Sophie Radegonde David (1) est la grand mère paternelle de mon grand père maternel, Achille Reau (2).
Ses parents, Jean Pierre David (3) et Sophie Bondonneau (4), sont tous deux nés à Chalandray, où ils se marient le 13 novembre 1842 (5). Louis Philippe règne à Paris. En Algérie, l’armée française se bat contre l’armée d’Abd El Kader, pendant que les premiers colons français s’installent. La France compte 34 millions d’habitants, dont la majorité vit encore dans les campagnes et continue à vivre comme leurs grands parents avant eux, au rythme des saisons et des travaux des champs.
Jean Pierre a 23 ans , Sophie en a 20. Lui habite le village de La Vauceau, elle habite Cramard, à moins de 2 kilomètres de là.
Les mères des jeunes époux, Renée Guillon (5) et Magdeleine Guillon (6), sont cousines germaines. Les futurs époux sont donc cousins issus de germains.
Le jeune couple s’installe à La Vauceau, où l’époux est cultivateur, mais non propriétaire.
Un an après le mariage, le 5 décembre 1843, nait le premier enfant du couple, Marie Madeleine. Mon arrière arrière grand mère, Sophie Radegonde, nait le 22 mars 1846. Viennent ensuite René – 22 septembre 1848 -, Félicité – 22 avril 1851 – Marie Honorine – 22 décembre 1854 – Louise Bazelle – 14 octobre 1858 – François Marcel, dit Pierre – 5 septembre 1862 – et enfin Honorine Augustine – 30 septembre 1866, la seule à naitre à Cramard, où la famille s’installe à l’été 1866. Seule Félicité n’atteint pas l’âge adulte.
C’est aussi à partir de 1866 que Jean Pierre David, le père de famille, est dit « roulier », et non plus journalier ou agriculteur. Un roulier est une personne qui transporte des marchandises sur un chariot.
Dans le recensement de 1866, toute la famille David vit encore sous le même toit, aucun des enfants n’est parti se louer à l’extérieur. Mais il est probable qu’ils travaillent tous plus ou moins dans une des exploitations voisines, cultivées par un des membres de leur nombreuse parenté. Sophie Bondonneau, la mère de famille, a neuf frères et soeurs, quant à Jean Pierre, son frère François est cultivateur à La Vauceau. Il doit y avoir assez d’ouvrage dans la famille élargie sans qu’on ait besoin de se louer chez des étrangers.
En novembre 1868, Marie Madeleine (8), la soeur ainée, se marie avec Jean Pierre Reau (9), et quitte la maison. Elle retourne vivre à La Vauceau avec son mari.
Le 2 septembre 1870, Napoleon III capitule, le second empire s’effondre et la 3ème république est proclamée le 4 septembre 1870 à Paris. La guerre fait rage dans l’Est de la France, jusqu’à Paris. En septembre 1871, pendant qu’à Versailles Thiers essaie de fédérer les parlementaires, que les républicains et les monarchistes se déchirent et que se tient le procès des communards, Sophie et Hilaire Reau (10) font publier les bans de leur futur mariage.
Le 28 septembre 1871, Sophie David épouse Hilaire Reau à Chalandray (11). Dans le recensement de 1866, on voit qu’Hilaire était domestique à la Brissonnerie, à quelques centaines de mètres de Cramard (12).
Depuis septembre 1869, Hilaire est journalier et habite à la Vaupérouse, sur la commune de Chalandray. C’est là que s’installent les jeunes époux après le mariage. Moins d’une semaine après la noce, le 2 octobre 1871, Hilaire va à la mairie de Chalandray déclarer le décès de son père, François Reau (13), domicilié lui aussi à la Vaupérouse, probablement dans la même maison qu’Hilaire (14). Quel début difficile de vie commune que ce décès du père dans les tous premiers jours de la vie du couple.
Le 6 août 1872 naît le premier enfant du couple, Eugénie Clémentine (15), dans la maison de la Vaupérouse, sur la commune de Chalandray.
Courant 1873, ou debut 1874, la famille quitte Chalandray et part à Jazeneuil, où Hilaire cultive désormais les terres qu’il loue, au lieu dit les Amillières.
Lors des recensements de 1881 et 1886, la famille a une servante à demeure, ce qui indique que l’exploitation est assez prospère. Les grossesses de Sophie s’enchaînent. François le 25 juin 1874 – mon arrière grand père – puis Hilaire en mars 1876, Marie Eugénie en mai 1877, Pierre Octave en mars 1879, qui ne survit qu’une semaine, Delphin – dont je vous ai montré la photo de mariage sur ce blog – en décembre 1880.
C’est dans la belle église Saint Jean Baptiste de Jazeneuil, un des fleurons de l’art roman, que sont baptisés les enfants.
Le 13 mai 1885, Sophie est enceinte de son septième enfant. Ce jour là, à cinq heures du matin, son mari, Hilaire, décède au domicile familial(16). Il n’a pas encore 40 ans. Un mois plus tard, le 19 juin 1885, Sophie, veuve, met au monde Eugénie, sa dernière enfant.
Peu de temps après, toute la famille retourne à Chalandray, dans le hameau de La Vauceau.
Dans le recensement de 1886, on retrouve Sophie, journalière, vivant à La Vauceau avec ses trois derniers enfants.
Les ainés ont probablement été placés comme domestiques dans des exploitations agricoles alentour. François, du haut de ses 11 ans, est domestique chez Joseph Veillon, au Vieux Chateau à Chalandray. Je n’ai toujours pas retrouvé la trace de Clémentine, 13 ans, ni d’Hilaire, à peine 10 ans, en 1886.
Le 21 juillet 1888, Sophie Bondonneau, la mère de Sophie Radegonde, décède à Cramard. Sophie et les enfants vivant encore avec elle partent s’installer à Cramard, chez son père. C’est là que Sophie va rester jusqu’à sa mort. Cette petite maison, la maison de « grand mère sabotière » et de « tonton sabotier », son fils Hilaire, l’oncle de mon grand père, appartient maintenant à une des descendantes de Sophie, une cousine germaine de maman qui l’a rachetée et restaurée.
Le 3 juillet 1910, Delphin, le plus jeune fils de Sophie, se marie. C’est à l’occasion de ce mariage qu’une photo est prise, la seule photo que j’ai à ce jour de Sophie Radegonde David (17).
Le 14 janvier 1915, Sophie Radegonde David s’éteint dans sa petite maison de Cramard (18). Elle a 68 ans. Ses trois fils vont survivre à la guerre, mais son gendre Ernest Blanchard, l’époux de Marie Eugénie, va y trouver la mort à Ecrouves le 29 mai 1916. A sa mort, Sophie a 6 petits enfants, tous les six nés à Chalandray, tous les six qu’elle a eu l’occasion de voir. A ce jour, c’est la sixième génération de ses descendants qui vient au monde.
[Sophie David – Sosa 57]
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