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La patience est la première qualité du généalogiste. Si on lui laisse le temps de chercher tranquillement, à son rythme, il finit par trouver les réponses à ses questions.
En avril 2013, à l’occasion du premier Challenge AZ, je vous avais parlé d’un faire-part de décès trouvé dans les papiers de famille de ma belle mère, celui de Madame veuve Marie Karcher, morte le 20 janvier 1906 dans son appartement parisien, rue Washington, et inhumée le 23 janvier 1906 au cimetière du Vésinet. La longue liste des noms indiqués sur le faire-part m’était à l’époque quasi inconnue.
Quatre ans et demi plus tard, je suis enfin capable de situer dans l’arbre familial chacune des personnes citées sur le faire-part, et même de mettre des visages sur certaines d’entre elles.
Les Familles Karcher, de Chambure, Pingoud, Pasteur et Biedermann
Ont la douleur de vous faire part de la perte cruelle qu’ils viennent d’éprouver en la personne de
Madame Veuve Marie Karcher
leur mère, belle-soeur, tante et cousine, décédée le 20 janvier 1906 en son domicile à Paris, Rue Washington N° 34, dans sa soixante-troisième année
Et vous prient d’assister au Service qui se fera à la Maison Mortuaire le Mardi 23 courant, à Onze heure très précises
L’Inhumation aura lieu au Cimetière du Vésinet, le même jour à 3 heures
On se réunira à la porte du Cimetière
Départ Paris-St Lazare 1 heure 45
Les fils
Monsieur et Madame Christian Karcher
Christian Karcher est le fils ainé de Marie Jeanne Jung et Jules Constantin Karcher, son époux décédé le 7 janvier 1894 à Bâle, en Suisse. Christian Jules est né le 28 décembre 1872 à Colmar. En janvier 1906, il a 34 ans, il est ingénieur, de nationalité suisse, et s’est marié le 12 janvier 1904 à Paris, à la mairie du 8ème arrondissement, avec Marie Elisabeth Bachrich.
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Marie Elisabeth Bachrich est la fille d’un chimiste d’origine hongroise et d’une jeune femme française de naissance. Née à Paris en 1871, elle épouse à 19 ans Julien Lacki, un ingénieur d’origine polonaise, déjà veuf et sans enfant. Son premier mari meurt en juin 1902. Marie Elisabeth est professeur de piano, un de ses frères, Charles Bachrich est artiste dramatique, et un de ses neveux, André Bachrich, sera plus connu dans le milieu du cinéma sous le nom d’André Bac, en tant que directeur de la photographie et cinéaste. Marie Elisabeth semble évoluer dans un milieu d’artiste quand elle rencontre et épouse en janvier 1904 Christian Karcher. Elle a 34 ans lors du décès de sa belle-mère, Marie Jeanne Jung, et le couple marié depuis 2 ans n’a pas d’enfant.
Monsieur Daniel Karcher
Le second fils de Marie Jeanne Jung, Jean Jacques Louis Daniel Karcher, est dit antiquaire à cette période de sa vie. Naturalisé suisse, comme son frère ainé et sa mère, il a 30 ans au moment du décès et n’a pas encore rencontré celle qui sera sa femme. Il est le grand père de mon mari.
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Les beaux-frères
Monsieur et Madame Gustave Karcher
Gustave Adolphe Karcher, frère de Jules Constantin, est donc le beau-frère de Marie Jeanne Jung. Né en 1831 à Colmar, il a 75 ans en 1906. Il est marié depuis décembre 1859 avec Cécile Louise Marie Irène Combe et vit à Lyon, où il a travaillé dans le commerce de la soie tout en étant artiste peintre.
Cécile Combe, issue d’une famille protestante de la région de Saint-Etienne, épouse Gustave Karcher au temple protestant de Saint Etienne la veille de Noel 1859. Avec lui, elle mène une vie bourgeoise à Lyon, où le couple habite avenue de Vauzelles au moment du décès de leur belle soeur.
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Monsieur Jacques Karcher
Jean Jacques Karcher est le plus jeune des frères de Jules Constantin Karcher. Né en 1840 à Colmar, il épouse en juin 1871 Anne Marie Thérèse Zumstein. Le couple part s’installer à Bâle au moment de l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne, c’est là que nait leur fils ainé, Jean Karcher. Il semble qu’ils reviennent ensuite en France où leur second fils, Jacques Gustave, nait à Colmar. A la lecture du faire-part, il est probable que Anne Marie Zumstein soit morte avant 1906, puisque son époux figure seul sur le document. Où vit il à cette époque ? Pour l’instant je l’ignore.
