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C comme Cherves

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

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Aucun thème précis pour cette nouvelle participation du blog au Challenge AZ initié par Sophie Boudarel, de la Gazette des ancêtres, juste une promenade à la rencontre de personnes ou d’anecdotes rencontrées au cours de mes recherches


Cherves, c’est une toute petite commune au nord de Chalandray, à côté de Thenezay, dans la plaine de Mirebeau. Quelques uns de mes ancêtres y sont nés, s’y sont mariés, y ont été inhumés.

Carte Google maps

Certes, ils ne sont pas nombreux, et sur une période courte. Entre 1684 et 1760, j’y trouve quatre mariages religieux, un contrat de mariage, deux baptêmes et sept inhumations. Ce sont des patronymes qui ne restent pas longtemps dans mon arbre, quelques petits tours, à peine trois générations, et vite, on quitte Cherves et la plaine de Mirebeau pour aller au sud, très au sud, à Chalandray, la commune juste à côté. Tous ces ancêtres sont ceux de mon grand-père maternel.

A Cherves, les registres paroissiaux ne commencent qu’en 1700.

Quant aux fonds du notaire Jacques Louis, ils ne sont conservés qu’à partir de 1718.

C’est pourquoi vous ne trouverez dans mon arbre à Cherves quasiment aucun événement antérieur à 1700.

La seule exception concerne le contrat de mariage, passé à Cherves, le 20 janvier 1684, entre Jean Guillon et Marie Foucher.

C’est sur le site GE86 d’entraide généalogique dans la Vienne que j’avais trouvé trace de ce mariage, alors que les actes notariés de cette époque ne sont que rarement disponibles dans mon ascendance.

Le cercle m’avait envoyé une copie de ce contrat, mais j’avais ensuite cherché à en savoir plus. Par quel miracle pouvait on trouver ce contrat alors que les fonds des notaires des environs sont lacunaires.

Ce contrat, comme d’autres documents anciens concernant Cherves, fait partie d’un fond privé déposé aux archives de la Vienne, cote 1 J 202. Il s’agit de « Titres provenant du presbytère de Cherves », donnés aux archives de la Vienne par un certain M. Blanchard le 31 octobre 1950. On y trouve différents papiers concernant des familles habitant Cherves, avant 1700.

Lors d’une visite en juin 2019 aux archives de Poitiers, j’ai consulté ce fonds, pris tout le dossier des Guillon en photo.

Sur place, j’avais jeté un œil aux autres dossiers. Jacques Dupuy, marchand à Poitiers et propriétaire d’une maison à Maisonneuve en 1651, pouvait il le père, ou l’oncle, de Catherine Dupuy, la mère de Marie Foucher, et donc la Sosa 7415 de mes enfants, génération 13. Pressée par le temps, je n’ai pas analysé tous les documents, je garde la cote sous le coude pour une autre visite à Poitiers, un jour.

Cette découverte ne doit presque rien à mes compétences de recherches, et tout à l’indexation réalisée par le Cercle GE86. Une fois de plus, j’ai pu avancer dans la connaissance de mes ancêtres grâce à l’indexation et la mise en ligne de ces indexations.

Et si on regardait de plus près ce contrat de mariage ?

