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Marianne Frances – 1792-1874

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

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Aujourd’hui, je vous propose d’aller dans le Minervois à la toute fin du 18ème siècle, au moment de la Révolution. Nous allons y faire la connaissance de mon aïeule à la 7ème génération, Marianne Frances.

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Marianne Frances vient au monde le 18 décembre 1792 dans la maison d’habitation de ses parents, Jean Pierre Frances, 39 ans, et Marianne Bousquet, 32 ans. Le couple habite Oupia, dans le Minervois, dans le nouveau département de l’Hérault.

 

Carte de Cassini - environs d'Olonzac
Carte de Cassini – environs d’Olonzac

Ses parents se sont mariés le 8 novembre 1785 à La Livinière. Ils ont déjà eu deux fils, Jean Pierre et Pierre, mais le second, né en septembre 1790, vient de mourir le 3 novembre 1792, six semaines avant la naissance de Marianne. Jean Pierre Frances est ménager, il possède les terres qu’il exploite. Il y a sur la commune trois ou quatre lignées différentes portant le nom de Frances – qui est une déformation du nom François. Tous les Frances de la commune possèdent leurs terres et les exploitent quand arrive la révolution. Vers 1790, il y a un peu moins de 300 habitants dans la toute petite localité d’Oupia. On cultive la vigne, on a planté des oliveraies, la plaine d’alluvions au pied de la Montagne Noire est fertile. La Révolution va passer sans événement majeur dans les petits villages du Minervois, loin de l’agitation des villes.

Chateau d'Oupia
Chateau d’Oupia

La vie suit tranquillement son cours dans la famille de Marianne. En 1794 nait sa soeur Eulalie, puis en 1799 une nouvelle soeur, Marie Véronique, et enfin en 1802 la dernière enfant du couple, Marguerite.

Famille de Marianne Frances
Famille de Marianne Frances

Le 12 mai 1813, Marianne épouse Jean Antoine Prosper Frances, âgé de 27 ans, conscrit de 1806 congédié et non appelé. Marianne est la première de la famille à se marier, elle a 20 ans, elle épouse un homme du même village, du même milieu qu’elle. Les armées de Napoléon viennent de revenir de Russie, elles se battent en Allemagne et en Espagne, mais ici dans ce coin perdu de la montagne minervoise, la proche famille de Marianne n’a pas été touchée par les guerres napoléoniennes et les crises successives de ce début de 19ème siècle.

Trois semaines après le mariage, le père de Jean Antoine Prosper, Antoine Frances, meurt. C’est Jean Antoine qui déclare le décès de son père. Fils ainé de sa famille, c’est lui qui reprend les terres familiales.

 

Cellule familiale de Jean Antoine Prosper Frances
Cellule familiale de Jean Antoine Prosper Frances

Entre 1813 et 1817, le jeune couple assiste dans la famille proche à trois mariages et un enterrement. Le seul frère de Marianne se marie en novembre 1813 à Aigues Vives, puis en février 1814, Eulalie, l’ainée de ses soeurs, se marie à Oupia. En juillet 1816, Michel Valentin, le jeune frère d’Antoine, épouse Françoise Babeau, la toute jeune veuve de leur cousin germain François Venes. Ces remariages d’une veuve avec un cousin germain du défunt mari, quand ce n’est pas directement avec le frère, ne sont pas rares dans ces périodes où le mariage est plus une association d’intérêts économiques permettant la survie ou l’ascension sociale d’une famille qu’une histoire d’amour ou de passion. Le 20 décembre 1817, c’est enfin Rose Venes, la mère d’Antoine, qui décède. Les deux fils déclarent ensemble le décès de leur mère à la mairie d’Oupia.

Antoine a 31 ans, ses deux parents sont décédés. Ses beaux parents, en revanche, sont bien vivants quand naissent, enfin, les deux enfants du couple : Marie Elisa, le 3 juillet 1819, puis Marie Sophie le 20 février 1822. Il n’y a pas d’autre naissance dans le couple, pas non plus d’enfant mort né. Marianne a t’elle du mal à mener à terme ses grossesses ? Bien sûr, impossible de le savoir, mais l’absence d’héritier mâle à cette époque est vraisemblablement un problème.

En 1823, Marie Véronique, soeur de Marianne, se marie à Oupia. Elle part ensuite vivre à Pouzols Minervois, à quelques kilomètres d’Oupia.

Le 23 décembre 1830, le père de Marianne, Jean Pierre Frances, 77 ans, décède à son domicile. C’est le frère de Marianne, le seul fils,  qui déclare le décès du père de famille.

En février 1833, Marguerite, la plus jeune des soeurs de Marianne, épouse Pierre Merle, lui aussi du village d’Oupia. Marguerite mourra en 1899, à l’âge très avancé de 96 ans, sans avoir eu d’enfants. Antoine Frances, beau frère de la mariée, et adjoint au maire, propriétaire établi et notable du petit village, époux de Marianne, est un des témoins du mariage.

