Aucun thème précis pour cette nouvelle participation du blog au Challenge AZ initié par Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres, juste une promenade à la rencontre de personnes ou d’anecdotes rencontrées au cours de mes recherches
Le 29 janvier 1689 se réunissent à Paris devant Jean Lecamus les parents et amis de la jeune Marguerite de Lafontaine, orpheline de 12 ans.
Marguerite est la fille de Marc de Lafontaine et de Marguerite De Guelin, qui se sont mariés le 14 mai 1673 à Choue, dans le Loir et Cher. L’enfant est née le 30 juillet 1676 à Mondoubleau – Loir et Cher. Elle est la seule héritière de ses parents. Son père Marc est décédé à 36 ans environ à Mondoubleau.
Pour nous y retrouver, reprenons mon schéma de la descendance de la famille de Moucheny. La position dans la famille de Marguerite y est indiquée en rose, les fiches des personnages qui vont être présents dans cet article sont indiquées en jaune orangé.
Séverin Rousseau est le tuteur de la jeune Marguerite. Souvenez vous, nous l’avons déjà évoqué il y a quelques jours, quand il souhaitait emprunter 1300 livres pour les frais de justice de son fils.
Aujourd’hui, il a réuni quelques parents de Marguerite, pour obtenir l’autorisation d’emprunter au nom de sa pupille une somme de 1000 livres pour payer des frais de réparation dans un immeuble qui appartient pour moitié à la jeune fille.
Sont présents
- Estienne Thomas, notaire au Chatelet et cousin paternel –
- Nicolas Chuppin, cousin germain du père de l’enfant, controleur du marc d’or et échevin de Paris
- Pierre Chuppin, cousin germain du père de l’enfant, notaire au Chatelet
- Simon Langlois et Jean Langlois, marchands, cousins germains du père de l’enfant
- Charles Rousseau, avocat, fils de Séverin Rousseau, et cousin germain de l’enfant
Deux autres personnes, nommées comme amis, sont aussi présents, que je ne sais pas rattacher à l’arbre.
On apprend dans l’acte que Marguerite est propriétaire – par le biais de l’héritage de son père Marc – de la moitié d’une maison
15 […] une maison
16 seize a paris a la pointe st eustache rue comtesse
17 d artois appartenant a ladite mineure pour moictyé et
Cette maison, je l’ai déjà évoquée dans l’article consacré à Mathurin Delafontaine, le grand père de Marguerite, c’est la maison dans laquelle Mathurin de Moucheny et Anne de Verton, les arrières grands parents de Marguerite, tenaient boutique et habitaient.
Mathurin de Moucheny qui tient boutique rue comtesse d’Artois, à proximité de la Pointe Saint Eustache.
Ma curiosité est éveillée. A qui appartient la seconde moitié de la maison? Ce sera l’objet d’une autre recherche.
La maison a besoin de réparations, qui seront faites – ou ont été faites ? – par Nicolas Berthier, maitre maçon, pour des
13 ouvrages de maconnerye, charpenture, menuiserye,
14 serrurerye, plomberye, peinture et ? faicts
15 par Nicolas Berthier maitre maçon […]
et la facture pour la part de Marguerite s’élève à 1173 livres douze sols 4 deniers.
Séverin Rousseau demande donc à la famille représentée de la jeune Marguerite l’autorisation d’emprunter à rente une somme de 1000 livres, qui avec les revenus de la petite fille permettra de payer sa part. L’autorisation lui est donnée immédiatement.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Claude Goret, l’oncle par alliance de Marguerite, intervient presque immédiatement. Il n’a pas été convoqué lors du conseil du 29 janvier 1689, et ce n’est visiblement pas une omission.
Le 4 février 1689, Claude Goret se présente devant Jean Lecamus pour lui présenter une requête. Il explique que quand son jeune beau frère Marc de Lafontaine est mort à Mondoubleau, le 19 novembre 1686, Nicolas Chuppin et lui-même ont fait une procuration pour que soit mise en place pour la petite fille une tutelle commune assurée conjointement par Séverin Rousseau et Claude Goret, les deux oncles de la petite Marguerite. Mais Séverin Rousseau, qui s’est rendu sur place, et qui semble t’il connait du monde à Mondoubleau – encore une piste à creuser – avait obtenu sur place que lors de la rédaction de son testament, Marc de Lafontaine nomme Séverin seul tuteur de sa fille. L’acte de tutelle n’est pas très clair, il va falloir que je récupère ce testament – dont j’ai trouvé la trace au CARAN – mais il semble que Séverin Rousseau s’est débrouillé pour mettre la main sur l’héritage de sa nièce en devenant son unique tuteur.
