J’ai reçu la semaine dernière d’un généalogiste du Tarn qui a créé une base de données superbe concernant la région de Gaillac une photo numérique du testament de ce cher Estienne Natholy, dont je vous ai déjà un peu parlé.
Arrëtons tout de suite le suspense, rien dans ce testament ne me permet de savoir d’où il vient, ni où sa fille Marie ou sa femme Claude Guillabert sont nées. Les recherches généalogiques sont une longue suite d’espoirs déçus; du coup la découverte d’un élément probant permettant d’ajouter une petite pierre à l’édifice n’en prend que plus d’importance.
Mais regardons ensemble ce testament pour en savoir un peu plus sur cet Estienne que je crois être un notable villageois avec un peu de bien.
Le testament est rédigé par Pierre Monestie, notaire royal, le 18 janvier 1688, dans la maison d’Estienne à Cestayrols, en présence de plusieurs notables du village : le curé de Cestayrols, Philippe Courrech, Jean Antoine Rossignol, chirurgien, Arnaud Becus, marchand à Cestayrols, Antoine Gasquet, tisserand, Pierre Lentin, Jean Almond, et Charles Guillabert, de la ville d’Alby, déjà mentionné dans le contrat de mariage de Marie Natholy. Seul le prêtre signe le testament, Estienne qui sait signer en est empêché par son état de santé. On aurait pu penser que le chirurgien savait signer, mais non. Il est vrai que la chirurgie en 1688 n’avait pas grand chose à voir avec Grey’s Anatomy.
Toute la première partie du testament d’Estienne concerne le salut de son âme. J’imagine la tête de mon notaire si les premières clauses de mon testament concernait mon inhumation et le nombre de messes à dire pour le repos de mon âme … C’est le genre de détail qui nous rappelle combien la vie spirituelle avait d’importance pour nos ancêtres et combien les choses ont changé. Sur ce point, lisez si vous en avez l’occasion le très bon article de Jean-Louis Beaucarnot dans le RFG Hors série « Comment explorer les archives des notaires « , intitulé « Le salut notarié ».
Etonnamment, pas de mention d’un nombre de messes à dire dans notre testament, Estienne s’en remet à la volonté de son héritière.
Passons aux choses sérieuses – pour la matérialiste et la généalogiste que je suis – la répartition des biens terrestres d’Estienne, qui vont nous renseigner sur son niveau de vie.
Tout d’abord, Estienne cherche à assurer l’avenir matériel de sa femme Claude Guillabert. Une pension annuelle faite de froment, de sel, d’huile de noix entre autres et la somme de quinze livres d’argent payable par moitié à la St Aubin et à la Toussaint, soit le 1er mars et le 1er novembre. En plus de cette pension, Claude continuera à habiter dans la chambre qu’elle occupe, mais pas dans toute la maison …..
Il prévoit ensuite un legs de 36 livres pour Jeanne Galaup, qui est l’ainée de sa petite fille, et sa filleule. Elle touchera cet argent à son mariage.
J’ai du mal à donner une équivalence de ces sommes, il faudrait que je les compare au prix des denrées locales ou des achats de charges royales. Mais à l’aune des données que je trouve, qui correspondent à mon sens plus à des grandes villes, ca ne faisait pas beaucoup. Exit mes fantasmes d’ancêtre grand propriétaire terrien …. Le sieur Estienne était probablement un petit notable dans un petit village, rien de plus.
Dernière – et seule vraie – information de ce testament, son unique héritière est Marie Natholy, sa fille légitime et naturelle, la seule dont j’ai trouvé la trace dans les registres. Rien n’est dit sur ce qu’elle reçoit, puisqu’elle reçoit tout.
Et notre Estienne s’est mis en condition de passer de vie à trépas, « sachant qu’il n’est rien de plus certain que la mort, ni de plus incertain que l’heure d’ycelle », selon la formule consacrée si souvent reprise dans les testaments de l’époque. Mais il a résisté à cet état de grande maladie et est demeuré parmi les siens jusqu’au 1er mai 1693, soit cinq ans plus tard.
Quelles conclusions tirer de la lecture de ce testament?
Tout d’abord, Estienne a clairement un peu de bien, je ne peux pas estimer son patrimoine à partir de cette absence de renseignements, mais sa maison a plus d’une pièce, il a des « relations » dans son village qui ne sont pas que des journaliers, il peut se faire enterrer dans l’église, ce qui va forcément avec des offrandes à monsieur le curé, et il a confiance dans le fait que sa fille, héritière, pourra très convenablement entretenir sa mère à partir des revenus de ses biens. Pas si mal, je ne suis pas sûre que tous mes ancêtres laboureurs pouvaient dire la même chose à la fin du XVII ème siècle.
Sur le plan des recherches généalogiques, il va être difficile d’en savoir plus sur les origines d’Estienne Natholy. Je vais essayer de suivre la piste de Charles Guillabert, dont j’imagine qu’il peut être le frère de Claude. Cela me permettrait éventuellement de remonter à une ville d’origine, et qui sait un mariage ?
La généalogie est une grande école de patience.
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