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Le partage des biens de Nicolas Le Bois, Paris 1649

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

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Le 15 décembre 1649, alors qu’Anne d’Autriche assure, avec l’aide de Mazarin, la régence pour le compte de son fils, le tout jeune Louis XIV, 11 ans, les trois frères le Bois se retrouvent à Paris, en l’étude du notaire Claude Mesnard, rue Saint-Denis, au coin de la place de Gastine.

Archives Nationales – MC/ET/XXXIX/84

Paris est une ville agitée en ces temps incertains. Le Parlement de Paris s’oppose à Mazarin, et dès janvier 1649, le prince de Condé, à la tête d’une armée de 8000 hommes, organise le blocus de Paris. Les parisiens tentent de résister mais finissent par accepter un accord en avril 1649, pour permettre à l’approvisionnement de la ville, qui compte environ 1 million d’habitants à l’époque, d’arriver régulièrement. L’accalmie va être de courte durée.  Si vous avez lu « Vingt ans après » d’Alexandre Dumas, souvenez vous du climat d’intrigues politiques, d’instabilité, qu’il y décrit. Pendant plusieurs années, ce qu’on connait actuellement comme des villes de banlieue va être le théâtre d’affrontements.

Mais l’instabilité politique n’arrête pas la vie quotidienne du peuple, et Nicolas le Bois, laboureur et vigneron à Orly, à quelques lieues au sud est de Paris, est mort probablement au cours de l’année qui se termine. Les registres paroissiaux d’Orly sont lacunaires sur la période 1643-1652, et je ne connais donc pas encore la date exacte de son décès. Mais Nicolas le Bois avait du bien, des maisons et des terres au lieu d’Orly, et ses trois fils, a priori ses trois seuls héritiers, se réunissent chez le notaire, maintenant que le calme est revenu, pour partager entre eux l’héritage.

Sont donc présents à Paris

Anthoine le Bois, marchand de vins, bourgeois de Paris et l’un des vingt cinq previllegiés suivant la Cour, train et suitte du roy, demeurant à Paris rue Troussevache, parroisse Sainct Jacques de la Boucherie, et Nicolas le Bois, laboureur et vigneron, demeurant à Orly, estant de present à Paris, et Jean le Bois, archer des gardes du roy soubz la charge de monsieur \de Sourches/ le marquis de Sourches, grand prevost de l’hostel du roy, demeurant ordinairement audict Orly, estant aussy de present à Paris ; lesdicts Anthoine, Nicolas et Jean le Bois, freres, enffans et heritiers chacun pour un tiers de deffunctz Nicolas le Bois, vivant, aussy laboureur, vigneron audict Orly, et de Claude Pierronne, jadis sa femme, leurs pere et mere ;

Transcription de l’acte effectuée par Laurence Hervieu, paléographe

Même s’ils sont parfois lacunaires, les registres paroissiaux d’Orly sont disponibles dès la fin du 16è siècle. A partir de 1605, et jusqu’en 1625, Claude Pierre, ou Pierron suivant les actes, met au monde de façon assez régulière 11 enfants : Perette en 1605, Nicolas en 1606, Catherine en 1609, Jehan en 1611, Michele en 1613, Jehan en 1615, Arnou en 1617, Marie en 1618, Pierre en 1620, Claude en 1622 et enfin Claude en 1625.

Seul Nicolas, né en 1606, continue ensuite à apparaître dans les registres d’Orly, tout d’abord pour son mariage avec Perrine – ou Michelle – Vuillainne, en juin 1641, puis pour la naissance de ses quatre enfants : Jehan en 1643, Jehan en 1645, Anthoine en 1648, et une fille, Claude en 1651. En 1674, Claude Le Bois épouse Jean Morblanc, à Orly, en présence de son cousin germain Louis Lebois Duclos, le fils d’Antoine Le Bois et l’ancêtre de mes enfants. En 1677 Jehan Le Bois, sieur du Clos, sans descendance, fils de Nicolas et de Claude, est inhumé à Orly, dans la chapelle Saint Nicolas de l’église Saint Germain d’Orly. Son acte d’inhumation est la dernière trace du patronyme Le Bois dans les archives paroissiales d’Orly. Quant aux enfants de Nicolas l’ainé, ils ne semblent avoir jamais eu pour parrain ou marraine une personne portant le nom de Dubois, ou de Lebois, ni non plus de Pierre ou de Pierron.

En revanche, plusieurs des parrains ou marraines résident sur Paris. Nicolas Le Bois vient il de Paris quand il s’installe à Orly ? S’est il marié à Paris ou à Orly, sur une période lacunaire des registres ? Et où et quand Antoine Le Bois, probablement l’ainé de la fratrie, est il né ?

En décembre 1649, seuls trois fils : Antoine, Nicolas et Jean, sont vivants et peuvent hériter de leurs parents. J’en déduis que tous leurs frères et soeurs, soit 9 enfants venus au monde, sont décédés à des âges divers, mais sans postérité. En effet, si un des autres enfants de Nicolas et Claude était prédécédé en laissant lui-même des héritiers, ses enfants seraient vraisemblablement indiqués sur l’acte notarié. Cela représente sur la famille Le Bois, qui semble pourtant avoir du bien, et donc être un peu plus à l’aise que de simples paysans sans terre, une mortalité avant l’âge adulte de 75% …..

