Lisez ici la première partie de cette enquête généalogique.
Je vous y ai expliqué comment j’ai pu reconstituer une première ébauche de l’arbre londonien du grand-père de ma tante, Albert George Brooker.
Pour aller plus loin, j’ai commandé trois certificats auprès du General Register Office :
- Le certificat de naissance d’Albert George Brooker, pour vérifier les informations indiquées sur son acte de mariage
- Le certificat de décès d’Albert George Brooker senior
- Le certificat de mariage des parents, Albert George Brooker senior et Jane Ann Farrell, pour avoir des informations sur leurs dates et lieux de naissance, et le nom de leurs parents
Mi juin, les résultats sont arrivés dans ma boite mail.
Certificat de naissance
Le certificat de naissance d’Albert George Junior est conforme à ce que je savais déjà.
Albert George est né le 14 juillet 1890 au 56 Gloucester Street, dans le district d’Holborn, et le sous district de St George the martyr, à Londres. Son père est Albert George Brooker, dont la profession est alors « porter at club » – porteur dans un club ? – et dont la mère est Jane Ann Brooker, auparavant Farrell, autrement dit Jane Ann Farrell épouse Brooker. Le certificat porte le numéro 92 et la déclaration de la naissance a été faite par la mère le 25 août 1890, soit plus de cinq semaines après la naissance. Ne soyez pas étonné, au Royaume Uni les parents ont jusqu’à six semaines pour déclarer la naissance de leur nouveau-né et lui attribuer un prénom.
J’avais entre temps mis la main sur le site Ancestry sur la mention du baptême d’Albert George dans l’église St John the Evangelist du district d’Holborn le 10 août 1890, soit deux semaines avant sa déclaration à l’état civil. Le certificat de baptême est encore plus lapidaire, et ne mentionne même pas les parrain et marraine éventuels.
A défaut de me donner des informations nouvelles, le certificat de naissance reçu a du moins confirmé les informations indiquées sur l’acte de mariage, établi en France en 1911.
Certificat de décès
J’ai reçu le même jour ce que j’espérais être le certificat de décès d’Albert George Brooker senior, selon une information de date trouvée sur un arbre en ligne sur Ancestry.
C’est à la lecture de ce certificat que j’ai commencé à admettre que ma recherche allait être compliquée. Il n’y a pas grand chose comme information nouvelle sur ce document.
Le certificat porte le numéro 446, établi dans le district de St Pancras, sous district de Grays Inn Lane, à Londres. Il était indiqué qu’Albert Georges, âgé de 40 ans, palefrenier, était mort le 11 mars 1903 au 159a Grays Inn Road, des suites d’une tuberculose, selon un certificat d’un certain J. Brunton – le médecin j’imagine. Le décès était déclaré le même jour, 11 mars 1903, par J.A. Brooker, demeurant 159 Grays Inn Road, indiquée comme mère.
Par rapport aux informations trouvées dans le recensement de 1901, qui indiquait que la famille habitait 91 Cromer Street, dans le district de St Pancras, seule l’adresse semble nouvelle. En avril 1901, Albert George était déjà palefrenier, et avait 38 ans. L’acte de décès précise la cause du décès, la tuberculose qui fait des ravages à cette époque. Quant à l’anomalie indiquant que Jane Ann Brooker serait la mère, et non l’épouse du mort, je n’y prête pas plus d’attention, c’est visiblement juste une erreur.
En revanche, je constate que toutes les informations importantes qu’on trouve sur un acte de décès français ne figurent pas dans le certificat. Nous n’y trouvons ni le nom des parents, ni le lieu de la naissance, deux éléments pourtant indispensables pour continuer notre recherche.
Tout au plus puis je confirmer grâce à ce certificat mon calcul, fait auparavant avec les recensements de 1891 et 1901, que Albert George père est né vers 1863. Le certificat ne donne pas d’autre information, mais les recensements mentionnaient une naissance à Londres, dans le quartier d’Highgate.
Certificat de mariage
Peut être vous souvenez vous que j’avais trouvé dans les registres paroissiaux la mention du mariage d’Albert George et Jane Ann.
Il n’y avait pas grand chose comme renseignement sur ce document, et j’ai donc commandé le certificat de l’état civil, reçu par la poste un peu après – J’avais omis de cocher la case pour obtenir une version pdf.
Voici le certificat que j’ai reçu.
Oui, vous lisez bien, ce que j’ai reçu après avoir payé 11 GBP – parce que je n’avais pas coché la bonne case – c’est exactement la même chose que le certificat issu d’un registre paroissial que j’avais trouvé en ligne. Il n’y a rien d’autre dans les archives quand on commande un certificat auprès du General Register Office que ce qu’on trouve quand on a de la chance dans les registres paroissiaux en ligne. Et non, l’état civil n’est pas plus complet, ni différent, de ce qui se trouve dans les registres paroissiaux, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas deux mariages en Angleterre : un à la mairie, générant un acte d’état civil, l’autre à l’église, générant un acte dans un registre paroissial. Il y a une seule cérémonie, qui donne lieu à un seul acte, dans lequel soyons honnête il n’y a pas grand chose comme information utile pour le généalogiste.
