L’histoire commence avec un entrefilet paru le 3 juillet 1930, dans le journal de Lyon Le salut public, consulté sur Lectura Plus, en suivant les conseils du blog Les cailloux de mes ancêtres.
Le Généathème de ce mois de décembre 2022 nous suggère de mettre en avant une anecdote trouvée grâce à l’océrisation. C’est un jeu auquel je me suis plusieurs fois prêtée, à partir de l’Echo d’Alger entre autres, pour vous raconter une histoire de possédée à Bab-el-Oued ou une rixe rue de l’Isly.
Pour l’instant, je veux juste regarder sur Lectura Plus si je trouve des choses sur mes arrière-arrière-grands-parents, Firmin Michel Billard et Thérézine Moustelon, qui vivent à Lyon à partir de 1890 et y meurent fin novembre 1917 pour lui, en février 1929 pour elle. Peut-être un faire-part, une mention commerciale, un entrefilet quel qu’il soit. Mais il n’y a quasiment rien, juste la mention de leur nom dans la liste des funérailles du lendemain.
Changement de programme, ou plutôt de recherche.
Et si je regardais « Gustave Karcher« , le frère de l’arrière-grand-père de mon mari, dont je vous avais déjà parlé.
La pêche est meilleure, quelques mentions de ses tableaux, une courte nécrologie en 1908. Mais surtout une mention dans un journal du jeudi 3 juillet 1930, alors que « mon » Gustave est mort depuis 22 ans. Est-ce un homonyme ?
Le Gustave Karcher en question est identifié dans un avis de décès, dès la première ligne.
LYON-KAYSERSBERG-TENAY
Monsieur et Madame Gustave KARCHER,
Le docteur et Madame Jean KARCHER et
leurs enfants, Monsieur et Madame Jean-Paul
HEDRICH-MALHERBE et leurs enfants, Mon-
sieur Fred KARCHER, Mademoiselle Suzanne
KARCHER et toute leur famille ont la vive
douleur de vous faire part du décès de
Monsieur Jacques BIEDERMANN
…….
A la lecture, je ne suis pas sûre de savoir qui est Jacques Biedermann . Mais j’ai une petite idée. Le plus jeune des trois frères Karcher, Jean (1840-1922), a eu deux fils, Jean et Jacques Gustave, qui ont épousé deux soeurs, Jeanne et Gabrielle Biedermann. Et les patronymes et prénoms des petits enfants me sont également connus.
En consultant mon logiciel, je vérifie l’information. Jacques Biedermann est le père des épouses des deux cousins germains du grand-père de mon mari. Et le Gustave Karcher mentionné dans l’acte est le neveu de celui pour lequel j’avais lancé la recherche. Homonyme certes, mais proche parent.
Monsieur et Madame Gustave Karcher sont Jacques Gustave Karcher et Gabrielle Biedermann, le gendre et la seconde fille de Jacques Biedermann, le docteur et Madame Jean Karcher sont Jean Karcher et Jeanne Biedermann, l’ainée des filles.
Les petits-enfants indiqués sont les enfants de Jacques Gustave et Gabrielle.
Le faire-part mentionne les villes de Lyon, Kaysersberg et Tenay.
L’avis de décès, paru le jeudi 3 juillet 1930, indique que Jacques Biedermann a été inhumé à Kaysersberg le vendredi précédent, donc le 27 juin 1930. Je n’ai pas encore trouvé la date exacte du décès mais il habitait Kaysersberg depuis au moins 1898, puisque c’est là que sa fille ainée Jeanne a épousé Jean, le médecin, venu de Bâle pour se marier.
Mais pourquoi Tenay et Lyon ? Jacques Biedermann semble n’y avoir jamais vécu.
Lui non, mais son gendre Jacques Gustave, le mari de Gabrielle, la seconde des filles, qu’il épouse le 7 octobre 1902 à Kaysersberg, habite à Tenay depuis au moins 1906 avec sa famille. Je le retrouve dans le recensement, il y est directeur de la filature de soie. Le couple a désormais une fille, et emploie une cuisinière et une femme de chambre. Ils habitent toujours Tenay en 1931, avec Frédéric leur fils et Suzanne leur fille, nommés sur l’avis de décès.
Quant à Marie-Louise Karcher, la fille ainée de Gustave et Gabrielle, elle s’est mariée en avril 1924 avec Jean-Paul Hedrich et vit avec lui à Lyon, avec les deux fils du couple.
Kaysersberg, Tenay, Lyon, l’avis de décès, paru dans un quotidien de la région lyonnaise, probablement diffusé dans l’Ain, est visiblement à destination de la famille et des relations de Gustave Karcher et Gabrielle Biedermann, ce qui explique pourquoi les enfants du couple – petits-enfants de Jacques Biedermann – sont mentionnés nominativement – alors que les trois enfants de Jean Karcher sont mentionnés globalement. Il est probable qu’il y a eu un avis de décès publié dans un journal de Genève, et bien sûr un faire-part en Alsace.
J’ai profité de l’occasion pour compléter un peu mon arbre.
L’épouse de Jacques Biedermann est Marie Catherine Schmutz, un patronyme que je retrouve dans l’ascendance des cousins Karcher. Je n’ai encore jamais pris le temps de vérifier s’il y a un lien de parenté, cet entrefilet m’en donne l’occasion.
Les ancêtres communs, du moins dans cette branche, entre les sœurs Biedermann et les frères Karcher qu’elles vont épouser, sont Jean-Jérémie Schmutz et Marie Salomé Buob, mariés le 13 juin 1767 à Horbourg-Wihr.
Jacques Biedermann est administrateur des Filatures et Tissages Jean Kiener fils au moment de son décès, après avoir été directeur d’usine pendant quasiment toute sa vie.
La firme Jean Kiener fils a été fondée en 1819 par Jean Kiener, fils de Jean Kiener, pasteur, et de Marguerite Sophie Jaeglin. La filature avait été installée dans les bâtiments du hameau de La Forge près de Walbach, sur la commune de Wintzenhein. L’entreprise a grossi et d’autres usines ont été ouvertes, comme celle de Kaysersberg. Et le maître des lieux s’est fait construire un château …
Jean Kiener avait épousé le 11 juillet 1837 à Colmar Caroline Schmutz, née à Colmar le 18 avril 1818, sœur de Gustave Adolphe Schmutz. Pour faire court, Philippe Biedermann travaille comme directeur d’usine dans l’entreprise du mari de la tante de son épouse. A t’il épousé la nièce parce qu’il était en poste chez Jean Kiener fils, ou est-il devenu directeur parce qu’il avait épousé la nièce? L’histoire ne le dit pas.
La meilleure partie de l’histoire, c’est qu’en faisant des recherches sur l’entreprise Kiener, j’ai trouvé une source documentaire sur l’Alsace que je ne connaissais pas encore, et qui a une fiche sur Jean-Jacques Karcher, le mari de Marie Salomé Schmutz, avec quelques éléments à aller chercher aux archives de Colmar.
Sources et liens
- Maison d’industriel dite Chateau Kiener
- Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace – Kiener
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