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Les compoix du Languedoc

Ecrit par

Brigitte Billard

Publié le

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J’ai prévu en juin 2015 de vous parler d’un couple de mes ancêtres, au tournant du 19ème siècle, à Oupia, tout petit village du Minervois, actuellement dans l’Hérault, mais à quelques kilomètres de l’Aude. Le couple porte le patronyme de Frances – une déformation de François, l’origine du patronyme n’est pas vraiment un mystère. Lors de ma première « découverte » de ce couple, en octobre 2013, après la mise en ligne des archives de l’Aude, je n’étais remontée que jusqu’aux parents du couple, sans approfondir mes recherches.

L’intérêt pour moi de participer cette année au challenge AZ est qu’il me donne une raison de me pencher vraiment sur certaines branches, d’y passer du temps, de reconstituer des fratries, de remonter un lignage, et de découvrir de nouvelles sources.

Lorsque j’ai choisi de parler d’Antoine Frances et de Marianne Frances, c’était l’occasion de remonter leurs origines et de chercher si oui ou non ils étaient apparentés. Après tout, un même patronyme dans un village de 300 âmes, les probabilités sont importantes.

Le souci c’est que les archives d’Oupia ne remontent qu’à 1713, avant c’est le grand désert ….. Et en 1713, toujours pas d’ancêtre commun à mon couple …

A la recherche d’autres pistes, au cas où, qui sait, j’ai lancé dans l’interface des archives de l’Hérault une recherche sur la localité d’Oupia.

AD34 Pierres Vives
AD34 Pierres Vives

Pas de notaires à l’horizon, je m’y attendais, mais une source dont j’avais entendu parler, sans l’avoir encore testée, les compoix.

Il était temps d’en savoir plus.

Les archives de l’Hérault expliquent clairement de quoi il s’agit :

Document emblématique du Sud de la France, pays de « taille réelle » ( où l’imposition portait sur les biens), le compoix d’une communauté contient, sous le nom de chaque propriétaire et par articles séparés, la description de toutes les possessions, leur contenance, leurs confronts, leur nature, leur qualité et leur estimation. …. Le compoix permettait de répartir sur la communauté la part qu’elle devait supporter dans la taille royale du diocèse, additionnée du montant de ses propres dépenses. »

 

C’est donc un document fiscal nominatif, et que les archives de l’Hérault ont totalement numérisé et mis en ligne, un vrai trésor. Restait à savoir ce que je pouvais en tirer ….

Sont numérisés pour Oupia les archives suivantes :

  • Usuel du compoix de 1604 –  Copie du compoix d’Oupia, fait en l’année 1604, comprenant une table, une rubrique alphabétique et des mutations de propriétés de 1604 à 1724
  • Matrice du compoix de 1720 – Compoix du lieu d’Oupia, diocèse de Saint-Ponts-de-Thomières, de l’année 1720 – Comprenant une rubrique alphabétique et en fin de volume « adaptation des plans de la terre d’Oupia sur le compoix de 1604, les plans ont été levés dans le mois de janvier 1721 »
  • Matrice du compoix de 1774
  • Usuel du compoix de 1774
  • Brevette du compoix de 1786
  • Oupia – Matrice du compoix. Copie de 1784. 1768-1769

En voyant une copie d’un document de 1604, soit très antérieur au début des registres du lieu, j’ai sauté de joie. Quand en plus j’ai vu le document, recopié vers 1724 par un tabellion à la très belle et très lisible écriture, j’étais ravie. Allais je retrouver des indices sur mes Frances ?

En 1604, pas de François ou de Frances dans les propriétaires soumis à la taille du lieu. Dans la marge de certains « lots », on trouve quelques mentions de François vers la fin du 17ème siècle, mais sans  date précise. Il me faudra une analyse beaucoup plus approfondie pour espérer tirer une information de ce registre qui couvre les années 1604 à 1724, mais une chose est sûre, les Frances ne sont pas originaires du village, ils y sont arrivés en gros vers la fin du 18ème siècle, ce qui me laisse espérer que je pourrai ailleurs, dans un autre registre d’une paroisse proche, trouver d’autres fils à remonter. En généalogie, ne pas trouver quelque chose dans un document, c’est déjà un indice.

J’ai indexé les compoix des années 1720 et 1774, je vous propose d’en télécharger de fichier, si vous avez vous même des ancêtres dans la région.

[wpdm_file id=22]

 

En 1720, j’ai 4 FRANCOIS dans le compoix : Antoine, Alexis, Jean et Pierre.

