Après Latillé et Béruges, c’est la commune de Chalandray dont j’ai finalisé le dépouillement des Morts pour la France de la guerre 1914-1918.
Le fichier de dépouillement compte 48 noms, vous pouvez le trouver ici.
J’ai utilisé pour constituer cette liste trois ressources différentes :
- le livre d’or de la commune de Chalandray – 36 noms – , obtenu auprès des Archives Nationales.
- des photos du monument aux morts de Chalandray – 47 noms – , trouvées sur le site Geneanet.
- la transcription par un ami de maman des mêmes 47 noms sur le monument aux morts.
Les 47 noms de la photo de Geneanet et de la retranscription sont identiques, c’est en gros le seul point simple de ce dépouillement. J’ai eu un peu de mal à m’y retrouver dans les noms indiqués sur le monument aux morts, qui compte quand même arithmétiquement 11 noms de plus que le livre d’or. De plus, tous les noms sur le monument aux morts ne sont pas repris dans la base Mémoire des Hommes. Un vrai casse tête, que je n’ai pas pu résoudre en totalité pour l’instant.
Résumons la situation :
- 35 des 36 noms du livre d’or se retrouvent sur le monument aux morts.
- Le 36ème nom du livre d’or, celui de Théophile Quintard, blessé à Wailly le 25/9/1915, mort à Yvetot le 3/12/1915, n’est pas repris sur le Monument aux Morts.
- 2 des noms du Monument aux Morts sont sur le livre d’or d’Ayron. Emmanuel Charles Désiré Aubeneau est né à Chalandray, Louis Texereau avait épousé une jeune fille de Chalandray.
- 1 nom, celui d’Henri Roux, recruté à Chateauroux, est sur le livre d’or de Chiré en Montreuil. Je n’ai pas accès pour l’instant à sa fiche matricule et je n’ai pas encore retrouvé quelle est sa relation avec Chalandray.
- Pour 4 des noms, le lieu de naissance est Chalandray, la transcription a eu lieu en dehors du département.
- Viennent ensuite 3 Non Morts Pour la France, dont le nom est repris sur le monument aux morts.
- Pour les deux derniers noms, ceux d’Auguste Masteau et d’Auguste Russeil, je suis dans l’impasse : pas de fiche Mort pour la France, pas de mention dans le fichier des Non Morts pour la France, rien dans les registres matricules de Poitiers sur les classes concernées par la mobilisation, du moins avec ces prénoms. Je ne trouve pas non plus mention de ces couples nom-prenom dans le dernier recensement en ligne de Chalandray, celui de 1901, ni dans les tables de mariages de Chalandray pour la période 1903-1912. J’ai également lancé une recherche sur Geneanet, sans succès. Qui sont ils ? Pourquoi une mention à Chalandray ? Il y a forcément une relation que je n’ai pas encore retrouvée.
Ce qui me donne mon total de 48 noms dans le fichier que j’ai partagé.
Sur les 48 noms de mon fichier d’analyse, je n’ai pas d’informations suffisantes pour 4 soldats :
- Gaston Masnière, né à Saint Bohaire et recruté à Blois
- Auguste Masteau, dont je n’ai pas retrouvé la trace
- Henri Roux, né à Forges, recruté à Chateauroux
- Auguste Russeil, dont je n’ai pas retrouvé la trace
Mon analyse va donc porter sur 44 poilus pour lesquels j’ai retrouvé suffisamment de renseignements pour en faire une analyse.
En 1911, il y a à Chalandray 1013 habitants. Les 44 morts pour la France qui y sont liés représentent 4,34% de la population. En 1921, lors du premier recensement après la fin de la guerre, la population de Chalandray était tombée à 884 habitants, soit le même niveau de population qu’en 1866. Depuis 1921, le nombre d’habitants de la commune n’a cessé de diminuer.