Seule la mention du père, le fait qu’il soit encore vivant ou non, et sa profession au moment du mariage – ou de son décès – vont pouvoir être utilisés.
Et ensuite ?
Dans une recherche généalogique en France, une fois reçu l’acte de mariage – notez la différence de vocabulaire, un « acte de mariage » en France, un « certificat » en Angleterre -, j’aurais utilisé les éléments concernant la naissance des époux – lieu, date, parents – pour aller plus loin.
Fin de mes « grandes espérances » et retour dans le Londres de Dickens version Zola. Je vais devoir aller au charbon, utiliser mon cerveau et éplucher les données heureusement largement indexées des sites payants en ligne.
Je commence par une petite mise à jour de mon graphique, j’ai beau tenir à jour les progrès de mon arbre aussi bien sur Heredis, mon logiciel de généalogie, que sur un arbre dédié chez Ancestry, une visualisation de ce que je connais et des sources d’où j’ai récupéré l’information peut m’aider.
Je vais dans un premier temps laisser de côté l’ascendance de Jane Ann Farrell. Elle est dite née à Weymouth, charmante ville de garnison sur la côte sud, dans le Dorset. Pour l’instant je me consacre à Londres.
Inutile aussi de chercher à en savoir plus sur les frères et soeurs d’Albert George Brooker fils. A ce stade de mes recherches, retrouver leurs actes de naissance, mariage ou décès ne m’apprendrait pas grand chose sur la vie de leurs parents.
Comment faire alors pour retrouver la naissance / le baptême d’Albert George Brooker père, né selon les recensements à Highgate, vers 1863, d’un père possiblement prénommé William, et qui exerçait la profession de plâtrier?
Ma première étape consiste à en savoir plus sur Highgate, pour savoir où chercher.
Sur le Wiki de FamilySearch, je trouve une page assez complète sur Highgate, Middlesex Genealogy.
J’y lis que les images des baptêmes entre 1813 et 1906 sont en ligne sur Ancestry et indexés sur Findmypast – pour lequel je n’ai pas d’abonnement et Ancestry. Mais il est probablement possible d’accéder à l’index via le site FreeBMD.
Les recherches que je lance sur FreeBMD, pour les naissances avec le nom de Brooker, dans le county du Middlesex et les districts d’Holborn ou du Pancras, ne donnent rien de probant.
Je tente une recherche sur le site d’Ancestry, à partir des éléments que je connais.
Ancestry me propose 133 réponses, parce que je suis restée assez large dans mes recherches. Je peux trier mes réponses pour ne garder que celles concernant Londres, et sur les cinq années autour de 1863 uniquement. La liste est un peu plus courte, et j’y trouve trois George Albert/Albert George Brooker entre 1862 et 1867, dans les districts d’Islington et Marylebone ….
Alors, Islington, Marylebone ou ailleurs ?
Et surtout, quelle paroisse ? Le lien vers Ancestry à partir du Wiki FamilySearch m’envoie bien vers un ensemble de registres paroissiaux de Londres, entre 1813 et 1917. Si je consulte dans Middlesex, je n’y trouve qu’une seule paroisse, St Mary, Sunbury on Thames, et personne avec le nom que je cherche vers 1863. Exit le Middlesex. Mais où alors ?
Il y a un grand nombre de paroisses à Islington …. j’avoue que je suis un peu perdue. Et l’indexation du registre sur Ancestry ne me renvoie aucun des noms repérés dans l’index civil.
De façon totalement non scientique, j’ai choisi de conserver l’ordre des prénoms du certificat de mariage, et l’année la plus proche de mon calcul, à savoir Albert George Brooker, année 1862, Juillet-Aout-Septembre, à Marylebone ….. et j’ai commandé le certificat, puisque je n’arrive pas à trouver dans quelle paroisse pourrait bien avoir été baptisé l’enfant …. Si je ne tombe pas sur le bon certificat, j’aviserai ….
Parfois, la chance est du côté du généalogiste.
Je reçois assez rapidement le certificat commandé, concernant Albert George Brooker, né au 3e trimestre 1862 dans le district de Marylebone à Londres.
L’acte 433 établit que le 18 juin 1862, au 10 Bentinck Court, est né Albert George, fils de James Brooker, plâtrier et journalier, et de Harriet Brooker veuve Lockyer née Hinves, sur la déclaration de la mère, faite le 22 juillet 1862.
Alors, est ce le bon certificat ?