A priori, Antoine François doit être Antoine Frances, maitre laboureur, né vers 1659, époux de Catherine Jalbert, mort le 11 mai 1739 à Oupia. Il est l’arrière arrière grand père de Jean Antoine Prosper Frances, mon ancêtre, l’Antoine qui épouse Marianne Frances en 1813.

oupia_2

 

Alexis Frances, né vers 1687, mort en 1732 à Oupia,  est probablement le mari de Marquise  Frances, une des filles d’Antoine Frances susnommé. Je n’ai pas pu remonter pour l’instant ses origines, il me faudrait le contrat de mariage pour savoir d’où il vient. Fait il partie de la famille de Marianne Frances ? Pour l’instant, mystère …

oupia_3

 

Pour Jean Frances, je suis plus perplexe …. Je suppose qu’il pourrait s’agir de mon ancêtre Jean Frances, époux de Françoise Mouly, arrière arrière grand père de Marianne Frances, objet de mon étude. Mais le Jean en question pourrait être décédé le 17 décembre 1719, même si l’acte de sépulture extrêmement succinct ne me permet pas de certitude. Or s’il est mort en 1719, dans le compoix de 1720, ses biens devraient être soit répartis sur ses enfants, soit si la succession n’est pas réglée être indiqués comme les biens des heirs de Jean Frances . J’ai trouvé d’autres mentions de ce type. Mon problème vient de ce que je n’ai pas identifié pour l’instant d’autre Jean Frances susceptible d’être le chef de famille – et donc le redevable de la taxe sur ses possessions. Ceci étant, je n’ai pas encore réussi à affecter d’autre enfant au couple de Jean Frances et Françoise Mouly que leur fils Pierre … S’ils avaient un fils Jean, c’est à lui que j’attribuerais les possessions en objet. Quant au Alexis nommé ci dessus, j’ai tendance à penser qu’il est le fils de Jean et François Mouly, mais rien dans son acte de sépulture ne permet de le prouver … Voici néanmoins la descendance reconstituée à ce jour du Jean Frances, laboureur, époux de Françoise Mouly.

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Dernière incertitude, Pierre Frances. Il pourrait être le fils de Jean Frances et Françoise Mouly, et donc l’arrière grand père de Marianne, auquel cas le Jean Frances mentionné dans le compoix n’est pas son père. Si ce n’est lui, j’ai également un problème d’identification …. Avec ces ancêtres qui portent tous le même prénom, et dont parfois le prénom de baptême n’est pas le prénom usuel, il est parfois difficile de s’y retrouver.

 

Néanmoins, malgré toutes les incertitudes que je n’ai pas encore levées, je crois pouvoir avancer qu’à travers tout le 18ème siècle à Oupia, il y a deux lignées Frances, et que de chacune d’elle descend un de mes ancêtres. Il est possible qu’il y ait déjà eu une alliance entre les deux lignées, quand Alexis Frances a épousé Marquise Frances, vers 1720 probablement. Si cette union a eu lieu, alors mon hypothèse préférée, celle dans laquelle Jean Frances époux de Françoise Mouly serait le frère d’Antoine Frances tombe à l’eau. Il est impossible que des cousins germains puissent se marier en 1720, sauf dispense du pape ….. En l’occurence, c’est totalement impensable. Pour qu’Alexis et Marquise puissent se marier en ayant des ancêtres communs, il faudrait que leurs parents, à savoir Jean et Antoine, soient cousins germains …. Ce qui me conduirait à une origine commune dans la première moitié du 17ème siècle quelque part dans le Minervois.

Je n’ai pas dit mon dernier mot, mais dans l’état actuel des choses, tant que je ne suis pas allée à Montpellier et Carcassonne farfouiller dans les archives notariales, je vais renoncer à trouver une origine commune à Antoine Frances et son épouse Marianne. Si cette ascendance commune existe, elle est perdue dans la nuit des temps, et eux même n’en n’avaient pas connaissance.

Sources et liens
  • Pierres Vives – AD34 – Compoix

4 réponses à “Les compoix du Languedoc”

  1. Merci Brigitte de me faire découvrir un nouveau type de document qui permet d’en savoir plus sur nos ancêtres !

  2. Voila un nouvel exemple des sources quasi infinies disponibles aux AD. Quelle richesse historique. Et quand en plus, on y retrouve ses propres ancêtres, c’est magique.

  3. Tu as eu la bonne idée de fouiller dans les archives du département voisin et de ne pas t’en tenir aux simples actes d’état civil. On a tendance à oublier que les archives mettent régulièrement en ligne de nouveaux documents et qu’il ne faut pas hésiter à aller voir, même sans savoir ce qu’on peut y trouver. Merci pour cet exemple, de surcroît très intéressant (je n’avais jamais entendu parler des compoix !)…

    1. Brigitte

      merci Nicole
      j’avais entendu parler des terriers, des compoix, mais ca ne correspondait à rien de précis pour moi. J’ai été ébahie, j’y reviendrai plus tard, il y a une description tellement précise des terres qu’on a presque l’impression de se promener dans le paysage. Et j’ai une grande habitude d’ancêtres dont le terroir d’origine a été découpé administrativement sur deux départements, j’ai appris à jongler, dommage que les ressources soient si disparates entre les départements

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