C’est par Béruges que je continue mon analyse des Morts pour la France du canton de Vouillé.
![Monument aux morts de Béruges - Photo Michel Cacault - collection privée](http://www.chroniquesdantan.com/wp-content/uploads/2014/03/beruges_7.gif)
Le fichier de dépouillement compte 40 noms, vous pouvez le trouver ici.
J’ai utilisé pour constituer cette liste deux ressources officielles :
- le livre d’or de la commune de Béruges – 35 noms – , dont les Archives Nationales m’ont communiqué une copie numérique – obtenue tout simplement en faisant la demande sur mon compte de la Salle Virtuelle des Inventaires des Archives Nationales. La mise en ligne de tous les livres d’or est en phase de test, espérons que nous pourrons bientôt y avoir accès directement.
- des photos du monument aux morts de Béruges – 39 noms – , gentiment mises à ma disposition par un habitant du canton, ami de maman. Qu’il soit remercié une nouvelle fois de l’aide apportée.
Comme fréquemment, les deux ressources ne donnent pas une liste totalement identique. En revanche les 40 soldats retrouvés ont tous une fiche de Mort pour la France, que j’ai indexée sur Mémoire des Hommes.
- 34 noms sont communs aux deux ressources.
- Un nom – Louis Gaston Papineau, engagé volontaire puis militaire de carrière, dont le décès est transcrit à Béruges, n’est pas sur le monument aux morts.
- Pour 5 des noms, le lieu de transcription n’est pas Béruges, et tout en apparaissant sur le monument aux morts, ils n’ont pas été repris sur le livre d’or de la commune.
Où sont nés, où ont vécu avant la guerre mes 40 Poilus dont Béruges a décidé d’honorer la mémoire?
- Pour 24 d’entre eux, la dernière résidence indiquée sur la fiche matricule avant l’entrée en guerre, c’est Béruges.
- 8 d’entre eux sont nés à Béruges, qu’ils ont ensuite quitté dans la plupart des cas après leur recensement militaire, pour commencer ailleurs leur vie professionnelle.
- Pour 5 d’entre eux, le lien familial avec Béruges est important : les parents et la famille proche ont habité ou habitent le village. L’un d’eux – Paul Bizard , pilote à l’escadrille 114, élève de St Cyr – est le petit fils de l’ancien maire, et son père et son frère habitent après la guerre au chateau de Béruges.
- Pour les 3 derniers, je suis perplexe
- 2 d’entre eux n’ont comme seul lien visible pour l’instant que le fait que leur décès soit retranscrit à Béruges. Il me faudra donc les copies des actes de décès pour en savoir plus, du moins je l’espère
- le dernier – Victor Derbord – est né à Montreuil Bonnin, de parents habitants Montreuil Bonnin, et son décès a été retranscrit à St Benoit, où il résidait avant la guerre. Il n’est pas sur le livre d’or, mais pourquoi est il sur le monument aux morts ?
En 1911, il y a 932 habitants à Béruges. Les 40 morts étudiés sur ma liste représentent donc environ 4,30 % de la population.
Le mort pour la France de Béruges le plus âgé au moment de son départ est Jérémie Chauvet, né le 7 novembre 1880. Il part quelques mois avant d’avoir 34 ans. Il va mourir dans les premières semaines de la guerre, le 26 octobre 1914, à Ypres.
Ils sont 6 à partir avant même d’avoir 20 ans, 6 qui ne reviendront pas.
Ils sont deux à appartenir à l’armée de métier quand la guerre éclate :
- Paul Bizard, né en 1894, vient de s’engager pour 7 ans à l’Ecole Militaire de St Cyr
- Louis Papineau, né en 1887, s’est engagé en 1905 et a régulièrement renouvelé son engagement depuis.
Ils sont 9 à effectuer leur service militaire quand la mobilisation est déclarée.
La répartition par unités montre une nouvelle fois la grande dispersion des effectifs, avec malgré tout une prépondérance des affectations au 125ème régiment d’infanterie, basé à Poitiers. Ce graphique est fait à partir des unités d’appartenance au moment du décès. Certains soldats ont été affectés à plusieurs unités durant leur temps de campagne militaire.
J’ai calculé la durée en jours de présence sous les drapeaux du jour de l’appel de chacun des 40 soldats jusqu’à son décès, puis j’ai simplement divisé par 30 de façon arbitraire. Pour les trois soldats qui sont indiqués dans la première colonne marquée 0, il faut comprendre qu’ils ont passé moins de 30 jours en campagne, et donc sont morts dans les 30 jours de leur appel, quelque soit la date. Pour toutes les autres colonnes, le chiffre indiqué est le chiffre entier inférieur, par exemple 1 signifie que les soldats concernés sont restés plus d’un mois – ou 30 jours – mais moins de 2 mois. Pour mémoire, la guerre a duré 51 mois.
C’est Louis Papineau qui a la durée de présence la plus longue dans cette guerre. Militaire de carrière, il est décédé le 23 octobre 1918, de maladie nous indique sa fiche matricule. Vu la période, on peut supposer qu’il est mort de la grippe espagnole.
Ils sont 22, presque la moitié d’entre eux, à être morts pour la France avant leur 26ème année. 22 à ne pas avoir eu d’enfants, en moyenne 3 enfants survivants dans cette région paysanne, soit probablement un déficit de population de 75 enfants . Quand on regarde l’évolution de la population de Béruges sur le 20ème siècle, le recul significatif des habitants après la guerre et jusqu’aux années 1980 trouve une de ses causes dans les conséquences démographiques de la guerre. Pas seulement, loin de là, mais c’est un des impacts de la guerre dans les villages de campagne.
![Cliquez sur l'image pour la voir en taille normale](http://www.chroniquesdantan.com/wp-content/uploads/2014/03/beruges_5.gif)
On reconnait sur ce graphique les différentes phases de la guerre, avec les longues périodes d’ »accalmie » sur le front.
Pour finir cet article, un peu indigeste, je l’avoue, je vous propose une carte géographique des Morts pour la France de la commune de Béruges, réalisée avec Mapsengine, de Googlemaps
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