Le prénom du père est différent. James dans le certificat de naissance, William dans le certificat de mariage. Mais dans les deux cas, le père est plâtrier, ce qui n’est pas forcément le métier le plus commun.
Comment puis je être sûre que j’ai bien retrouvé le bon certificat, avec aussi peu d’informations? Mon intuition, basée sur le seul métier du père, est elle suffisante? Mais comment diable font les généalogistes anglais ?
Je sais d’après le certificat de mariage d’Albert George que son père est mort avant son mariage en 1890. Si je retrouve le décès d’un certain William/James Brooker, plâtrier, mort avant 1890, j’aurai un élément de plus pour corroborer mon hypothèse.
Je commence par chercher dans les recensements de Londres un certain James /William Brooker pouvant correspondre à mon profil de recherche.
Je trouve la famille Brooker dans le recensement de 1871 à Islington.
La première page du district indique que tout le registre a été recensé dans le district paroissial de St Mary The Less. Il précise aussi que ce sont les numéro impairs 95 à 147, soit 27 maisons, qui ont été recensées dans la Tottenham Road.
C’est précisément au 131 Tottenham Road, dans une seule pièce, que vit la famille de James – pas William, James – Brooker, marié, 41 ans, plâtrier, né à Marylebone Middlesex avec Harriet Brooker, son épouse, 39 ans, née au même endroit, leur fille Annie, 12 ans, et leur fils Georges, 8 ans.
George …. comme Albert George, qui serait né vers 1863 à Marylebone.
Le seul élément totalement probant reste la profession du père de famille.
Je ne retrouve le couple en tant que tel ni en 1861, ni en 1881.
En revanche, je trouve en 1861 un extrait de recensement, à Marylebone, qui m’interpelle.
District de St Marylebone, St John, district 11. Numero de relevé 324, dans une seule pièce (?) je trouve semble t’il deux familles : George et Elisa Hussey et leurs enfants, et James Broker, chef de famille, veuf, 35 ans, plâtrier, et ses deux fils Edward 11 ans et William 7 ans.
Broker, pas Brooker je sais, mais plâtrier ..
Et au numéro 325, donc a priori dans la maison juste à côté, une certaine Harriet Lockyer, veuve, 28 ans, repasseuse, avec ses deux filles, Emily 7 ans et Annie 2 ans ….
Lockyer – comme le nom de veuve de la mère d’Albert James Brooker, fils de James Brooker, plâtrier ….
La coïncidence m’interpelle ….. N’est ce qu’une coincidence ? S’il s’agit bien des parents d’Albert George avant sa naissance, ils ont dû se marier entre la date du recensement de 1861 et la naissance de l’enfant …. ou pas ?
Je ne retrouve pas le couple dans le recensement de 1881.
En revanche, en 1881, je trouve des références possibles pour Albert George et pour sa soeur ainée Annie. Mais est ce vraiment sa soeur ainée ?
Une Annie Brooker de 21 ans apparait comme domestique chez John Brisley, dans le quartier de Newington.
Un certain Albert Brooker , âgé de 18 ans, porteur, domestique, né à Pancras, apparait dans le recensement de Tottenham Court.
Pourrait il s’agir du frère et de la soeur? Leurs parents seraient ils décédés, les laissant orphelins et domestiques ?
Vous les voyez s’accumuler les hypothèses ? Pour un généalogiste français, ca commence à faire beaucoup.
A suivre ….
Comment établir une généalogie sourcée quand à toutes les étapes on se heurte à des documents parcellaires ? Peut on avancer uniquement sur des hypothèses, qui se recroisent suffisamment pour établir un faisceau de preuves ?
J’ai relevé lors de mon parcours quelques actes à commander auprès du GRO – dont je suis persuadée que je trouverai l’équivalent dans les registres paroissiaux, une fois que je saurai où chercher. J’ai peut-être une piste pour le dècès de Harriett – dont j’espère que le nom du dernier époux serait indiqué – ainsi que pour le décès de Jane Ann Farrell.
Je voudrais trouver un élément vraiment probant concernant Harriett – en plus de l’acte de naissance de son fils Albert George. J’ai pu retrouver son certificat de mariage – son premier mariage – avec un certain Charles Lockyer, fabricant de battes de cricket, le 1er janvier 1852, à Paddington. J’ai aussi retrouvé son acte de naissance, le 27 mars 1829 à Marylebone, et le nom de ses parents, Thimothy Hinves, plâtrier, et Keziah Hinves. Mais j’aimerais trouver son mariage avec James/William Broker/Brooker pour confirmer cette branche.
Pour l’instant, l’arbre grandit doucement, mais qu’il est frustrant de se heurter à autant d’incertitudes à chaque étape.
Quand on se heurte à tellement d’hypothèses à chaque étape, je comprends qu’on soit tenté de valider ses recherches par des analyses ADN, bien plus que quand on fait des recherches en France.
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