Il est parfois difficile de s’attribuer une origine. D’où suis je ? D’Alger où je suis née, mais dont je suis partie à 8 mois pour ne plus jamais revenir ? De Seine et Marne, où j’ai grandi d’un village à l’autre au gré des affectations de mon père, sous officier de gendarmerie ? De ce petit coin du Poitou, ce triangle Ayron_Chalandray_Latillé qui regroupe une forte partie de l’ascendance de maman ? Je suis de partout à la fois …
Mais aujourd’hui c’est de Latillé que je vais vous parler, dans le cadre des thèmes mensuels proposés par Sophie Boudarel, et plus particulièrement du Petit Bourg à Latillé, autour de l’église Saint Cybard, à quelques pas de l’Auxance qui traverse paresseusement les prés et qui nous a vus pêcher le vairon quand nous étions enfants. Une bonne friture de vairons, une omelette aux vairons, des plats qui ont un goût de madeleine de Proust pour moi, et que mes enfants et mes neveux bouderaient certainement …
Mes souvenirs de Latillé se déclinent en goûts, en odeurs, en sons ….
L’omelette aux vairons de maman, les pommes de terre sautées de mamie, les rates et les rillons du charcutier, le lait frais non pasteurisé, sorti du pis de la vache qu’on allait chercher le soir au moment de la traite dans la ferme des Chausseau, en face du cimetière, les fraises des bois – les quarantaines comme les appelait mon arrière grand mère – cueillies dans le jardin, le long du pré …… L’odeur des foins en été, quand le soir tombe après une chaude journée comme le Poitou les aime, l’odeur des vieilles maisons construites pour ne laisser entrer ni -trop- le froid, ni le chaud, poussières, cire d’abeille, confitures, vieux papiers, souvenirs ….. Le clapotis de l’Auxance, les cloches qui carillonnent la messe, l’angelus qui réveille bien trop tôt les matins de vacances, le glas qui inquiète les femmes – qui est mort ? -, le bruit des insectes butinant dans le pré, les cloches des vaches broutant sur l’autre rive, et le rire de maman ….
Mon grand père Achille Reau aimait prendre des photographies, qu’il développait ensuite lui même. Maman m’a dernièrement confié de nombreux clichés, parmi lesquels certains clichés pris par lui à Latillé, le village de son épouse, Marie Rose Guignard. Achille lui était de Chalandray, juste à côté, mais « ailleurs ».
La branche familiale la plus proche de notre époque à Latillé est la branche des Guignard.
Mon aieul François vivait et travaillait dans une maison au fond d’une venelle, dans le petit bourg de Latillé, juste en face de l’église. Sur un petit terrain acheté le long de la route d’Ayron, au carrefour du chemin qui descend vers le moulin de la Jupetière, il a bâti lui même une maison. A sa mort, en 1928, c’est sa fille Marie qui en a hérité. Adrien, seul fils, était mort de méningite en allant an front en 1915. Cette maison, tante Marie la donna à sa seule héritière, ma grand mère Marie Rose, longtemps avant son décès. C’est là que vit toujours maman, dans la maison construite par son arrière grand père.
J’ai une photo non datée de la maison – que je situe vers 1925 en me fiant à l’age de tante Marie, debout dans l’embrasure de la porte.
Je ne dispose pas de photo récente prise sous le même angle, le jardinet est maintenant protégé des regards par une haie … Mais voici la maison vue du chemin de la Jupetière, et derrière, tout près le clocher de l’église.
Allons donc nous promener chemin de la Jupetière et dans les prés le long de l’Auxance avec mon grand père …
Achille (1), Marie Rose (2), ses filles Françoise (3) et Monique (4) posent ici avec leurs amis la famille Dubois (5-6-7), des amis de mon grand père, dans les prés le long de l’Auxance. A partir de l’âge de Monique, entre 2 et 3 ans sur la photo, je suppose qu’on est en été 1931 ou 1932.
Montons le chemin qui va au cimetière. Nous voici dans un pré en surplomb de l’église, juste à coté du cimetière.
Mes grands parents Achille (1) et Marie Rose (2) posent ici avec le frère de mon grand père, Arsène Reau (5), et son épouse Sylvie Métivier (6), dont je vous ai présenté sur ce blog la photo de mariage. J’imagine que cette photo date de 1933, ou 1934. Ma mère, née en 1934, n’y est pas, mais n’y figurent pas non plus les trois premiers nés d’Arsène et Sylvie : Gabriel, Odile et François. Les bébés sont probablement restés à la garde d’une des grands mères. Rermarquez les robes identiques de mes tantes. Ma grand mère était couturière, elle s’habillait et habillait ses filles, Françoise (3) et Monique (4), qui portent sur toutes les photos jusqu’à leur adolescence les mêmes vêtements. En arrière plan, le clocher de l’église de Latillé. (A)
Descendons maintenant le chemin de la Jupetière. Nous sommes en avril 1936, Achille a lui même annoté le dos de la photo, et Michelle, leur troisième fille – maman – est de la promenade.
Vous reconnaissez Marie Rose (2), devant elle Monique (4) et Françoise (3), puis Marie Quintard (6), la mère de Marie Rose. Assis sur le muret de pierres, dans lequel des vipères se prélassent quand le soleil brule en été, est assis Achille (1), qui tient par la main Michelle (5), ma mère. En arrière plan, vous apercevez la maison (A) et le clocher de l’église (B).
Descendons dans le pré, celui qui borde l’Auxance, où l’on descend de la maison de mon arrière grand mère en traversant le jardin potager.
On est en été 1936, l’été des congés payés. La famille Reau, – Marie Rose (1), Françoise (3), Monique (4), Michelle (5) – qui habite à Paris dans le 14ème, où mon grand père Achille (1) est militaire, est venue en vacances à Latillé. Le plus jeune frère de mon arrière grand mère Marie (6), Auguste Quintard (7) , est venu passer la journée avec sa femme Marguerite (8) , que je n’ai jamais appelée que tante Margot, et la mère de Marguerite (9). Et comme toujours quand il fait beau, toute la famille descend passer l’après midi dans le pré.
Remontons le chemin en ce jour superbe d’été 2013. J’espère que vous avez pris plaisir à cette promenade sereine et heureuse dans les prés et les chemins de mon petit coin de Latillé.
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