Les neveux et nièces
Monsieur et madame Jean Karcher et leurs enfants
Jean Karcher est le fils de Jacques Karcher et Anne Marie Zumstein. Né à Bâle le 15 août 1872, il épouse vers 1898 Jeanne Biedermann. Le couple vit à Bâle, où Jean est un médecin reconnu. Leurs trois enfants, les petits neveux par alliance de Marie Jeanne Jung, sont Gabrielle Karcher, Jean Jacques Karcher et Peter Karcher.
Monsieur et madame Gustave Karcher et leurs enfants
Jacques Gustave Karcher est le second fils de Jacques Karcher et Anne Marie Zumstein. Il nait à Colmar, au 41 Breisachstrasse, à proximité de la fabrique familiale de rubans de soies qu’a fondée le grand père Jean-Jacques Karcher et que dirige l’oncle Jules Constantin Karcher. En 1902, il épouse Gabrielle Marthe Biedermann, la soeur de Jeanne, que son frère avait épousé en 1898. Leur première fille, Marie Louise Karcher, nait à Bâle en 1903. Jacques Gustave a suivi les traces familiales, et il travaille dans l’industrie textile. On le retrouve à partir de 1906 à Tenay, dans l’Ain, où il dirige la filature de soie locale. Quand sa tante paternelle par alliance, Marie Jeanne Jung, décède, en janvier 1906, je ne lui connais qu’un enfant, Marie-Louise, alors que le faire-part précise « leurs enfants ». Probablement me manque t’il un enfant mort en bas âge.
Monsieur et madame Joseph Pasteur et leurs enfants
Cécile Georgette Karcher est la fille de Gustave Karcher et de Cécile Combe. Née en mai 1864 à Colmar, elle épouse à 23 ans Simon Eugène Joseph Pasteur, qui appartient à une famille de soyeux lyonnais. Une alliance entre l’industrie de la soie alsacienne et l’industrie de la soie lyonnaise, en quelque sorte. Ensemble, le couple va avoir deux enfants, Gustave Léonce Eugène Pasteur, né à Lyon en 1888 et Cécile Jeanne Pasteur, née à Lyon également en 1894. J’ai la chance d’avoir des photos de chacun des membres de la famille.
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Les cousins germains
Monsieur et madame Jules Rousset, monsieur André Rousset
Jules Philippe Rousset est le fils de Marie Fanny Pelletier de Chambure, la plus jeune tante maternelle de Marie Jeanne Jung, et de Philippe Joseph Rousset. Né le 2 décembre 1846 à Barr, dans le Haut Rhin, là où ses parents se sont mariés, et où sa cousine germaine Marie Jeanne est née en 1842, il voyage ensuite beaucoup en France, d’abord dans les bagages de son père, conservateur des hypothèques, puis pour sa carrière personnelle, dans la même administration. C’est ainsi qu’en 1886, il habite à Soissons, avec sa mère, quand elle décède dans un petit village des environs.
C’est aussi à Soissons que nait le seul fils, André Rousset, qui nait de son mariage avec son épouse Mathilde Constance Joly de Brésillon. dont j’ignore toujours où et quand il l’a épousé. En 1902, grâce au faire-part de décès de Maurice de Chambure, un des cousins germains de Jules et de Marie Jeanne, je sais que la famille habite à Valognes, dans la Manche, où Jules, qui a comme son père fait carrière dans les contributions indirectes, est conservateur des hypothèques. Marie Jeanne et Jules devaient être proches, car elle a dans son album photo proportionnellement plus de photos de Jules que des autres membres de sa famille.
Monsieur et Madame Edouard Catrix, mademoiselle Marie Catrix
Jeanne Louise Ernestine Rousset est la fille de Mary Fanny Pelletier de Chambure et de Philippe Joseph Rousset, et donc la soeur de Jules Rousset. Elle est née le 11 mars 1852 à Wissembourg, dans le Bas-Rhin, suivant la carrière professionnelle de son père. Après sa mort le 18 juillet 1869 à Neufchâteau dans les Vosges, c’est son frère qu’elle va suivre avec sa mère. C’est ainsi qu’elle épouse le 8 mars 1875 à Saint-Sauveur-en-Puisaye, dans l’Yonne, Edouard Louis Marie Joseph Catrix. Leur unique fille, Marie Louise Catrix, nait 10 mois plus tard dans la même petite ville. Très vite, le couple s’installe au Vésinet, petite ville de l’Ouest parisien tout juste lotie à la lisière de la forêt de Saint-Germain-en-Laye.
