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Ils sont 18 conscrits à être partis avant novembre 1893, engagés volontaires pour 3 ans. Six d’entre eux resteront dans l’armée après la fin de leur service. Courant novembre 1893, ils vont être 95 à rejoindre leur unité d’appel conformément aux spécifications de la classe 1892, une grosse partie de la classe 1892 de Vouillé. Les 12 derniers sont ajournés – pour faiblesse et défaut de développement – en 1893, mais partent en novembre 1894.
Les recrues de la classe 1892 partent de chez eux sur deux jours principalement, le 11 novembre et le 16 novembre 1893. Dans la presse de Poitiers mi novembre 1893, on annonce le passage de ces troupes, qui sont logées une nuit chez l’habitant avant de rejoindre leur unité.
L’affectation dans les différents régiments est toujours aussi diversifiée. Seuls le 125ème régiment d’infanterie de Poitiers et le 90ème régiment d’infanterie au Blanc sont des « destinations » classiques pour les appelés, dans lesquels un quart de chaque contingent est affecté, bon an mal an. Vont presque systématiquement au 125ème régiment d’infanterie à Poitiers les appelés qui en raison d’une dispense ne vont passer qu’un an sous les drapeaux.
En Aout 1914, nos 139 conscrits survivants de la classe 1892 ont 41 ans révolus, la plupart sont mariés et pères de famille. Depuis octobre 1912 ils sont passés dans la réserve de l’armée territoriale et la fin théorique de leurs obligations militaires est prévue pour octobre 1918. Ils sont 118 à être affectés dans une unité non combattante, eu égard à leur âge. C’est la première des classes que j’analyse où la majorité des poilus va rester sous les drapeaux jusqu’après la fin du conflit. Ils sont en effet 70 à être libérés principalement entre décembre 1918 et janvier 1919.
Le graphique ci dessous montre quel mois chacun des hommes rappelés a rejoint l’armée.
Ils sont 55 à partir avant le 1er septembre 1914. Ceux qui vont partir en 1915, puis en 1916, sont les exemptés et services auxiliaires de l’année 1893, qui vont une ou deux fois passer devant le service de réforme, et être finalement jugés aptes à partir servir.
Le parcours de la classe 1892 commence généralement par quelques semaines dans un poste de Garde des Voies de Communication, où ils ne sont pas à l’abri d’un accident, puisque l’un d’eux, Louis Fraudeau, meurt le 17 août 1914, à peine deux semaines après son arrivée, d’un accident en poste, qui lui vaut le statut de Mort pour la France. Après la période de GVC, ils bénéficient fréquemment d’un retour aux foyers de moins d’un mois – on croit encore que la guerre va être gagnée rapidement en octobre 1914 – avant d’être rappelé le 1 décembre 1914 au dépôt du 68ème régiment d’infanterie territoriale à Poitiers. Ils y restent généralement entre 15 jours et deux mois avant d’être affectés dans d’autres unités un peu partout sur le territoire, généralement dans un régiment d’infanterie territoriale. Dans la plupart des cas, ils ont connu au moins deux affectations durant leur présence sous les drapeaux.
Dans le tableau ci dessous, j’ai essayé de répartir les différents poilus en fonction du mois de leur retour, en prenant en compte leur mois de départ. L’axe vertical représente le mois de départ, l’axe horizontal le mois de retour. Le nombre de soldats concernés est indiqué dans chaque case au croisement des deux coordonnées. Ce tableau n’est pas très intuitif, mais je n’arrive pas à trouver de représentation graphique simple à faire et qui me convienne graphiquement …. Plus la case est située dans le haut du tableau, plus le départ a eu lieu tardivement. Plus la case est située à droite du tableau, plus le retour a eu lieu tardivement. Même si le tableau manque de finesse, on voit que les départs ont eu lieu assez tôt dans les débuts de la guerre, et que les retours ont lieu principalement après l’armistice.
Néanmoins, 25 soldats reviennent tout au long de l’année 1917, dont 20 pour travaux agricoles. Les retours des années 1914-1915 et 1916 concernent des réformes et des sursis d’appel pour pères de famille nombreuse, d’au moins 6 enfants vivants.
Pour finir, faisons un point rapide sur quelques particularités des affectations de cette classe 1892 de Vouillé.
Ils sont 9 à commencer leur campagne par une opération de « conducteur d’animaux », entre le 2 et le 9 août 1914, avant de rejoindre leur unité.
Ils sont 54 à être mobilisés pour une période allant d’une semaine à plusieurs mois dans les Gardes des Voies de Communication, pour certains dès le 1er août 1914 et pour la quasi totalité jusqu’à février 1915 au plus tard.
Ils sont 8 à être détaché une ou plusieurs fois dans des entreprises industrielles, pas forcément près de chez eux, et pas forcément des entreprises oeuvrant pour l’effort de guerre. Pour la quasi totalité d’entre eux, leur détachement prend fin quand ils sont affectés en 1917 aux travaux agricoles.
Ils sont 5 à servir dans une section d’infirmiers militaires, l’un d’eux – Maximin Giraud – y est affecté quand il décède des suites de maladie à l’hôpital Beaujon. Son décès ne lui donne pas la qualification de Mort pour la France …
Le mois de juin sera consacré sur ce blog au challenge AZ proposé par Sophie Boudarel, rendez vous donc courant juillet pour l’analyse de la classe 1893.
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