Le vingtieme jour de janvier mil six cent quattre vingt quattre apres midy pardevant nous notaires du duché et pairie de Richellieu soubsigné resident pardevant Chevres pour Monseigneur le duc de Richellieu ont esté presant et personnellement establis et dhuemans soubsines Catherine dupuy veufve en premier nopce de martin foucher et martin foucher son fils et dudit feu et marie foucher fille de ladite dupuy et foucher d elle othorizée demeurant a la touche parroisse de Cherves d’une part et Jean Guillon et Catherine Guillon fils des deffuncts mathurin guillon et francoise blanchard demeurant a ceran parroisse de Chevres d’autre part entre lesquelles parties a esté ce jourdhuy de l avis et consanteman de leurs parans et amis faict parlé traité et accordé le futur Mariage obligations et communautté en la forme et manierre quy ensuict
C est assavoir que ledit martin foucher de l avis et consantemant de ladite dupuy sa merre de mathurin guillon son frere de rené dupuy et Jacques huet et Jean Blanchard oncles maternels de louis thiollet son neveu et pierre brault son pairin et cousin germain a promis et promet prandre a femme et legitisme espouze ladite guillon comme aussy ladite guillon de l avis et consanteman de Jean guillon son oncle de Jean aymereau son cousin germain Jean gorin son cousin germain en l estoc Maternel et autre a promis et promet audit foucher de le prandre a mary et legitisme espoux comme aussy ledit Jean guillon et ladite marie dupuy de l avis de leur dite merre oncle paran cy dessus desnommé et de Jean taupin pairin desdits Jean guillon ce sont respectivemant promis et promettent l un l autre se prandre a femme et mary et legitisme espoux touttes fais? et quand que l’une des dites parties en requerera l autre les solammités de nottre merre sainte esglise catholique apostolique et romaine [.] prealablement gardée et observée en faveur et contamplation desquels futurs mariage lesdits dupuy merre desdits fouché et ledit martin foucher son fils et ladite guillon pourparlée seront en communautté de biens meubles de quests et conquests qu’ils pouron faire et avoir cy apres par tierce partie scavoir ladite dupuy merre pour une parttie et lesdits foucher son fils et ladite guillon pourparlée pour deux autres parties, les trois parties faisant le total de leurs communautté en laquelle ils seront des le landemain de leur benediction nuptialle Comme lesdit Jean Guillon et marie foucher pourparlé seront tous deux en communs de biens ensamblemant pour chaicunnes moytié des le landemain de leur benediction nuptialle nonobstan tous droits de coustume contraire a ses presantes a laquelle ils ont l un l autre renoncé et dérogé par celuy eftaict et est exprecemant dict et accordé entre les dites parties que ladite Catherinne Guillon ne prandra aucuns meubles ou chauses de nature de meubles ny de coses contenues et portée par leur inuantelle? dans la maison et communautte dudit Jean guillon son frere et y a renonce au profict dudit Jean guillon et de ladite fouche sa future espouze moyennant aussy que icelle ditte marie foucher ne poura aussy rien prandre ny pretandre aucuns meubles chauses de nature de meubles ny de causes contenue et portée par l invanterre de son dict frerre et elle et mesme ledit guillon et ladite marie foucher sa pourparlée ont en faveur des prises quy autremant neust esté ainsy accordé renoncé et renoncent des apres et a l avenir comme des lors et [.] a la succession mobilliaire [.] de ladite dupuy merre de ladite foucher sullemant ne prandron rien dans leur cuillette pandan par les racines de la presante année [.] rien les uns sans les autres de ce quy est sullemanta presant [.° et en quas de survivance demeureron lesdites pourparlée [.] du douaire coustumier suivant la coustume aura ladite Catherinne guillon trois chefs de brebis qui sont asain? moyennant que ledit foucher fournira le vin au banque de leurs nopce et le surplus dudit banquet se [trou] par moytie Carains ? [.] de ce qui dessus a esté [.] consanty promis stipullé et accepté par les dusdites parties respectivemant de point en point lesquelles a l antretien elles ont donnés leurs fois obliges et hipoteques tous et chascune leurs biens meubles et immeubles presans et feuturs quelconques renoncent aux chauses presante contraire dont a leurs requisition de leurs consanteman et volonté elles ont estés jugés et condamnés par le jugemant et condanation de ladite Cour [trous illisible] delaquelle elle ce sont supausee? et soubmize et leurs dicts biens faict et passé en la parroisse de Cherves les jours et an que dessus en présance des susdits parans cu dessus establis et de Jacques Brothier alexandre recoupé michel ayrault et plusieurs autre parans voisins et amis des parties tesmoins au apellez et ont les parties et tesmoings desclarez ne scavoir scigner de ce enquis fors les soubsigné suivant l ordonnance ainsy signé en la minutte des presante M foucher Jean guillon p brault Jean guillon Jean gorin ff autard Jacques brothier Louis thiollet J mestayer et de moy notaire soubsigné

Il s’agit d’un double contrat de mariage, un frère et une soeur, Martin et Marie Foucher, vont épouser un frère et une soeur, Jean et Catherine Guillon.

L’originalité de ce contrat tient au fait que Catherine Dupuy, la mère de Martin et Marie Foucher, qui est présente au mariage, est également la belle-mère de Jean et Catherine Guillon, dont elle avait épousé le père, Mathurin Guillon, après le décès de son premier mari, Martin Foucher, et le décès de la mère des enfants Guillon, Françoise Blanchard.

Et pour simplifier la situation, Catherine Dupuy et Mathurin Guillon ont eu un fils ensemble, nommé Mathurin Guillon, et qui est présent au mariage de ses quatre demi frères et soeurs – ensemble ….

Voici un petit schéma pour mieux visualiser les relations des différentes personnes présentes à la signature du contrat.

En organisant ce double mariage entre ses enfants et ses beaux-enfants, Catherine Dupuy répartit les biens communs de la famille élargie. Une communauté de biens va être établie, entre son fils Martin, sa belle-fille Catherine Guillon, et elle même, où chacun aura un tiers de la communauté. Cette famille habitera à La Touche, parroisse de Cherves. Une seconde communauté de biens sera établie entre Jean Guillon son beau-fils et Marie Foucher, sa fille, et le couple vivra à Ceran. Chacune des deux futures épouses renonce à sa part dans la succession de son père – ce qui permet de ne pas réduire l’héritage ni le patrimoine. Le douaire coutumier, selon la coutume du Poitou, est maintenu pour Catherine Dupuy, sa fille et sa bru.

Gallica – Titre :  
Carte générale de la France. 067, [Poitiers]. N°67. Flle 92 / gravé par Chalmandrier ; [établie sous la direction de César-François Cassini de Thury]

On fixe même dans les clauses du contrat que c’est Martin Foucher qui fournira le vin pour le banquet du mariage, les autres dépenses étant partagées par moitié.

Au moins les choses sont claires, il s’agit d’un contrat, et pas d’une double histoire d’amour ….