La lecture de ce tableau nous apprend que pour 37 des 44 soldats de l’analyse, leurs parents résidaient à Chalandray au moment de leur recensement militaire. 3 autres sont nés à Chalandray, même si lors de leur recensement militaire leurs parents n’y habitaient plus. Cela nous donne donc 40 noms sur la liste en relation directe – et simple – avec Chalandray.
Qu’en est il des quatre derniers ?
- Louis Texereau, né à Béruges, recensé à Ayron, a épousé à Chalandray le 21 novembre 1910 Marie Alice Cattus.
- Pour les trois autres, peut être leur acte de décès me donnera t’il la raison de leur inscription sur le monument aux morts. Ils sont originaires de communes limitrophes, on peut donc penser qu’à un moment ils ont pu habiter Chalandray, que leur famille directe y a encore des liens forts, mais à ce stade de mes recherches je n’ai pas encore retrouvé ce lien.
M’en voudrez vous si je vous avoue que je trouve que monsieur le maire de Chalandray a ratissé large quand il a fait construire le monument aux morts ?
Le soldat le plus âgé à partir pour la Grande Guerre, à Chalandray, est Louis Marcellin Blanchard, né le 14 août 1874. Il rejoint son unité le 17 août 1914, il va avoir 40 ans.
Au moment où la guerre éclate, ce sont les classes 1911-1912 et 1913 qui forment l’armée d’active et sont sous les drapeaux. La classe 1907 appartient à la réserve, mais se trouve dès le début des combats en première ligne. C’est dans les rangs de la classe 1907 – ceux qui sont revenus dans leurs foyers en septembre 1910, et ont eu le temps de se marier et de fonder une famille, que vont se retrouver les décès les plus fréquents – 6 morts – après la classe 1913.
Mais ce graphique n’a bien sûr aucune valeur statistique. Si on compare les mêmes données de répartition des décès par classe avec celles de la commune de Béruges, précédemment analysée, on voit que la répartition est aléatoire. A Béruges, ce sont les classes d’active et la classe 1908 qui sont les plus sérieusement touchées.
La répartition par unités montre une grande dispersion des effectifs, avec malgré tout une prépondérance des affectations au 125ème régiment d’infanterie, basé à Poitiers. Le graphique ci dessous est fait à partir des unités d’appartenance au moment du décès. Certains soldats ont été affectés à plusieurs unités durant leur temps de campagne militaire.
Comme je l’avais fait pour les morts de Béruges, j’ai calculé la durée en jours de présence sous les drapeaux du jour de l’appel de chacun des soldats identifiés jusqu’à son décès, puis j’ai simplement divisé par 30 de façon arbitraire. Pour les quatre soldats qui sont indiqués dans la première colonne marquée 0, il faut comprendre qu’ils ont passé moins de 30 jours en campagne, et donc sont morts dans les 30 jours de leur appel, quelque soit la date. Pour toutes les autres colonnes, le chiffre indiqué est le chiffre entier inférieur, par exemple 1 signifie que les soldats concernés sont restés plus d’un mois – ou 30 jours – mais moins de 2 mois. Pour mémoire, la guerre a duré 51 mois.
La colonne indiquant 58 mois, soit au delà de la durée de la guerre, correspond à Constant Pain, qui est mort le 25 mai 1919 de maladie à l’hopital de Poitiers, alors qu’il était encore sous les drapeaux. Parti au service militaire le 28 novembre 1913, ce sont 66 mois qu’il a passé sous l’uniforme …
Ils sont 34 sur 45 à être morts avant l’âge de 31 ans. Pour mettre les choses en perspective, dans les années d’avant la guerre à Chalandray, il naissait environ une vingtaine d’enfants chaque année.
On reconnait sur ce graphique les différentes phases de la guerre, avec les longues périodes d’ »accalmie » sur le front, et la reprise intensive des combats à partir du printemps 1918.
Pour finir cet article je vous propose une carte géographique des Morts pour la France de la commune de Chalandray, réalisée avec Mapsengine, de Googlemaps
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