Six semaines après le mariage de sa dernière fille, comme si elle avait accompli la mission qui lui était confiée, maintenant que tous ses enfants sont mariés, Marianne Bousquet, la mère de Marianne, décède dans son habitation. Elle a 73 ans, un âge déjà avancé pour l’époque.

Marianne Frances, son mari Antoine, et leurs deux filles Marie Elisa et Marie Sophie, vivent tous à Oupia jusqu’en 1842, quand le 7 février, Marie Elisa, 21 ans, épouse Paul Moustelon, un jeune minotier descendant d’une famille de minotiers de la région de Roquebrun dans l’Hérault.

Paul Moustelon possède et exploite depuis quelques années le gros moulin de Tourouzelle, sur l’Aude toute proche, à moins de cinq kilomètres d’Oupia.

Moulin de Tourouzelle - Aude - Collection privée
Moulin de Tourouzelle – Aude – Collection privée

 

Tourouzelle est dans le département de l’Aude, parce que la Révolution a fixé parfois arbitrairement les limites des départements, mais au niveau culturel et social, le village est dans le Minervois et appartient au même bassin d’influences qu’Oupia.

En Mai 1843, une petite fille, Marie Thérézine Harline Moustelon, nait au domicile de Paul et Marie Eliza. Elle sera la seule petite fille de Jean Antoine et Marianne Frances à atteindre l’âge adulte et à assurer leur descendance.

Début janvier 1850, c’est à Tourouzelle, dans le moulin de Paul, le gendre, que meurt leur seconde fille, Marie Sophie, âgée de 27 ans. Pourquoi était elle domiciliée avec sa soeur et son beau frère, et non avec ses parents dans le village d’Oupia ? Etait elle venue aider sa soeur ainée, qui en 7 ans a mis 4 enfants au monde, quatre filles dont seule Marie Thérézine a survécu ?

Dans le recensement de 1851, on retrouve le couple composé d’Antoine et Marianne qui vit seul à Oupia. En 1856, en revanche, leur fille Elisa et leur gendre Paul sont indiqués comme vivants avec eux, sans que Marie Thérézine, la fille de Paul et Elisa, soit mentionnée. J’ai déjà évoqué cette anomalie dans un précédent billet. Il est probable que de nombreuses erreurs, plus ou moins importantes, soient reprises dans les recensements à cette époque à Oupia, il convient de ne pas tirer de conclusions à partir des éléments qu’on y trouve. J’imagine que Paul en 1856 aide son beau père à gérer son exploitation. Après tout, il est le seul héritier du patrimoine terrien de ses beaux parents.

Le 21 mars 1858, Jean Antoine Prosper Frances, 72 ans, décède dans sa maison d’habitation à Oupia. C’est à la suite de ce décès que Marianne va quitter Oupia et aller s’installer avec sa fille dans le moulin de Tourouzelle. Elle a 65 ans, sa fille Eliza en a 38, et sa petite fille Marie Thérézine en a 16.

Le 24 octobre 1865, à Tourouzelle, Marie Thérézine épouse Michel Firmin Billard, notaire à Roulier, qui abandonne son étude et s’installe dans le moulin avec ses beaux parents et la grand mère de sa jeune épouse. Vraisemblablement, il est prévu qu’il reprenne la minoterie familiale après son beau père.

Le jeune couple va rapidement avoir trois enfants : Elise Marie (1866), Paul (1868) et Jean Joseph, mon arrière grand père né le 2 octobre 1873 que Marianne va voir naître, dans ce moulin de Tourouzelle, avant de s’éteindre le 23 novembre 1874, à l’âge de 81 ans.

Arrière grand mère de mon arrière grand père, elle a vécu sa dernière année de vie pendant qu’il vivait la première. Mon père a connu son grand père Jean Joseph à qui la famille rendait visite à Béziers avant la seconde guerre mondiale. Mon père avait des souvenirs de ce grand père, qui même s’il ne pouvait se souvenir d’elle, avait partagé pendant une année la vie de son arrière grand mère. Et d’un seul coup dans la représentation temporelle que je me fais de ma famille, Marianne Frances, cette aïeule du 19ème siècle, est devenue plus proche de moi.

[Marianne Frances – Sosa 199]

Sources et liens
  • AD34 – BMS oupia 1734-1796
  • AD34 – Mariages Décès Oupia 1797-1835
  • AD11 – NMPD Tourouzelle 1871-1877
  • AD34 – Recensements Oupia 1836 – 1851 – 1856
  • AD34 – Recensements Tourouzelle 1866 – 1872
  • Ligne de vie de Marianne Frances et Jean Antoine Prosper Frances [wpdm_file id=23]

2 réponses à “Marianne Frances – 1792-1874”

  1. Annick H.

    Je remarque pour la premiere fois que vous utilisez la signature de vos ancetres a la place d’une photo. Quelle bonne idee! Comme je ne possede aucune photo au-dela de celles de mes arriere-grands-parents, ce serait une belle facon de personaliser mes ancetres avec leurs propres signatures.

    1. Brigitte

      merci Annick. J’essaie effectivement quand je trouve la signature d’un de mes ancêtres directs de l’utiliser dans mon arbre, ca permet à mon sens une meilleure représentation 🙂

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