Quand Catherine Dupuy ( ou Dupeux selon certains actes ) convient du contrat de mariage de ses enfants, Mathurin Guillon, son fils dernier né, qu’elle a eu de son second mariage, est encore jeune, il vit avec sa mère et ne compte pas en tant que tel dans la communauté. On ne décide pas de son sort lors de ce contrat, auquel il assiste pourtant.

Les années passent.

En 1700 Mathurin est majeur, il vit à la Touche, avec sa mère, son demi-frère et sa demie-soeur, mariés ensemble, et il doit lui aussi maintenant se marier et s’installer.

Le 16 avril 1700 est etabli un nouveau contrat de mariage – trouvé également sous la cote 1 J 202 -, entre Mathurin Guillon et Jeanne Fouré, fille de Charles Fouré, décédé et de Marie Foucher, veuve de Jean Guyonneau. La future épouse est mère de deux filles. Est elle apparentée par sa mère Marie Foucher au premier mari – Martin Foucher – de sa belle-mère Catherine ? Rien ne permet de le nier ou de le confirmer pour l’instant.

Le mariage de Mathurin et Jeanne est célébré quelques semaines plus tard. Mais tout n’est pas encore réglé, il faut maintenant que la communauté de biens soit dissoute. Mathurin en détient maintenant un quart, et il a besoin de reprendre ses biens. C’est l’objet de l’acte de partage de communauté, passé le 11 juin 1700, qui fait aussi partie des documents trouvés dans les papiers concernant la famille Guillon sous la cote 1 J 202.

Par devant les nottaires royaux du bailliage royal de parthenay soubzsignes furent presans et personnellement estably et dhuement soubzmis Catherine Dupeux vefve de martin foucher en premierre nopces et en segonde de mathurin guillon d une par et martin foucher laboureur son fils et Catherine guillon sa femme qu il a bien et dhuement octorizée
9 d une autre par et mathurin guillon aussy laboureur d autre part demeurant touttes les partyes au village de la touche parroisse de cherve entre lesquelles paryes a esté fait le partage et division des biens et domaines acquests fait pandant leur Communautté qu’ils avoient ensemble jusques au jour qu ilz l ont dissolue a l egard dudit mathurin guillon quy estoit fondé pour une qarte partye Les dicts dupeux foucher et sa femme pour chacun une autres quarte partye et lesdicts dupeux et foucher sa dicte femme continue encore pour chescun une tierce partye ladicte communaulté et desquels acquests en a esté composé par lesdites partys quatre lots les plus justes et esgaux que faire c est peu dont ledict mathurin guillon en a accepté un pour estre et demeurer a perpetuitté a luy ……….

S’ensuit sur 10 pages – bien écrites heureusement – la liste et la situation précise de chacun des biens composant chacun des lots. Un patrimoine non négligeable pour cette famille autour de Cherves.

Le dossier Guillon de cette cote 1 J 202, Titres du presbytère de Cherves, contient les grosses de 19 actes notariés concernant en fait Mathurin Guillon et Renée Guillon, la fille qu’il va avoir avec Jeanne Fouré. Mathurin ne savait pas écrire, il ne signe pas les actes. Peut être est-ce pour cette raison qu’il a demandé au curé de Cherves de conserver pour lui ces documents.

Epilogue

J’aurais pu me contenter de la copie de l’acte que m’avait envoyée le cercle GE86. J’aurais eu le contrat de mariage de mes ancêtres Jean Guillon et Marie Foucher. Mais sans ma curiosité, je n’aurais pas découvert tous ces documents, dont le contrat de mariage de Mathurin et le partage des biens de Catherine Dupuy. Grâce à ces documents, j’ai pu compléter mes recherches, découvrir qui étaient les parents de Catherine – grâce principalement au nom des oncles maternels présents au contrat de mariage de ses enfants – et même découvrir son acte de baptême le 10 octobre 1628, dans la petite paroisse de Maisonneuve toute proche.

AD86 – Baptêmes Maisonneuve 1624-1680 – vue 20/156

N’hésitez pas, soyez curieux, essayez toujours d’aller à la source, pas seulement à l’acte concerné, mais aussi à son contexte : registre notarié ou liasse d’archives.


4 réponses à “C comme Cherves”

  1. Quelle trouvaille ce contrat de mariage !

    Je n’ai encore jamais eu la chance d’en consulter pour mes ancêtres, mais maintenant à chaque fois que je lis dans l’acte de mariage qu’ils ont conclu un contrat, je le rajoute à ma longue liste des recherches à faire aux AD de Metz, dans le monde d’après 🙂

    1. Brigitte

      Les contrats de mariage, surtout les contrats avant la Révolution, c’est une vraie mine d’or. Les familles présentes, les histoires de partage d’héritage et de dot. J’en ai aussi beaucoup à chercher, transcrire, exploiter vraiment

  2. Et là, tu bénis ce M. BLANCHARD d’avoir déposé ce fonds aux archives. Comment lui-même en a-t’il pris possession ?

  3. Et hop, un fond d’archives privées qui tombe comme par magie quand on pensait que tout avait été détruit ! Pour une bonne nouvelle, c’en est une

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