Monsieur Daniel de Chambure, commandant chef d’Etat-Major
Daniel Pelletier de Chambure est le second des deux fils de Denis Daniel Ernest Pelletier de Chambure et de Barbe Mathilde Matthieu. Il nait à Lunéville le 19 janvier 1856. Elève de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion Dernière de Wagram 1875-1877, il se marie le 29 juin 1891 à Besançon avec Marthe Marie Alexandrine Adèle Durand de Chevigny. Il suit les cours de l’Ecole Supérieure de Guerre du 1er novembre 1886 au 1er novembre 1888. Il est fait chevalier de la Legion d’honneur par décret du 11 juillet 1900. En 1906, il est lieutenant-colonel au 32è régiment d’infanterie, dont l’Etat-Major est stationné à Tours. Son épouse et ses deux enfants ne sont pas mentionnés sur le faire-part de décès.
Madame veuve Besson de Chambure
Jeanne Gabrielle Henriette Pelletier de Chambure est la fille d’Henriette Marie Fanny Pelletier de Chambure, fille ainée d’Alexandre de Chambure, et de Auguste Alfred Pelletier de Chambure, son cousin. Née le 15 décembre 1846 à Paris, elle a épousé à l’âge de 19 ans à Paris Oscar Pellis, avec qui elle habite dès 1876 la ville du Vesinet. Son mari Oscar décède en 1881, et quelques années plus tard, elle se remarie avec Georges Besson de Lignerolles. En 1906, elle est à nouveau veuve, de son second mari, et elle a 60 ans.
Monsieur Albert de Chambure
Albert Eugène Alfred Pelletier de Chambure, frère de Jeanne Gabrielle, est donc le fils d’Henriette Pelletier de Chambure et d’Auguste Alfred Pelletier de Chambure. Né à Paris le 13 janvier 1843, bien que marié pour la seconde fois, voire la troisième en 1906, il est mentionné seul, sans épouse et sans enfant – alors qu’il en a trois – sur le faire-part de décès.
Tous les cousins germains vivants en 1906 de Marie Jeanne Jung sont mentionnés sur son faire-part de décès.
La tante par alliance
L’énumération individuelle des membres de la famille se termine par madame veuve Ernest de Chambure, c’est à dire Mathilde Barbe Matthieu, veuve de Denis Daniel Ernest Pelletier de Chambure et mère de Daniel Pelletier de Chambure.
Je n’ai pas encore pu relier certains des noms indiqués ci-dessus avec une photographie, et pourtant il y a probablement des portraits d’eux dans L’album de Marie. J’espère un jour réussir à les identifier.
Une fois de plus, je constate que la famille paternelle de Marie Jeanne Jung, pourtant assez nombreuse, n’est pas du tout représentée sur ce faire-part, comme s’il n’y avait pas de liens familiaux.
Pour mettre tous ces noms en perspective, voici une représentation graphique des personnes nommées sur ce faire part. Les personnes décédées, mais qui permettent de comprendre les relations entre les personnages, sont dans des cases grises. Les personnes nommées dans le faire-part sont dans des cases vertes. Quant à Marie Jeanne, elle a droit à une case jaune.
Qui était vraiment présent à ces obsèques, dont la cérémonie, protestante, a eu lieu au domicile de la défunte, au 34 rue de Washington à Paris ? Ces deux fils et sa belle fille, évidemment, probablement les Catrix, Jeanne Besson de Chambure et son frère Alfred. Qui d’autres? Quels sont ceux qui ont fait le déplacement, alors qu’ils ne se résidaient pas en région parisienne? Cela, je ne le saurai jamais, sauf si je mets la main sur un entrefilet dans la presse, ce qui n’est pas encore arrivé.
Les obsèques ont été organisés par la maison Henri de Borniol, qui existe encore et fait partie du groupe OGF. A priori, c’est une entreprise de pompes funèbres très bourgeoise, que j’ai contacté en espérant trouver une facture des obsèques de Marie Jeanne Jung, pour savoir à quoi a pu ressembler la journée. Ils m’ont malheureusement répondu que leurs archives ne remontent pas aussi loin dans le temps. J’ai tendance à penser, au vu du faire-part et des noms indiqués, que les fils de Marie-Jeanne ont offert un enterrement de première classe à leur mère pour son dernier voyage.
[Marie_Jeanne_Jung_Sosa_21]
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