et de toujours faire plus de découvertes. Je ne parle même pas des associations et des bases de données, ou des sites tel Geneanet, non juste avec les archives en ligne, avant d’être dans une impasse pour toutes les branches de son arbre, on a de la marge.
Depuis le début de l’année, j’ai commencé à sortir de mon antre – enfin, du confort douillet de ma maison – pour aller voir ce que je pourrais gagner à hanter les services d’archives. Cela ne s’est pas fait tout seul, même si je suis une habituée des bibliothèques – municipales, universitaires ou même nationale – je n’avais jamais fréquenté de services d’archives et j’étais un peu hésitante.
J’ai trouvé la motivation nécessaire en participant à un stage de la Revue Française de Généalogie, au cours duquel nous avons eu droit à une visite privée des magasins au Service Historique de la Défense. C’est la vue de tous ces vieux documents témoins physiques des temps passés qui a été le moteur pour moi. Il ne suffit pas à mon sens d’avoir envie d’en savoir plus sur sa famille pour franchir le pas. Il faut trouver la clef qui nous donne le courage d’entrer dans un monde inconnu aux coutumes que nous ignorons.
J’essaie d’aller deux fois par mois pour l’instant faire des recherches dans un service d’archives de la région parisienne. Actuellement, voici quels sont pour moi les points positifs de chacune des deux méthodes de recherche.
Pour les archives en ligne
- disponible à toute heure, selon notre désir : pour les insomniaques, les couche tards et les lêve tôts
- dans le confort et la sécurité de notre maison, avec notre tasse de thé ou de café près du clavier
- avec notre ordinateur, celui où on a toutes nos données, sans synchronisation ratée, sans connection en 3G hors de prix ou brouillée
- pas ou peu coûteux
- pas de problème d’intendance : on sait où est le pipiroom, le restaurant pour la pause déjeuner, la machine à café, la réserve de chocolat pour les cas graves
- pas de limitation aux données consultées
- on peut passer du coq à l’âne : une heure ici, dix minutes là et entre deux si je lançais une machine ou si j’allais nourrir les chats ..
Pour les archives papiers
- l’odeur des vieux documents
- l’émotion qui nous saisit quand on touche un document que notre ancêtre a signé en 1750, le lien physique qui se crée à cet instant
- des documents différents qui apportent un éclairage plus personnel, une connaissance plus profonde de ceux qui nous ont précédés : actes notariés, documents militaires ou judiciaires
- des archivistes, c’est à dire des spécialistes qui sont là pour nous aider à nous y retrouver, à apprivoiser les lieux et les instruments mis à notre disposition : terminaux, instruments de recherche
Je ne vais pas faire de liste Contre ou Moins pour chacune des deux catégories, tout simplement parce que chacun des arguments positifs que j’ai avancés ici correspond à un argument négatif dans la colonne opposée.
Je suis une novice, une grande novice, j’ai encore beaucoup de progrès à faire avant de pouvoir vraiment profiter de chacun de mes déplacements dans les services d’archives de la région parisienne. J’ai pour l’instant dompté l’aspect matériel : le trajet, l’inscription, les conditions matérielles – emporter son sandwich quand on va au SHD, toujours garder son écharpe ou son gilet, avoir un cadenas spécifique pour l’ordinateur, des feuilles volantes et pas un cahier, un crayon et pas un stylo. Je commence à me sentir moins empruntée quand je vais chercher le gros carton que j’ai réservé …..
J’ai découvert que comme pour un grand voyage au bout du monde ou une expédition scientifique, la clef absolue du succès lors d’une visite en archives, c’est la préparation : tout doit avoir été pensé avant : qu’est ce que je cherche exactement, quels sont tous les renseignements que j’ai déjà, quels sont les instruments de recherche qui sont disponibles en ligne et ai je bien compris comment ils fonctionnent. Et bien sûr, il faut avoir lu patiemment tout le règlement de la salle d’archives en question, une grande partie des renseignements dont on aura besoin sur place est déjà écrite là, de façon très claire.
Une visite mal préparée, c’est la presque certitude d’en revenir déçu, d’avoir le sentiment d’avoir perdu son temps.
Un jour, plus tard, dans un an ou deux, j’espère aller faire un tour en province, là où mes ancêtres sont nés, pour éplucher les registres notariés et aller plus loin dans la connaissance de leur vie. Mais avant de me lancer, j’ai besoin de me sentir prête. Pour l’instant, c’est loin d’être le cas.
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