L’acte notarié de partage précise quelles terres reviennent à chacun des trois fils. Les descriptions, à cette époque où le cadastre n’existait pas, reposent sur des noms de lieux dits, sur le nom des voisins de chaque parcelle. Les lieux dits ne sont plus repérables sur une carte actuelle, et ne l’étaient pas non plus sur la carte de Cassini.

Gallica – Titre : Carte générale de la France. 001, [Paris]. N°1. Flle 1 / R. Brunet fecit. Ecrit par Bourgoin ; [établie sous la direction de César-François Cassini de Thury]
Les trois frères se partagent ensuite les trois maisons que Nicolas Le Bois possédait, toutes trois dans le village d’Orly. Nicolas garde la maison face à l’église Saint-Germain, au coeur du village, qui lui a été donnée lors de son mariage. Antoine obtient les deux autres maisons de la  succession, la première rue de la Croix, dans laquelle il avait déjà fait faire des « augmentations et améliorations » avant que la succession soit réglée, et une autre maison proche de la première. Jean ne reçoit pas de maison, mais Antoine lui verse une soulte de mille livres tournois pour l’en dédommager, tout en lui laissant l’usage d’une chambre dans une de ses maisons, d’une place dans l’écurie pour son cheval, et d’une place dans la grange pour le grain et le vin qu’il obtiendra de ses terres, pour les quatre ans à courir à partir du jour de Noël suivant.

Si l’église d’Orly est toujours là, je doute qu’aucune des maisons indiquées sur le testament existe encore. Mais pour sortir du patrimoine des Le Bois, elles ont forcément dues être vendues. Une petite sortie aux archives du Val de Marne pourrait m’apporter de nouveaux renseignements.

La fin de l’acte précise plusieurs fois, en des termes différents, que le partage de la succession est équitable et définitif.

Sans que cela soit écrit directement dans l’acte, je déduis que Claude Pierron, leur mère, est décédée avant son mari Nicolas, puisque le notaire précise que les trois frères se sont partagés les frais d’obsèques de leur père. Je suppose également qu’Antoine est l’ainé de la fratrie, sans aucune source pour le corroborer. Mais il est le premier mentionné dans l’acte, son acte de baptême ne se trouve pas sur les registres d’Orly à partir de 1605, et j’en déduis qu’il est né avant Perette, née en 1605. Il a donc probablement 45 ans au moment de l’acte, un âge cohérent avec son statut social de « marchand de vins, bourgeois de Paris et l’un des vingt cinq privilégiés ». Quelques recherches récentes m’ont permis de voir qu’il est à l’origine, sur quelques générations, d’une « dynastie » de marchands de vins à Paris, dont je vous parlerai dans un autre billet, un jour, quand j’aurai rassemblé des sources supplémentaires.

Une question pourtant m’interpelle. Antoine vit à Paris, il est bourgeois de Paris et habite rue Troussevache, parroisse Saint Jacques de la Boucherie. Pourquoi donc a t’il besoin de conserver deux maisons à Orly, et pour cela de verser une soulte de mille livres tournois à son frère ? Question purement rhétorique à laquelle je n’aurai jamais de réponse.

Gallica – Plan de Paris dit de Turgot

En 1651, la Fronde reprend, et les armées dévastent l’actuelle proche banlieue de Paris. Les récoltes sont détruites, les villages sont pillés …. Que s’est il passé à Orly pour la famille Le bois ? Les registres lacunaires sur cette période ne me permettent pour l’instant pas d’en savoir plus … Un jour peut être …


La lecture de cet acte notarié de 1649, trouvé grâce aux inventaires de la Salle des Inventaires Virtuels des Archives Nationales, n’était pas totalement dans mes cordes. J’avais réussi à déchiffrer quelques mots, quelques noms, mais pour en savoir plus, j’ai demandé à Laurence Hervieu de se charger de la transcription. Je la remercie encore ici du travail superbe qu’elle m’a fourni.

[Nicolas_le_Bois_Sosa_11056]

Sources et liens
  • PaleoGraphie – Laurence Hervieu
  • Archives Nationales – Etude de Claude Menard 2 – MC/ET/XXXIX/84
  • Gallica – Titre :  Ablon-sur-Seine et Villeneuve-St-Georges pendant la Fronde, plan du campement de Turenne et de Condé en 1652, par l’abbé Pierre Bonnin,…Auteur :  Bonnin, Pierre. Auteur du texteÉditeur :  Desclée, De Brouwer et Cie (Paris)Date d’édition :  1892
  • Gallica – Titre :  Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris. Table analytique. Volume 4 / par l’abbé Lebeuf ; par Adrien Augier,… Fernand BournonAuteur :  Lebeuf, Jean (1687-1760). Auteur du texteÉditeur :  Féchoz et Letouzey (Paris)Date d’édition :  1883-1893 – vues 435 et suivantes : Orly
  • Mairie d’Orly – Histoire et patrimoine
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