Le 18 octobre 1757, Jacques Berard, maitre es chirurgie, épouse en l’église Saint Eustache à Paris Marie Thérèse Devienne(1).
Quelques jours plus tôt, le 26 septembre 1757, Maitre Antoine Quinquet, notaire à Paris, s’est déplacé rue Saint Honoré, au domicile des parents de la future mariée, pour rédiger le contrat de mariage (2).
A Paris, les actes notariés sont une des seules possibilités de reconstituer les familles avant 1870. La liste des personnes présentes lors du contrat de mariage est un élément clef de la généalogie parisienne. A côté des personnages de premier plan, invités pour montrer la position sociale de la famille, comme je vous l’avais déjà raconté ici pour ce même mariage, le notaire énumère une partie de la famille des époux, avec une indication claire des liens de parenté.
Jacques Bérard, qui a environ 42 ans, est veuf de Marie Madeleine Grassiau. Le nom de ses parents n’est pas mentionné dans le contrat, et en fait il n’y a que très peu de sa parenté mentionnée dans l’acte : tout juste quelques cousins et cousines …. Me voilà bien avancée ….
Sont présents et déclarés comme sa famille : Marie Françoise Bérard, cousine, Marie Catherine Berard, cousine, Pierre Garnier et Marie Antoinette Oger, époux, cousin et cousine, Marie Thérèse Oger, cousine, Anne Antoinette Oger, cousine. Les deux demoiselles Bérard sont a priori bien des cousines, le patronyme est parlant. Mais qui sont les demoiselles Oger, quel est leur lien de parenté avec le futur époux ?
Cette question, je n’ai pu y répondre que quand j’ai trouvé le contrat de mariage entre Jacques Bérard, 32 ans, et la jeune Marie Madeleine Grassiau, 17 ans révolus, rédigé le 19 novembre 1747 suivi d’une cérémonie en l’église Saint Laurent(5) le 2 décembre 1747 (3)(4).
La liste des présents au contrat de mariage est encore plus longue que dans le contrat de mariage de 1747, et cette fois ci les parents de Jacques Bérard sont indiqués. A la lecture du contrat, les relations familiales sont claires, Pierre Garnier et les trois demoiselles Oger sont des cousines germaines de la future épouse.
Alors pourquoi sont elles présentes au remariage du mari de leur cousine décédée ? Une des soeurs de la première épouse décédée, Marie Anne Grassiau, est également présente. La notion d’alliance est inséparable du mariage depuis probablement la nuit des temps. Ce sont deux familles qui se retrouvent autour du mariage d’un homme et d’une femme pour assurer une plus grande possibilité de survie à tout le groupe. Les cousines présentes sont là pour pérenniser le lien entre les deux familles et veiller aux intérêts de la petite Marie Nicolle Bérard, fille de Jacques et de Marie Madeleine. Lors des remariages, il n’est pas rare qu’un des membres de la famille de l’époux décédé soit présent et mentionné dans l’acte.
Cet élargissement des liens familiaux aux personnes alliées dans les actes signifie que le généalogiste doit regarder d’un oeil critique la parenté indiquée : l’oncle présent au mariage, sans plus d’explication, est peut être le mari de la tante, les cousines présentes lors du second mariage sont peut être les cousines de la première épouse. A Paris, c’est une possibilité, compliquée et longue, mais à ne pas négliger, de trouver de nouvelles informations sur la famille qu’on étudie. Le plus petit acte, la moindre mention, permettra peut être de gagner une génération, de trouver un nouvel ancêtre. Alors ne négligeons pas les alliés de nos ancêtres, ils sont souvent de précieux alliés dans nos recherches.
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Sources et liens
(1) Table des mariages de Paris – Consulté à la Family History Library à Salt Lake City – Microfilm 0713404
(2) Archives Nationales – CARAN – MC/ET/I/484
(3) Archives Nationales – CARAN – MC/ET/III/931/1
(4) Table des mariages de Paris – Consulté à la Family History Library à Salt Lake City – Microfilm 0713394
(5) Atlas Historique de Paris – Saint Laurent, les faubourgs Saint Denis et Saint Martin
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