J’avais en arrivant à Aix en Provence lors de mon séjour de juin un objectif majeur :
- retrouver la trace dans les registres matricules d’Alger de mon grand oncle François Jules Risse, tombé à l’ennemi le 12 septembre 1916 à Cléry et vérifier à travers les registres matricules la nationalité de mes différentes branches ascendantes en Algérie.
- Mon second objectif concernait le village de colonisation de Bourbaki, découvert à travers la mention d’un passeport de Béziers à Bourbaki pour mon arrière grand mère Philomène Blanco et mon grand père Gaston Billard.
- La cerise sur le gâteau aurait été de trouver la date du décès de Philomène, en 1943 ou 1944, décédée pendant que son fils unique Gaston participait à la campagne d’Italie dans le Corps Expéditionnaire Français, sous le commandement du général Juin. Objectif des plus ambitieux quand on ignore le fonctionnement du service d’archives dans lequel on se rend.
Quels sont donc les résultats et les enseignements que je tire de mes deux jours de recherches ?
- Décès de Philomène Blanco.
Quand vous allez dans un service d’archives départementales métropolitain classique, vous pouvez accéder aux tables décennales et aux actes de décès de façon plutôt simple.
En revanche, quand vous faites des recherches sur vos ascendants en Algérie, les choses se compliquent. Les tables décennales sont à Nantes, dans des bureaux qui gèrent l’état civil des Français nés en dehors de la métropole. L’accès aux archives à Nantes est complexe et absolument pas convivial. Je suis sûre que l’acte de décès de mon arrière grand mère s’y trouve, c’est à eux que je me suis adressée pour avoir une copie des actes de naissance et mariage de mes grands parents paternels et de l’acte de décès de mes deux grands pères. Mais la demande n’est traitée que quand on connait la date exacte et le lieu de l’événement, ce qui pour Philomène n’est pas mon cas. J’ai une fourchette, mais pas de date …. Et pas non plus de table décennale, ce que dans ma grande innocence j’ignorais.
J’ai donc commandé le microfilm du journal L’Echo d’Alger pour l’année 1943 – cote 30 MIOM 329 – en espérant que le décès serait bien en 1943 et pas en 1944, et que la famille aurait fait passer un avis de décès. Il n’y a en effet pas de liste d’état civil dans l’Echo d’Alger en 1943 – ou alors je l’ai raté sur tous les journaux que j’ai consultés. J’ai passé quelques trois heures à faire défiler le microfilm à la recherche de mon renseignement. C’est bien sûr long et fastidieux, mais j’ai vite compris comment fonctionnait le journal : première page : nouvelles internationales, et donc nouvelles de la guerre. Seconde page : nouvelles locales d’Alger et seconde moitié de la troisième page : Avis de décès, avis de messes. Quatrième page : sport et publicité. Et on passe au jour suivant. Quand on comprend le rythme on avance assez vite. Néanmoins, malgré ma ténacité, je n’ai pas trouvé l’information que je cherchais. Je vais imaginer une autre approche pour poursuivre cette recherche, et peut être tenter la visite à Nantes.
- Bourbaki, village de colonisation
Pour Bourbaki, j’ai commencé par me plonger dans les inventaires, en ligne et sur papier. J’ai identifié différentes cotes, tant dans les archives du Gouvernement General d’Algérie ( fonds GGA ) que dans celle d’Alger ( fonds ALG ), se rapportant à la création de centres de colonisation, et j’ai eu le temps d’éplucher 5 cartons sur les 11 que j’ai pour l’instant identifiés.
Même si je n’ai rien découvert qui me permette d’avancer mes recherches, j’ai aimé voir ces listes de concessionnaires, avec toute leur famille, les dossiers d’expropriation et d’indemnisation, avec la version arabe et la traduction assermentée, les minutes d’actes, ensuite parfaitement recopiées. Il est étonnant de voir des dossiers administratifs aussi précis, aussi loin de la métropole. Depuis mon départ d’Aix, j’ai découvert par le site du GAMT qu’un frère de Philomène aurait été charpentier à Bourbaki, et que c’est lui qu’elle aurait rejoint. J’espère qu’à ma prochaine visite, je trouverai des éléments me permettant de confirmer cette hypothèse, et donc de confirmer l’existence d’un frère de Philomène qui m’est actuellement inconnu.
Pour l’instant là aussi, je n’ai pas de résultat concret, mais j’ai des pistes sérieuses à suivre, qui vont m’occuper encore une bonne journée.
- Recensement militaire
Les tables alphabétiques des recensements militaires d’Alger, Oran et Constantine sont microfilmés et en accès libre. Pour connaitre la cote du microfilm dont vous avez besoin, adressez vous au président de salle, qui a derrière son bureau un certain nombre de classeurs. Pourquoi ces classeurs ne sont ils pas en accès libre ? Bonne question. Je ne vois pas bien un chercheur partir avec le classeur …..
J’ai donc étudié avec attention les deux microfilms concernant Alger . J’ai pu ainsi identifier sur la quarantaine de jeunes hommes susceptibles d’avoir été recensés l’année de leurs vingts ans, 19 personnes. Pour les autres, dont une grande partie sont vivants au delà de leurs 20 printemps, il est raisonnable de penser qu’ils n’avaient pas la nationalité française. Il faudra que j’établisse leur ligne de vie parallèlement aux différents décrets concernant la nationalité des ressortissants étrangers de l’Algérie pour en avoir la certitude.
Les microfilms des recensements proprement dits ne sont pas en libre accès, pour une raison qui m’étonne encore plus que la non mise à disposition des classeurs, puisque c’est bien évidemment une ressource très fréquemment demandée. Il m’a donc fallu commander mes microfilms deux par deux, à heure fixe, tout cela pour à chaque fois consulter une fiche trouvée en quelques minutes, lue et photographiée. Je n’ai donc eu le temps de voir les fiches de recensement militaire que de 5 personnes sur les 19 identifiées, alors que j’ai perdu facilement 3 heures à attendre des documents parce que je n’avais pas bien anticipé mes demandes ….. Défaut certain d’organisation, je m’y prendrai mieux la prochaine fois.
J’ai malgré tout trouvé la fiche matricule de François Jules César, soutien de famille et mort pour la France, et celle de son jeune frère Charles Risse , de la classe 1917, appelé à 18 ans. Je suis en train à partir de ses fiches d’essayer de retracer avec bien du mal leur parcours militaire.
Je n’ai pas découvert de scoop fondamental, qui justifie à lui seul mon séjour à Aix, mais je suis satisfaite du résultat obtenu. J’ai commencé à apprivoiser un fonds très particulier, qui ne s’approche pas de la même façon que ceux des archives départementales, et le temps passé à comprendre son fonctionnement, je le considère comme un investissement pour mes recherches futures.
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