Quand Séverin Rousseau décide d’emprunter 1000 livres sur le compte de tutelle de Marguerite, Claude Goret intervient en urgence pour protéger l’avenir et la fortune de sa nièce. Il fait convoquer les cousins germains de sa femme, Nicolas, Jean et Pierre Chuppin, et les époux des cousines germaines et obtient d’eux qu’une modification importante soit apportée à la tutelle de la petite fille.
Le 10 fevrier 1689, un avis est rendu pour modifier la tutelle.
(1)
Sentence sur l advis
des parens de marguerite
De lafontaine
du 10 fevrier 1689
1 Veu la Requeste a nous presentée par Claude Goret bourgeois
2 de paris a cause de Geneviefve de la fontaine sa femme oncle
3 de marguerite de lafontaine fille mineure de deffunct
4 marc de lafontaine et _ guelin ses pere et mere
5 ?? ordonner que les parens de la dite de lafontaine
6 mineure, mesme Severin Rousseau marchand apotiquaire a paris ++
++ tuteur de ladite mineure
7 seroient appelés pardevant nous pour donner leur advis
8 sur ce qu il y est a faire aux affaire de ladite mineure, que
9 deffenses seroient faites audit Rousseau de faire aucun
10 emprunt de deniers jusques a ce qu’il y eut fait
11 connoistre ? ce qu’il ne pouvoit faire contracter
12 aucune mariage a ladite mineure sans l advis et consentement
13 dudit Goret et de ses autres parens ?, nostre
14 ordonnance du vingts sept janvier dernier portant les parens
15 et amis assemblez par devant nous, l assignation donnée
16 a la requete dudit foret et sa femme par Caillault sergent de
17 verge au Chatelet de Paris le troisième fevrier present mois
18 controllé à paris par danollé le mesme jour auxdits parents et amis
19 de ladite mineure a comparoir au quatre dudit present mois par devant
20 nous pour donner leur adnis sur ? de ladite
21 requeste, le proces verbal fait par devant nous ledit jour
22 quatre fevrier present mois contenant les ?
23 dires requisition serment et advis desdits parens et amis
24 ensemble le dire dudit Rousseau et our estre fait
25 droit sur le tout aurions ordonné qu’il en seroit par
26 nous fait rapport au conseil et ?
27 Il est dit par delliberation de conseil
28 que le dit Severin Rousseau est et demeurera tuteur
(2)
1 de ladite Marguerite fontaine mineure, auquel Rousseau
2 nous nommons pour conseil de ladite tutelle messire
3 estienne Thomas cy devant notaire en cette cour
4 et messire Jean Chuppin notaire, sans lesquels il ne pourra
5 recepvoir n’y donner quittances du rembousement
6 des fonds deubs a ladite mineure ny faire l employ
7 desdits fonds que par leur advis et conseil, comme
8 aussy disons que ladite mineure ne pourra estre pourvenue?
9 par mariage qu’elle n’aye atteint l’aage de vingt cinq ans
10 et sans l’advis desdits Thomas et Chuppin, ou
11 jusquest a ce qu’il y aya esté autrement ordonné
12 par l’advis desdits parens autrement ainsy qu’il
13 appartiendra, et sera la presente sentence executée
14 nonobstant et sans ? de l appel opposition
14 ou appellation qu’il ? et ? ledit
16 Rousseau par devant nous ??? la decharge
17 ??? acoustumé, fait et donné par
18 [……]
Désormais, Séverin Rousseau ne peut plus rien faire de significatif concernant sa nièce et pupille, et ne peut pas non plus la marier sans le consentement du reste de la famille.
Qu’est il ensuite advenu de Marguerite ? Peut-être trouverai je d’autres éléments, un contrat de mariage, qui sait … Un jour peut-être. L’enquête continue.
Sources et liens
- Archives nationales de Paris – CARAN – AN Y 4014 A – en ligne sur Geneanet
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